Chanson
allemande – Kurzgefasster Lebenslauf – Erich Kästner – 1930
les jeunes dames Et les dimanches où toujours il pleuvait. |
Regarde,
Lucien l'âne mon ami, voici que Kästner, le grand Kästner… Bien
sûr, c'est au second degré, avec un certain recul, mais quand même
je n'en connais pas tellement des poètes, des écrivains, des hommes
de cette envergure. Donc, cette fois, la canzone rapporte le
curriculum vitae – le parcours de vie, d'Erich Kästner,
c'est-à-dire qu'il paraît à le lire, le parcours de vie d'un jeune
homme de son époque. Lui ou un autre, qu'importe. Enfin quelqu'un
qui a 30 ans environ en 1930. Trente ans, tu imagines encore ce que
ça peut être. C'est l'âge de Brel quand il chante Bruxelles… En
fait, Brel en avait trente-trois, comme le célèbre tram qu'il ne
prendra jamais avec Madeleine… si l'on en croit sa chanson.
Oh,
pour Bruxelles, c'était il y a longtemps, très longtemps… mais
j'imagine encore. Si, si, Marco Valdo M.I. mon ami, j’imagine très
bien. C'était au temps où Bruxelles rêvait, c'était au temps du
cinéma muet ; c'était au temps où Bruxelles chantait, c'était
au temps où Bruxelles brusselait… Excuse-moi, mais quand
j'enchaîne des mots de Brel… Il faut que je continue, c'est plus
fort que moi… Je ne sais d'ailleurs pas si d'autres ont ce
réflexe-là…
Rassure-toi.
C'est normal. Ici, on l'a presque tous… Surtout quand c'est cette
chanson-là… D'ailleurs, il faudra bien l'insérer dans les
Chansons contre la Guerre, si elle n'y est pas déjà… Rien que
pour ce « Il attendait la guerre, elle attendait mon père. Ils
l'avaient donc fait tous les deux et on voudrait que je sois
sérieux ». Donc ici avec Erich Kästner, on serait plutôt à
Berlin et vers 1930, juste avant le déferlement de la conjuration
des imbéciles, des pires assassins qui soient. Et cette chanson
comme beaucoup de chansons de Kästner, c'est sans doute l'effet de
l'acide poétique, analyse le cheminement du passé, constate le
présent et laisse présager des temps futurs. C'est terrible de
décrypter, maintenant, ce qu'il disait sans trop savoir et Kästner,
on le voit, ne parlait pas que pour lui, mais pour toute une
génération, ou plusieurs, c'est selon :
« Je
m'assieds volontiers entre deux chaises.
Je scie la branche sur laquelle nous sommes assis.
Je vais par les jardins des sentiments,
Qui sont morts, et je les orne de mots plaisants. »
Je scie la branche sur laquelle nous sommes assis.
Je vais par les jardins des sentiments,
Qui sont morts, et je les orne de mots plaisants. »
Et
puis, ce début… D'autant qu'il s'agit d'une vraie autobiographie.
Au-delà de pensées générales sur l'école, la guerre – qui
pourraient être celles de beaucoup de gens de son temps et qui l'ont
véritablement été – et quelle amertume, il y a des détails qui
ne trompent pas et par exemple :
Jusqu'à
l'inflation et Leipzig, il y avait
La bourse et le bureau, Kant et le gothique,
L'art, la politique, les jeunes dames
Et les dimanches où toujours il pleuvait.
La bourse et le bureau, Kant et le gothique,
L'art, la politique, les jeunes dames
Et les dimanches où toujours il pleuvait.
Analyse :
à l'époque de l'inflation – dans les années 20, Leipzig –
ville où Kästner fait ses études – Kant et le gothique et
Kästner travaille dans une banque – la bourse, le bureau ; il
s'intéresse à l'art, la politique et aux jeunes dames …
Quant aux dimanches pluvieux, ce n'est pas spécifique, ni
pointilleusement vrai ; c'est juste une tonalité. Et puis,
Kästner sait qu'il est un survivant… Laconique :
Ce
qui est étrange, vois-tu Marco Valdo M.I., j'ai un peu l'impression
que c'est la même chose à présent, que quelque chose se prépare,
mais je ne saurais trop dire quoi. Alors, tissons le linceul de ce
vieux monde au bord du précipice, aux dimanches pluvieux, aux
enfants modèles et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Celui qui ne vient pas au monde ne perd pas grand chose.
Il s'assied sur un arbre et rit doucement.
Je suis né en ce temps-là enfant,
Et quand j'y repense...
L'école,
où j'ai beaucoup oublié,
A consommé la plus grande partie du temps.
J'étais un garçon modèle courant.
Comment c'est advenu ? J'en suis encore tout désolé.
A consommé la plus grande partie du temps.
J'étais un garçon modèle courant.
Comment c'est advenu ? J'en suis encore tout désolé.
Ensuite,
on eut une guerre mondiale au lieu de grandes vacances.
Je la fis dans l'artillerie de campagne.
Des artères du globe a coulé un flot de sang.
J'ai continué à vivre. Ne demandez pas comment.
Je la fis dans l'artillerie de campagne.
Des artères du globe a coulé un flot de sang.
J'ai continué à vivre. Ne demandez pas comment.
Jusqu'à
l'inflation et Leipzig, il y avait
La bourse et le bureau, Kant et le gothique,
L'art, la politique, les jeunes dames
Et les dimanches où toujours il pleuvait.
La bourse et le bureau, Kant et le gothique,
L'art, la politique, les jeunes dames
Et les dimanches où toujours il pleuvait.
Maintenant,
j'ai environ 31 ans
Et une petite fabrique de poésie.
Ah, à mes tempes, flottent des cheveux, déjà gris
Et mes amis deviennent lentement corpulents.
Et une petite fabrique de poésie.
Ah, à mes tempes, flottent des cheveux, déjà gris
Et mes amis deviennent lentement corpulents.
Je
m'assieds volontiers entre deux chaises.
Je scie la branche sur laquelle nous sommes assis.
Je vais par les jardins des sentiments,
Qui sont morts, et je les orne de mots plaisants.
Je scie la branche sur laquelle nous sommes assis.
Je vais par les jardins des sentiments,
Qui sont morts, et je les orne de mots plaisants.
Moi
aussi, je dois porter mon sac à dos moi-même !
Le sac à dos grandit. Mon dos n'en devient pas plus large.
En résumé, on ne peut dire qu'une chose :
Je suis venu au monde et je continue à vivre.
Le sac à dos grandit. Mon dos n'en devient pas plus large.
En résumé, on ne peut dire qu'une chose :
Je suis venu au monde et je continue à vivre.