dimanche 31 mai 2015

LUCIOLES À LA FRONTIÈRE

LUCIOLES À LA FRONTIÈRE


Version française – LUCIOLES À LA FRONTIÈRE – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – Lucciole sul confineYo Yo Mundi – 1996

















C'est une chanson relative au conflit bosniaque-bosniaque, au drame de ces peuples. Une chanson de paix et de douleur. Une chanson contre la guerre.

« La guerre comme
bouleversement des rôles sociaux, religieux, ethniques et de cohabitation. Réfugiés sans plus de maison, sans plus de droits, avec un futur incertain de réfugiés à la recherche désespérée d'un Dieu auquel pouvoir avoir confiance. »
(notes de l'album)



Lucioles à la frontière même si nous nous tenons par la main,
C'est comme si nous nous sentions perdus et seuls.

Connais-tu une prière facile à se rappeler
Pour que je puisse continuer à raconter ?

Lucioles à la frontière

Et toutes vos promesses aveuglent l'espoir.
Une petite lumière volante en échange de la sueur,
De celui qui a une maison et sent les murs s'écrouler,
De celui qui ne veut pas partir et ment même à sa douleur.

Lucioles sur la frontière

Apprends-moi une prière simple à se rappeler,
Parle-moi d'un dieu en qui je peux avoir confiance.

Apprends-moi une prière facile à se rappeler,
Parle-moi d'un dieu qu'il ne faut pas prier.

Apprends-moi une prière facile à se rappeler,
Parle-moi d'un dieu qu'il ne faut pas prier.


samedi 30 mai 2015

LA SOLITUDE DE L'ABEILLE




LA SOLITUDE DE L'ABEILLE

Version française – LA SOLITUDE DE L'ABEILLE – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – La solitudine dell'ape Yo Yo Mundi – 2008
Auteurs : Paolo E. Archetti Maestri - Alessio Lega





C'est l'histoire de l'abeille ouvrière





Rouge comme l'orange écrasée sur le mur
Assortie à l'idée
Solitaire et pourpre
Parfois tu entrevois le futur :
Seules dans la marée
Une étoile traîne
Et une abeille qui tâtonne
Sa ruche est une maison lointaine
Qu' un vent malveillant
A couvert de son désherbant
Des usines
Données à l'ennemi
De ces belles villes
C'est la solitude de l'abeille
Qui maudit son âge
C'est une habitude qui ouvre
Pour la vie des bribes de honte
C'est l'histoire de l'abeille ouvrière
Qui les ailes brûlées
Pleure la solitude
Qui nous rend égaux
Tant qu'on peut parler d'unité.



UN SURVIVANT DE VARSOVIE

UN SURVIVANT DE VARSOVIE


Version française – UN SURVIVANT DE VARSOVIE – Marco Valdo M.I. – 2012
Opéra - Texte d'origine en anglais et hébreu – A Survivor from Warsaw – Arnold Schönberg – 1947
Textes de natures et de provenances diverses, tirés des témoignages des survivants de la révolte du ghetto de Varsovie (1943)
Musique : Arnold Schönberg






Au terme de la Seconde Guerre Mondiale, le nazisme définitivement vaincu, Schönberg écrivit un opéra pour évoquer la persécution menée par l'Allemagne de Hitler contre les Juifs. Il utilisa le récit d'un de ceux-ci, échappé au massacre du "ghetto" de Varsovie.
Il s'agit d'une composition dodécaphonique où une voix raconte en anglais (avec de brèves insertions en allemand) le moment dramatique où un groupe de prisonniers juifs sort des baraquements pour être mené aux chambres à gaz.
Le récit de ce jour, fait par un Juif de Varsovie qui a survécu au massacre, peut parfois paraître très cru ; en lisant le texte et en écoutant la musique, nous ne pouvons pas manquer de réfléchir et méditer; la férocité de la persécution, la force et la confiance en Dieu des Juifs, la condamnation de tout type de fratricide: tout ceci ressort clairement de la musique et du texte, tous deux d'un impact émotionnel très fort.

Au travers de cet opéra, Schönberg veut faire comprendre l'absurdité du massacre antisémite: pourquoi existe-t-il des haines entre les hommes?
Pourquoi l'homme opère-t-il des distinctions de race, de couleur, de religion ?
Pourquoi l'homme tue-t-il ses semblables?
Ne sommes-nous pas tous égaux ?
Ne devrions-nous pas être tous frères ?
Pourtant nombre de fois, au cours de l'histoire, l'homme a haï, ségrégué, tué.
L’opéra "Un survivant de Varsovie" veut nous aider à ne pas oublier ce qui s'est passé afin de ne pas faillir à nouveau.
L'opéra fut écrit en 1947 et publié aux États-Unis. Dans les années qui suivirent la Seconde Guerre Mondiale commencèrent à se répandre les nouvelles affreuses sur les camps de concentration nazis. Schönberg lui-même avait appris depuis peu que son petit-fils était mort dans un de ces monstrueux "lagers". Ceci explique pourquoi le public, après que le morceau fut présenté pour la première fois, n'applaudit pas, mais resta plongé stupéfait dans un recueillement silencieux.



UN SURVIVANT DE VARSOVIE
Arnold Schönberg
Condamnation de la persécution antisémite.

Le texte de l'opéra commence avec une brève introduction de l'orchestre ; quelques secondes de musique qui rendent bien le but de l’œuvre, c'est-à-dire aider à réfléchir sur l'absurdité de l'extermination des Juifs en faisant ressortir toute la férocité et la cruauté auxquelles ils ont été soumis. Voilà d'où naît l'impact émotif fort de la musique, toujours caractérisée par une dramaticité croissante. Les sonneries de trompettes, les dissonances, les crescendos soudains créent autour de nous, avec toute leur efficacité, une scène déchirante, faite de douleur et de mort. La musique ne se limite pas à souligner la netteté déjà présente dans le texte de l’opéra, mais contribue de manière déterminante à reconstruire la scénographie et à recréer l'ambiance des faits racontés.





INTRODUCTION INSTRUMENTALE


Après la brève introduction de l'orchestre commence à parler la voix narrante, qui pendant tout l'opéra décrira avec l'orchestre les tristes faits arrivés ce jour dans le ghetto de Varsovie. Le narrateur affirme ne pas pouvoir se rappeler tout car il est resté privé de sens pendant la plus grande partie du temps à cause des coups subis de la part des soldats; dans cette brève introduction, il fait référence au moment grandiose (qui correspond à la dernière partie de l'opéra) durant lequel ses camarades entonnèrent un chant hébraïque peu avant d'être tués dans les chambres à gaz.


INTRODUCTION DU NARRATEUR


Je ne peux tout me rappeler
J'ai dû être inconscient la plupart du temps
Je me rappelle seulement le moment grandiose
Quand ils ont tous commencé à chanter, comme si c'était arrangé d'avance,
La vieille prière qu'ils avaient négligée pendant tant d'années
Le credo oublié !
Mais je n'ai pas souvenance de comment j'ai fait
Pour vivre en sous-sol dans les égouts de Varsovie pendant un si long temps.


Ici commence la description d'une journée typique dans le ghetto de Varsovie: tous étaient réveillés tôt, avant que le soleil ne se lève; le narrateur souligne l'impossibilité pour les Juifs du ghetto de dormir, du fait qu'ils avaient été séparés de leurs chers et que personne ne savait ce qu'ils étaient devenus. Les préoccupations tenaient en éveil les gens toute la nuit en les empêchant de dormir ; le narrateur lance alors un cri douloureux: "How could you sleep?" - "Comment pourrait-on dormir?" Après le réveil chaque personne devait se rendre au point de ralliement pour l'appel. La musique dans ce cas aussi accompagne les divers moments de la scène: le pizzicato des contrebasses souligne le réveil douloureux des condamnés et des phrases rythmiques convulsives, susurrantes et brisées, accompagnent dès lors leur chemin désordonné vers le point de ralliement. Le sergent nazi cependant est pressé et en hurlant commence à frapper les prisonniers avec la crosse de son fusil, suivi à la brève distance de ses adjoints qui n'épargnent leurs coups à personne. Tous les prisonniers qui ne pouvaient pas se tenir debout étaient alors frappés sur la tête ; les hurlements de ces personnes sont soulignés tant par la musique que par la voix narrante. À un moment donné le texte dit: "It was painful to hear them groaning and moaning" – "Il était douloureux de les entendre gémir et se plaindre ». Le narrateur, en effet, lit les deux mots "groaning" et "moaning" comme deux faibles cris, pendant que l'orchestre reprend ces deux cris avec des notes longues et en decrescendo pour matérialiser la perte sensible de force et d'énergie des prisonniers. En anglais, en outre, le verbe "to moan" possède une nuance plus légère que le verbe "to groan", ainsi avec le choix approprié des mots, Schönberg a voulu souligner là la forte présence de douleur, mais aussi la perte progressive d'énergie de la part des personnes frappées avec une extraordinaire férocité par les gardes nazis.



INTRODUCTION DU NARRATEUR



Le jour commença comme d'habitude :
Réveil quand il fait encore noir
Vous étiez séparés de vos enfants,
De votre femme, de vos parents ;
Vous ne saviez pas ce qu'il en était d'eux
Comment pouviez-vous dormir ? Sortez !
Que vous dormissiez
Ou que des tourments vous tinssent éveillés
toute la nuit
Les trompettes à nouveau – Dehors !
Le sergent sera furieux.
On sort. Certains très lentement ;
Les vieux, les malades.
Certains agités.
Ils craignent le sergent.
Ils se pressent tant qu'ils peuvent
En vain ! Trop, beaucoup trop de bruit,
Trop beaucoup trop d'agitation – et pas
Vite assez ! Le Feldwebel crie
« Achtung! Stillstanden!
Alors, on se décide. Ou je dois
vous aider avec la crosse du fusil ?
Bien ; puisque vous l'aurez voulu ! »
Le sergent et ses sous-fifres
Frappent tout le monde : jeune ou vieux,
Calme ou nerveux, coupable ou innocent.
C'était douloureux de les entendre gémir
Et se lamenter. Je l'entendais malgré
Que j'avais été frappé très fort,
Tellement fort que je ne pus éviter
De tomber. Tous par terre,
Celui qui ne pouvait se relever, alors
Était frappé à la tête.



Le narrateur perd connaissance à cause des coups subis ; pendant ce temps, tout autour de lui se fait silence car aucun prisonnier n'avait été épargné par la férocité des soldats, et personne n'avait plus les forces pour se relever. Mais le silence, comme le rappelle après le narrateur, porte en soi "fear and pain", c'est-à-dire "peur et douleur." Le narrateur déclame avec lenteur extraordinaire et dramatique les deux mots: d’abord "fear", suivi par une brève réponse, dépourvue de force, de l'orchestre, puis la conjonction "and" ; là, un bref silence est interrompu à l'improviste par le mot "pain", très marqué, mais prononcé presque hors de haleine; l'orchestre semble imiter ce déclenchement de douleur du narrateur en faisant suivre le mot "pain" d'une série rapide de notes en decrescendo et bien marquées.


PERTE ET RETOUR À LA CONSCIENCE DU NARRATEUR


Je devais avoir sombré dans l'inconscience.
La chose suivante que je vis était un soldat
Qui disait : « Ils sont tous morts »,
Sur ce le sergent ordonna
de nous faire disparaître.
Moi, je gisais là à demi-conscient.
Tout était fort calme peur et douleur.


Puis le moment dramatique du comptage de ceux qui, survivant aux coups sont emmenés à la chambre à gaz: cet épisode est accompagné d'une accélération continue du rythme jusqu'à l'hymne final, un chant hébraïque avec lequel les condamnés ont encore la force de proclamer leur credo religieux. Le moment est dramatique: les soldats doivent en effet compter combien de gens doivent être envoyés à la chambre à gaz. Le comptage n'est pas bien fait et alors le sergent ordonne de recommencer depuis le début ; le comptage reprend, en commençant lentement, puis en accélérant toujours plus, formant un tumulte semblable, comme dit le texte à "une fuite de chevaux sauvages".Une chose à remarquer est, dans une partie du texte suivant, l'opposition texte/signifié utilisé pour marquer encore plus la dramaticité des actions. Quand le texte dit que le comptage "became faster and faster sait fast that it...", "devint plus rapide et de plus en plus rapide, aussi rapide que...", le narrateur lit les mots "faster... faster...fast" d'une manière spéciale ; au lieu d'accélérer, comme du reste la musique procède en suivant ce qui est le sens du texte, la voix narrante déclame les mots qui indiquent une augmentation de vitesse en ralentissant et en s'arrêtant sur eux. L'effet qui se crée est fort contrasté, car les mots qui expriment un sens de rapidité et de progression rapide sont mis en contraste à travers leur lecture ralentie et marquée. Alors cette partie se termine avec l'augmentation d'intensité et de vitesse sonores qui culmineront dans le credo hébraïque "Shema Ysroël", chanté par les prisonniers avant d'être envoyés dans les chambres au gaz

COMPTAGE DES PRISONNIERS


Alors, j'entendis le sergent crier : « Comptez ! »
Ils commencèrent lentement et irrégulièrement :
Un deux, trois, quatre - « Achtung ! »
Le sergent cria à nouveau : « Plus vite ! »
« Recomptez encore une fois au début !
Je veux savoir en une minute,
Combien je vais en livrer à la chambre à gaz !
Comptez ! »
Alors on recommença, d'abord lentement : un,
Deux, trois, quatre, puis plus vite
Et plus vite, tellement vite que
À la fin, ça sonnait comme un sauve-qui-peut
De chevaux sauvages et tout-à-coup
En plein milieu
On commença à chanter le Shema Ysroël.


Un chœur entonne à l'unisson cet hymne qui se veut la réponse courageuse du fidèle devant la brutalité aveugle de l'homme et de la guerre.
Même pas dans les moments les plus difficiles, l'homme n'oublie sa propre foi et son propre espoir en Dieu, source d'amour et de paix.



HYMNE JUIF « SHEMA YSROËL»



Écoute Israël
Le Seigneur est notre Dieu,
Le Seigneur est unique.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
De tout ton cœur
De toute ton âme
De toutes tes forces.
Et ces paroles
Que je te dicte aujourd'hui,
Dans ton cœur,
Tu les répéteras à tes fils
Et tu en parleras avec eux,
Chez toi
Dans la rue
Quand tu te coucheras
Et quand tu te lèveras.




vendredi 29 mai 2015

L'ENFANT DU MASSACRE


L'ENFANT DU MASSACRE

Version française – LE GAMIN DE L'ABATTOIR – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – Il bimbo del macelloYo Yo Mundi1994


Des jeunes veaux en file indienne, très inquiets


Le sang sur les mains et les crochets pendus au soleil de banlieue,
Les grands yeux des bêtes qui ne reverront pas le ciel,
Je suis assis sur le ballon à cerner le sens de l'odeur âcre
Dégagée par les cheminées fumantes.

Combien de pourquoi je laisserai sans réponse ;
Je n'aurai aucune pitié, j'y suis habitué : le gamin de l'abattoir.

Des jeunes veaux en file indienne, très inquiets
De la photographie de leur dernier meuglement sur des boîtes de fer
Ne veulent pas entrer dans les salles aseptiques.
Sans doute savent-ils qu'ils n'en sortiront jamais.

Combien de pourquoi je laisserai sans réponse ;
Je n'aurai aucune pitié, pour ceux comme vous :
Le gamin de l'abattoir.


ATTENDS-MOI


ATTENDS-MOI 

Version française – ATTENDS-MOI – Marco Valdo M.I. – 2015

à partir de la version allemande de Klara Blum d'

Chanson russe Жди меня и я вернусь de Konstantin Simonov / Константин Михайлович Симонов1941




Valentina et Constantin réunis



Attends-moi, je reviens,Mais attends bien.
Attend
s, quand la pluie tombeJaune, drue et maussade.
Attends, quand la tempête de neige fait rage,
Quand l'été cogne.
Attends, quand les autres
Depuis longtemps se sont lassés attendre.
Attends, quand de ce pays lointain
Aucune lettre ne te parvient.
Attends, jusqu'à ce que rien
N'égale ton attente.


Attends-moi, je reviens,
Écoute froide et fière.
Quand le mêle-tout déclare :
« Tu attends inutilement ! »
Quand les amis fatigués d'attendre
Portent déjà mon deuil,
Quand pleurant assis à la fenêtre
Mère, fils, frère,
Pensant à moi comme à un mort
Boivent le vin amer.
Toi ne bois pas – attends encore
Courageuse, forte, seule.


Attends-moi, je reviens.
Oui, je brave le destin,
Qui cent fois, mille,
Jour et nuit me menace.
Pour la liberté de mon pays
Combattant, je le sens, je le vois
Comment dans le combat
Ton attente me protège.
Ce qui me retient à la vie,
On le sait toi et moi :
Il n'y a que toi, qui pourras,
Comme personne, m'attendre.