GUERRE, PAIX ET INFLATION – CANTATE
Version française – GUERRE, PAIX ET INFLATION – CANTATE – Marco Valdo M.I. – 2014
Mille Milliards de Marks... |
C'est
la chanson qui ouvre le spectacle théâtral intitulé « Der
Kaufmann von Berlin » écrit par Walter Mehring et mis en scène
pour la première fois le 6 septembre 1929 à Berlin par Erwin
Piscator, avec Ernst Busch voix soliste, un chœur, l'orchestre du
Weintraub Syncopators et les décors de Lazlo Moholy-Nagy.
« Der
Kaufmann von Berlin » contient des chansons comme celle-ci dans
laquelle sont expliqués les moments historiques à travers lesquels
l'Allemagne inexorablement glissa dans les bras du nazisme, avec au
milieu la dévastatrice période d'hyperinflation qui atteignit son
sommet en 1923, crise due au paiement des dommages réclamés par les
nations victorieuses de la Grande Guerre… La France et la Belgique
occupèrent militairement le bassin de la Ruhr pour assurer les
réparations . En novembre de 1923, un dollar était échangé contre
4.210.500.000.000 marks allemands…
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Hyperinflation_de_la_R%C3%A9publique_de_Weimar)
Cela
commença ainsi :
En
l'an de grâce 1914, la prospérité semblait ne jamais devoir finir
et la valeur ajoutée arrosait les riches de tant d'abondance, qu'ils
dirent : Nos forces diminuent – et les militaires ajoutèrent : On
ne nous respecte plus – et le clergé conclut : Amen !
Ainsi,
avec notre rata, nous nous sommes avancés ,
Pour guérir notre prospérité dans un bain d'acier -
Relevant de la brigade criminelle, nous avons progressé
Jusqu'à être reconnus aptes à fusiller -
Pour guérir notre prospérité dans un bain d'acier -
Relevant de la brigade criminelle, nous avons progressé
Jusqu'à être reconnus aptes à fusiller -
Ainsi,
par la porte de Brandebourg, nous sommes arrivés
Avec des obusiers, des tanks et des grenades -
Ainsi dans tous les coins de l'Europe sont allés
Des Soldats – des soldats – des soldats.
Avec des obusiers, des tanks et des grenades -
Ainsi dans tous les coins de l'Europe sont allés
Des Soldats – des soldats – des soldats.
Ainsi,
un continent piétina à la même cadence
Avec nous, vinrent des épidémies, le meurtre et la faim
Dans le beau, dans le nouveau, dans le beau, dans le
Nouveau, dans le bel, dans le nouvel uniforme gris tout terrain.
Avec nous, vinrent des épidémies, le meurtre et la faim
Dans le beau, dans le nouveau, dans le beau, dans le
Nouveau, dans le bel, dans le nouvel uniforme gris tout terrain.
Alors
les citoyens se lamentèrent : Nous avons donné l'or pour le fer, -
les Maîtres répondirent : Dieu le rendra mille fois, et les ennemis
le rembourseront des milliards. Toutes les mères pleuraient : Nos
hommes sont tués, nos enfants meurent sous-alimentés ! Mais les
Maîtres répondirent : Nous fournissons ! Le peuple se rebellait :
Combien de temps encore ? Et l'empereur répondit : Jusqu'à ce que
Dieu me donne la victoire finale !
Ainsi,
nous devînmes des héros, on nous surnomma « cochons du
Front »,
Dans nos retraites imprenables.
La veste du Kaiser mitée et brûlés les poumons,
Les mutilés enterrèrent leurs camarades.
Dans nos retraites imprenables.
La veste du Kaiser mitée et brûlés les poumons,
Les mutilés enterrèrent leurs camarades.
Ainsi,
nous rencontrâmes des temps altiers
On mit trois millions de morts dans leur charnier,
Dans le bel uniforme gris tout terrain.
Bel uniforme gris tout terrain.
On mit trois millions de morts dans leur charnier,
Dans le bel uniforme gris tout terrain.
Bel uniforme gris tout terrain.
Mais
durant l'an de grâce 1918, les Généraux dirent : La partie est
perdue ! Les bourgeois coururent à l'ennemi mendier la paix ; car
l'armée se révolta, les marins et le peuple entier hurlèrent :
Dehors les coupables ! Mais les Maîtres parlaient et ne répondaient
plus.
Avec
nos drapeaux rouges sur des prothèses
Ainsi, on nous a renfermés .
Nos poumons tout juste guéris du gaz
Ne pouvaient plus crier liberté.
Ainsi, on nous a renfermés .
Nos poumons tout juste guéris du gaz
Ne pouvaient plus crier liberté.
Ainsi,
ils fermèrent nos fenêtres
Ainsi la patrie nous a combattus.
La guerre vainquit nos Maîtres ;
La Patrie nous a vaincus.
Ainsi la patrie nous a combattus.
La guerre vainquit nos Maîtres ;
La Patrie nous a vaincus.
Alors,
l'ennemi vînt et dit : Vous devez payer ! Mais alors, tout l'argent
était devenu papier. Alors, l'ennemi occupa le pays et dit pour la
deuxième fois : Vous devez payer ! Mais toute la nourriture,
tous les vêtements devinrent papier et tout le peuple souffrit
l’angoisse de la faim. Les Maîtres des ennemis et les Maîtres de
la patrie parurent main dans la main et dirent au peuple : Vous devez
payer ! Payer vous devez !
Les
valeurs étrangères envahirent le bazar
Discréditant les bourses mortes
Les flots de papier poussés par les affairistes
Montèrent et le dollar sauta de cent mille
Jusqu'au milliard.
Discréditant les bourses mortes
Les flots de papier poussés par les affairistes
Montèrent et le dollar sauta de cent mille
Jusqu'au milliard.
Et
tant faim courut
Et dollar si haut s'en fut ,
Inflation et misère le pays submergèrent.
Ainsi, avons payé pour les Maîtres.
Qui ont fermé l'usine et les barrières.
Et dollar si haut s'en fut ,
Inflation et misère le pays submergèrent.
Ainsi, avons payé pour les Maîtres.
Qui ont fermé l'usine et les barrières.
Ce
que la guerre ne nous a pas pris,
La république nous l'a pris.
Grandit la détresse – l'armée de chômeurs.
S'étendit la peste – l'armée noire de Noske la terreur !
La république nous l'a pris.
Grandit la détresse – l'armée de chômeurs.
S'étendit la peste – l'armée noire de Noske la terreur !
Alors,
comme vous savez comment tout finit
N'oubliez, n'oubliez jamais, ce que vous avez appris !
N'oubliez, n'oubliez jamais, ce que vous avez appris !