BLANC ET NOIR (version blanche)
Version
française – BLANC ET NOIR
(version blanche)
– Marco Valdo M.I. –
2020
Chanson
italienne –
Bianco e nero – Quartetto
Cetra – 1961
Dialogue
Maïeutique
Comment
ça, Marco Valdo M.I. mon ami, une version blanche ? Qu’est-ce
que ça signifie ? Il y aurait une version noire ? Et puis,
que raconte cette chanson Blanc et Noir ?
Ah,
mon ami Lucien l’âne, je m’en vais te dépêtrer
ça tout de suite. D’abord, pour répondre à ta question, c’est
une
chanson qui raconte l’histoire de deux enfants – un blanc et un
noir – qui jouent ensemble
du jazz à la Nouvelle-Orléans – censément la capitale originelle
du jazz. Au départ, c’est une chanson italienne du Quartetto
Cetra, un ensemble vocal
que nous avons déjà rencontré dans le passé, dont nous avons mis
en français notamment Le
Testament du Taureau, Le
Chameau et le Dromadaire et L’Homme,
la Femme et la Fleur.
Oui,
dit Lucien l’âne, et même aussi mis en français des chansons
d’Anton Virgilio Savona, pivot du groupe, dont particulièrement,
Le
Testament du Curé Meslier, cet homme qui était curé le jour et
athée la nuit, c’est-à-dire un de ces athées cachés que créent
par leur intolérance les religions et les religieux, car, vois-tu,
moi qui ai traversé le monde et les siècles de mes petits pas
d’âne, j’ai vu tant de fois tant de gens contraints et forcés
de se dire, de se montrer croyants afin de pouvoir vivre leur vie en
paix. Tous n’y arrivaient d’ailleurs pas, car comme toujours sous
le régime de la peur et de la domination – in nomine domini, on
voit fleurir la dénonciation, le cafardage et la délation. Mais
revenons à cette chanson Bianco e nero.
Donc,
je te disais, Lucien l’âne mon ami, que j’ai fait une version
française de Bianco e nero que j’ai tout naturellement intitulée
Blanc et Noir, mais chemin faisant, il m’est venu l’impression
que cette version du Quartetto Cetra de 1961 était un peu trop
douce, trop édulcorée, qu’elle était – comment dire – un peu
trop angélique et trop magique ou trop merveilleuse, qu’elle
occultait le réel. C’est ainsi que je l’ai qualifiée de
« version blanche », une version qui tendait à
camoufler, à dissimuler, à chloroformer la virulence raciste, celle
qui sévit encore aujourd’hui dans le Sud des Zétazunis, la guerre
raciale que mènent encore à présent les « suprémacistes
blancs » dans les États du Sud.
Ah,
dit Lucien l’âne, pourtant, il ne sert pas à grand-chose de
vouloir éloigner le réel, enterrer sous le mensonge la réalité,
car comme le naturel, le réel revient à la surface, comme les
cadavres ressortent toujours des glaciers.
En
effet, répond Marco Valdo M.I., c’est bien pourquoi j’en ai fait
une version plus réaliste, moins idéaliste, moins angélique ;
en somme, plus vraie, une version nettement plus revendicative, plus
réelle. Je n’en dirai pas plus, on la verra en son temps.
Certes,
dit Lucien l’âne, et je suis très intéressé à la découvrir le
plus prochainement. En attendant, tissons le linceul de ce vieux
monde raciste (encore et toujours), angélique, aveugle
(volontairement) et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Nouvelle-Orléans
Nouvelle-Orléans
Nouvelle-Orléans
Nouvelle-Orléans
Dans
les rues de la Nouvelle-Orléans,
Il
y avait deux enfants,
De
bons amis. Ils s’appelaient Noir et Blanc.
Noir
jouait de la clarinette, de la batterie jouait Blanc
Quel
succès, quelle joie avec leur jazz !
On
aurait dit les enfants du jazz.
Noir
est blanc, Blanc est noir,
Vous
ne devez jamais l’oublier !
Noir
est blanc, Blanc est noir,
Ce
sont de très bons amis, malgré
Que
l’un soit blanc et l’autre noir :
Comme
le lait et le café !
Comme
le lait et le café !
Deux
impresarios de la Nouvelle-Orléans ont voulu
Connaître
Noir et Blanc. Quand ils les ont vus,
Ils
ont dit : « Jamais ! Ça ne va pas les enfants,
Nous
ne voulons pas d’un noir en duo avec un blanc,
Nous
ne sommes pas intéressés par votre jazz !
Par
votre propre jazz. »
Noir
est blanc, Blanc est noir,
Vous
ne devez jamais l’oublier !
Noir
est blanc, Blanc est noir,
Ce
sont de très bons amis, malgré
Que
l’un soit blanc et l’autre noir :
Comme
le lait et le café !
Comme
le lait et le café !
Au
lever du soleil de la Nouvelle-Orléans,
Un
archange est apparu dans le ciel rutilant,
Il
a tendu sur le monde un grand voile de lune
Il
n’y avait plus de couleurs, plus de rancunes.
Et
les deux enfants ont remercié l’ange du jazz,
L’archange
du jazz.
Noir
est blanc, Blanc est noir,
Vous
ne devez jamais l’oublier !
Noir
est blanc, Blanc est noir,
Ce
sont de très bons amis, malgré
Que
l’un soit blanc et l’autre noir :
Comme
le lait et le café !
Comme
le lait et le café !
Et
en noir et blanc, leur duo jazzifiant
Vole
haut, dans le ciel de la Nouvelle-Orléans !