vendredi 24 septembre 2021

LE DERNIER SOURIRE

 

LE DERNIER SOURIRE


Version française – LE DERNIER SOURIRE – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson italienne – Ultima risataAlessio Lega2021


Paroles et musique : Alessio Lega
Video : Raffaele Rago

TG Suite – La Cronaca Cantata, bando « Open City 2021"
Comune di Scandicci



LA MORT

D’après Paul Kidby – 2014


Dédiée au comique afghan Khasha Zwan.



Dialogue maïeutique


Je vais commencer notre petit dialogue maïeutique, autant dire « accoucheur de pensée » par une citation, dont je laisserai à chacun le soin de l’interpréter par rapport à l’assassinat qu’évoque la chanson. Pour ta gouverne, je rappelle que fin juillet 2021, le citoyen afghan Fazal Mohammad, mieux connu par ses fans sous le nom de « Khasha Zwan », était assassiné par les talibans. C’était un humoriste, un comique, un homme plein d’ironie et de rire et comme pour les amis de Charlie-hebdo, c’était ce que lui reprochaient fondamentalement les talibans.


Ah, dit Lucien l’âne, ces talibans, ce sont des bouchers.


Tu ne crois pas si bien dire, Lucien l’âne mon ami. Voici maintenant ma citation, elle fut écrite en 1937 par Jacques Prévert, pour le dialogue d’un film intitulé Drôle de Drame.


Pour un drôle de drame, c’est un drôle de drame. Avec tout ce qui se passe en Afghanistan, c’est le cas de le dire, dit Lucien l’âne.


Donc, reprend Marco Valdo M.I., la citation – c’est William Kramps, le tueur de bouchers qui parle :


« Vous comprenez : moi, dans le fond, ça m’arrange de tuer les bouchers parce que – de ma nature, je suis plutôt sensible ; je n’ai jamais fait de mal à une mouche. J’aime bien les bêtes, j’ai une passion pour les animaux tandis que les bouchers, eux, ils les tuent les animaux. Alors moi, je tue les bouchers. Et puis, je leur prends leur argent aux bouchers, puisqu’ils tuent les animaux et que moi, je les aime les animaux, je n’ai pas de remords, vous comprenez. Un peu d’argent, un boucher de temps en temps, un peu de soleil et un peu d’amour. »


Si j’ai bonne mémoire, dit Lucien l’âne, l’acteur qui joue le rôle de William Kramps est Jean-Louis Barrault. Et bien évidemment, je vois très clairement qui sont les bouchers quand il s’agit d’imposer la religion. Et j’en sais quelque chose, moi qui parcours le monde depuis la plus haute Antiquité ; j’ai toujours vu les massacres et les exactions perpétrées au nom des religions, des croyances, des dogmes et autres hallucinations.


C’est bien Jean-Louis Barrault - Jean-Louis Barrault qui dit Moi, je tue les bouchers. Tout ça, dit Marco Valdo M.I., c’était pour introduire la chanson d’Alessio Lega et la version française que je viens de finir. Là aussi, il convient d’interpréter et de réfléchir doublement. Cela dit, il est possible que la version française soit légèrement décalée par rapport à la chanson italienne ; mais c’est le cas de quasiment toutes les versions. Celle-ci est assez fidèle cependant.


À voir le nombre de chansons d’Alessio Lega que nous avons déjà vues ici, il n’y a pas à s’y tromper ; nous on doit partager une certaine vision des choses avec lui. Cela dit, la chanson, que dit-elle ?, demande Lucien l’âne. En substance.


Elle se présente comme une mise en scène, répond Marco Valdo M.I. ; comme la mise en scène de la dernière scène d’un artiste comique, conscient de ce qui l’attend. Lue ainsi, la première strophe est terrible :


« Comme c’est la fin bientôt

De ce spectacle bien minuté,

Avant de vous quitter

Et de disparaître derrière le rideau ».


Effectivement, dit Lucien l’âne. Tout est dit ou presque.


La fin aussi, Lucien l’âne mon ami, est grande d’effroi et glaçante. La mort, en burqa, vient chercher l’artiste et derrière son paravent, la dame en noir sourit. Enfin, l’acteur aime à le penser.


« Elle a fait un seul signe de tête encor

Elle a dit “Hop là” et j’étais déjà mort.

Ici, les femmes ont un visage secret

Pourtant, j’ai cru qu’elle me souriait.


Mais de ses yeux, j’aurais dit

Qu’elle me sourit. »


Si je comprends bien, dit Lucien l’âne, entre ces deux strophes, il y a le reste de la chanson.


Exactement, enchaîne Marco Valdo M.I., et comme il en va d’ordinaire ici, on le laissera dans l’ombre afin que chacun puisse en faire sa religion.


Très drôle, dit Lucien l’âne, ce « en faire sa religion » ; un paradoxe comique pour nous qui somme athées, anticléricaux et obstinément irréligieux ; le tout, par souci de liberté. En ce qui concerne d’ailleurs, ça fait des siècles que je fuis à travers le monde ceux qui voudraient me contraindre à leurs pratiques. Dès lors, tissons le linceul de ce vieux monde croyant, crédule, religieux, oppressant et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Comme c’est la fin bientôt

De ce spectacle bien minuté,

Avant de vous quitter

Et de disparaître derrière le rideau,


Je voudrais remercier déjà

Tous les acteurs de ce gala.

On se reverra, si on ne meurt pas ;

Si de rire, vous ne mourez pas


Avant
mon dernier rire, avant.


Pour l’heure, en bas, une voiture m’attend

Avec quatre types barbus et armés.

Ils friment, mais ce sont des gens pressés.

Qui sait si les bourreaux sont payés à présent ?


Quelle belle escorte ! Quelle grande finale !

Pour un comédien afghan inconnu.

Ma vidéo devient virale,

Moi, je suis n’y suis déjà plus.


Sur vos écrans, je suis parti depuis longtemps.


Plus généralement, grâce aux Talibans

Avec leurs fusils tordus ?

Le monde entier s’en fout complètement,

Mais quelqu’un les leur a vendus


Avec trois grenades, ils font une friture

D’un aéroport et deux bouddhas.

Je pense à Mahomet, le pauvre gars

Avec ses fanatiques, de vraies ordures.


Qui sait s’il condamne ces ordures ?


Et je remercie aussi les Américains

Qui sont partis d’ici avant-hier ;

Depuis vingt ans, nous attendons le lendemain

Dans la paix des cimetières.


Comme un cadeau, ils nous ont envoyé

Leur belle démocratie si renommée

Emballée comme la théière de leur mémé,

Toute neuve, on dirait qu’elle n’a jamais été utilisée.


Tellement neuve, on ne l’a jamais utilisée.


Grâce à la mort sous burqa, quelle finale !

Pour me trancher la gorge, elle était devant moi :

J’ai dit : « Attention à la lame – elle est sale ».

Je n’ai pu dire que ça, car le temps avait fui déjà.


Elle a fait un seul signe de tête encor

Elle a dit “Hop là” et j’étais déjà mort.

Ici, les femmes ont un visage secret

Pourtant, j’ai cru qu’elle me souriait.


Mais de ses yeux, j’aurais dit

Qu’elle me sourit.