lundi 16 février 2015

NON, JE NE DONNERAI PAS MES FILS !


NON, JE NE DONNERAI PAS MES FILS !

Version française – NON, JE NE DONNERAI PAS MES FILS ! – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson allemande – Nein, meine Söhne geb' ich nicht ! – Reinhard Mey – 1986



Non, je ne donnerai pas mes fils !
Ils ne marcheront pas dans les rangs et ne se battront pas jusqu'à crever
De froid dans un champ perdu, quand vous vous prélasserez en coulisse.





Sûrement la chanson pacifiste la plus connue de Reinhard Mey, le grand auteur-compositeur allemand malheureusement généralement méconnu en dehors de l'Allemagne. La même grande force rebelle et antimilitariste que le Déserteur, mais cette fois vue du point de vue d'un père qui se refuse de délivrer ses fils à l'armée et à la guerre et les fait déserter en se déclarant disponible à fuir avec eux (et il ne faudrait jamais oublier que la chanson a été écrite en Allemagne ; laquelle, contrairement à l'image stéréotypée qu'on en a, est très probablement, actuellement et depuis la fin de la IIième guerre mondiale, le pays où le pacifisme et l'antimilitarisme sont le plus répandus). Vraiment une chanson à encadrer.



Je pense, je vous écris, je vous dis définitivement aujourd'hui.
Il ne vous faudra pas longtemps pour savoir que j'ai deux fils.
Que j'aime tous les deux, dis-je, plus que ma vue, que ma vie,
Et ils ne porteront pas les armes ! Non, je ne donnerai pas mes fils !

Je leur ai enseigné le respect de la vie, de chaque être comme valeur la plus précieuse,
Je leur ai appris la pitié et le pardon partout et toujours, à mes fils.
Maintenant, ne les abîmez pas avec la haine ; nul but, nul honneur, nul service
N'est digne que l'on tue ou que l'on meure ; non, je ne donnerai pas mes fils !

Ce n'est certes pas pour vous que dans la douleur, leur mère les a mis au monde ;
Ni pour vous, ni comme chair à canon. Ni pour vous, toutes ces nuits de fièvre
Où je me désespérais auprès du petit lit. Où je séchais leur petit visage lisse
Jusqu'à sombrer d'épuisement. Non, je ne donnerai pas mes fils !

Ils ne marcheront pas dans les rangs et ne se battront pas jusqu'à crever
De froid dans un champ perdu, quand vous vous prélasserez en coulisse.
Mon devoir sacré de père est de protéger mes enfants de tous les dangers,
Et donc aussi de les protéger de vous ! Non, je ne donnerai pas mes fils !

Je leur enseignerai la désobéissance, la résistance et la ténacité,
À se révolter contre chaque ordre et à ne pas se courber devant l'autorité
Je leur apprendrai à suivre leur chemin, à ne s'incliner devant aucun artifice,
Aucun tribunal, si ce n'est leur conscience. Non, je ne donnerai pas mes fils !

Et, je m'enfuirai avec eux, plutôt que vous n'en fassiez vos esclaves.
Avec eux, j'irai à l'étranger, pauvres et comme des voleurs devant la justice.
Nous n'avons que cette courte vie, je le jure et je vous le crache au visage,
Ils ne sombreront pas dans votre hystérie. Non, je ne donnerai pas mes fils !

GUERRES SAINTES

GUERRES SAINTES



Version française – GUERRES SAINTES – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson allemande – Von heiligen Kriegen – Reinhard Mey1967
Paroles et musique de Reinhard Mey






Chanson remontant un demi-siècle, mais – vous en conviendrez – encore plutôt actuelle…


Le commentateur italien qui nous a précédé a bien raison, cette chanson est toujours d'une grande actualité.


Un peu comme l'érotisme à Copenhague [[49024]], sujet à partir duquel j'ai écrit une chanson : « Sois islamique ! », pas plus tard qu'hier à la suite d'un acte imbécile, dément et criminel, commis au nom de la « Guerre Sainte », précisément. Donc, Lucien l'âne mon ami, voici une chanson sur la « Guerre sainte », « Djihad », comme la nomment certains furieux prophétiques. Elle date d'il y a un demi-siècle ; elle aurait pu être écrite bien avant car on n'a jamais manqué de délirants assassins fauchant leurs contemporains au nom d'entités nébuleuses Dieux, prophètes, livres et autres babioles ; entités fantômes dont ils usent pour justifier leurs penchants au sadisme. Ce qui, par parenthèse, permet de différencier les tenants d'une croyance :d'un côté, l'ensemble des croyants qui se contentent de croire et gardent leur croyance en eux-mêmes et de l'autre, ceux-là qui relèvent de la psychiatrie clinique. Ainsi, la chanson a été écrite en allemand par un Allemand, qui – composant aussi en français – aurait sans doute dû la traduire lui-même. Sans doute, l'a-t-il fait Mais je n'en ai pas trouvé de traces. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi Frédérik Mey (nom que se donne Reinhard Mey quand il chante en français) ne l'a pas mise à son répertoire.


Si je comprends bien, Marco Valdo M.I. mon ami, tu en as fait une version de ton cru.


En effet, je voulais me faire une idée de ce qui y était dit et je suis très content de ce que j'ai trouvé. Car, elle raconte trois guerres saintes – toutes aussi stupides l'une que l'autre : la première relate l'expansion de l'Islam, la seconde les Croisades, la troisième la Guerre de Trente Ans (et c'est une durée très sous-estimée) qui ravagea l'Allemagne et l'Europe centrale et qui je te le rappelle opposait les catholiques aux protestants. Et la chanson un rien sceptique, ou carrément mécréante, pose la vraie question : en quoi une guerre est-elle sainte ? J'ajouterais volontiers : en quoi une guerre sainte est-elle saine (d'esprit) ?


Là, tu as bien raison, c'est le cas de le dire. Il y a lieu de poser autrement la question. On ne peut, sauf en usant d'un sens figuré, poser sérieusement la question de la sainteté ou de la non-sainteté d'une guerre ou de quoi que ce soit ; car la sainteté, cela n'a aucun sens dans le réel. Par contre, on peut se poser la question de la santé mentale de ceux qui croient et qui, à partir de cette prémisse, édifient un univers fantasmatique, où ils abritent d'étranges entités qu'ils déclarent sacrées. Des gens qui à partir de là, veulent imposer leurs fantasmes aux autres humains et en cas de refus d'obtempérer, les massacrent à tour de bras. Tel est le sens de la guerre sainte, chose que nous les ânes, nous nous refusons à pratiquer.


Certes, mais c'est bien là le nœud, seuls les humains sont assez complexés pour vouloir imposer au monde pareilles sornettes. Cela dit, on aurait pu ajouter aux joyeuses tueries qui en découlent, celles qui ont été pratiquées au nom de croyances sans dieux, sans Dieu, sans entités anthropomorphiques désastreuses. En fait, vois-tu, le vrai problème, c'est la croyance elle-même qui est une drogue dangereuse. Elle rend fou celui qui l'absorbe. Ce qui est réjouissant dans cette chanson, c'est qu'elle rappelle que l'humanité a déjà connu pareilles mésaventures et qu'elle en est venue à bout.


Concluons ici : Ni Dieu, ni maître, ni guerre … et reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde malade de la croyance, calamiteux, massacreur et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



On a appelé au Djihad, à la guerre sainte
Et on a été de Médine et La Mecque
Au berceau chrétien, en Palestine,
Et puis, jusqu'à Tunis et en Espagne
Avec des oriflammes, des épées et des choses semblables
Porter le salut de l'islam aux hommes.
On a remplacé la croix par le croissant
Et on a pendu les mécréants.

Ça n'a pas laissé indifférents les chevaliers de la Croix
Et autour de l'an mil, ça y était
On partait là avec chevaux, armes et bagages
À la croisade, au sacré carnage
Avec le feu et l'épée, cette fois, on y allait
Pour libérer des Turcs et des Sarrasins, la sainte patrie
Et celui qui ne put fuir la victoire de la Croix
Par l'épée fut coupé en deux parties.

Pourquoi fait-on toujours la guerre aux mécréants
Ou contre une autre religion ?
On ne peut quand même pas supporter de tels hérétiques !
Alors, on fait la guerre au nom de la confession
Avec Wallenstein, Tilly et l'Empereur germanique.
On brûle les maisons des protestants
Et ceux-ci assassinent vieux ou jeunes
En réplique à la furie suédoise d'avant.

Aujourd'hui encore, on appelle à la guerre sainte
On y va en mots et en actes
Et tous au ciel montent en triomphe.
Mais dites-moi, en quoi une guerre est-elle sainte ?