vendredi 26 octobre 2018

La Prise de Gorcum


La Prise de Gorcum


Chanson française – La Prise de Gorcum – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
102
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, VII)



La Prise de Gorcum

Chanson française – La Prise de Gorcum – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
102
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, VII)



Dialogue Maïeutique

Bon sang de bonsoir, mais que vient faire ici ce Gorcum, demande Lucien l’âne et qui a bien pu le prendre ?

Oh, Lucien l’âne mon ami, que voilà un bel effet de rhétorique, car je ne peux pas imaginer que tu ne saches pas que ce Gorcum, comme tu dis, n’est autre que l’actuelle ville néerlandaise de Gorinchem, petite cité à présent millénaire, qui se situe quelque part en Hollande méridionale, au bord d’une de ces voies d’eau qui servent de delta à la Meuse et au Rhin. À l’époque de Till, au cœur de la petite ville on trouvait une citadelle et une grande église ; c’était une place-forte. Il s’agissait de contrôler la circulation sur le fleuve et l’accès à l’intérieur des terres et le passage vers la mer, qui étaient les sources de richesse de ces gens industrieux, très doués pour le commerce.

Certes, Marco Valdo M.I., je n’ignore pas vraiment ce qu’était Gorcum, mais il me plaisait de t’entendre l’expliquer. Cela dit, on ne sait toujours pas qui a pris Gorcum, ni en quoi cela concerne-t-il notre ami Till.

Eh bien, Lucien l’âne mon ami, notre ami Till et notre ami Lamme, comme tu t’en rappelles certainement, ont rejoint les Gueux des Mers et Till sert efficacement comme artilleur, tandis que Lamme comme toujours cherche sa femme. Après la prise de Brielle, la flottille de flibots de Trèslong poursuit son expédition et arrive ainsi à Gorcum, ville à laquelle les Gueux proposent la capitulation. Sachant que les habitants n’ont pas très envie de se battre pour le compte du Roi d’Espagne et moins encore pour les Espagnols, dont en vérité, ils n’ont que faire, un accord est vite trouvé et appliqué, dans lequel il est entendu que quiconque voudrait quitter la ville pourrait s’en aller librement.

Voilà qui est fort bien, dit Lucien l’âne ; si toutes les libérations pouvaient se passer ainsi…

En effet, dit Marco M.I., cependant, il y a un mais. L’accord est globalement appliqué à l’exception toutefois de quelques moines et religieux catholiques qui sont retenus prisonniers. Cette circonstance va ulcérer Till pour qui un accord est un accord, une parole est une parole, un pas vers la libération et la paix est chose sacrée et pour qui il convient de préserver le futur, quand les Espagnols chassés et l’Inquisition muselée et abolie, il faudra revivre ensemble entre gens du pays.

Oh, conclut Lucien l’âne, Till se révèle fin politique outre qu’homme honnête et de parole. Quant à nous, il nous faut tisser le linceul de ce monde où des nations corrompues par des bateleurs de foire se mentent à qui mieux mieux, un monde incapable d’assurer sa propre existence, flagorneur, tricheur, médiocre et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Qui bat la caisse entend le tambour !
Sur leurs cogues, sur les canaux et sur la mer,
Les Gueux vont vêtus de velours,
Pourchasser l’Espagnol avec leurs buses de fer.

Grand expert canonnier, au matin tôt,
Till chante sa joie. Au soleil haut,
Il pointe, tire et troue comme le beurre
Les lourdes barcasses des envahisseurs.

Les Gueux prennent Gorcum par capitulation.
En échange, il est accordé sauf-conduit
À tout qui, de la ville ou de la garnison,
Veut quitter librement le pays.

Marin, le capitaine, l’a formellement promis,
Mais il retient dix-neuf moines au fort.
« Parole de soldat doit être parole d’or,
Dit Till, et ce n’est pas le cas ainsi. »

« Oh, ce sont les moines, la lèpre des nations.
Ils ont porté en ville feux, misères et punitions,
Dit un vieux Gueux ; ils sont la terreur des familles,
Devant leur ostensoir, ils font agenouiller les filles.

Si on les laisse, ils iront avec leurs frères
Dans les villages prêcher le populaire
Contre nous et par leurs harangues de mort,
Faire brûler d’autres gens encore.

Qui donc, par excommunication,
A mis les Pays au ban des nations ?
Qui arma contre nous ciel et terre ?
Qui de sang a noyé la terre des pères ? »

Par Charles Quint, premier bourreau,
Par Philippe, son fils, second bourreau,
Chez nous, plus de cent mille périrent ;
De chez nous, plus encore partirent. »

Till dit : « La libre conscience est notre trésor
Et le prince de liberté a parole d’or.
De celui qui se rend sans détour,
On respecte la personne toujours.

Demain, sans l’Espagnol, seront nos journées.
En confiance, il nous faudra revivre alors.
Paroles de paix sont paroles d’or ;
Promesses de paix sont choses sacrées. »