ALLAH
Version
française – ALLAH – Marco
Valdo M.I. – 2015
Texte
de E. Manzo, S. Maglietta
Album :
Lo sperma del diavolo (Le Sperme du Diable)
LE FESTIN DES DIEUX Bernard De Ryckere - 1570 |
Hé
hé, Lucien l'âne mon ami, viens donc voir la chanson que voici, que
voilà, que je viens de traduire. Ce n'est pas une chanson très
nouvelle, elle date du siècle dernier, mais rien qu'à son titre, on
comprend qu'elle a une certaine actualité. Elle s'intitule tout
simplement Allah.
Avec
un titre comme Allah, en effet, elle peut paraître d’actualité ;
on n'entend plus parler que de ça. Mais je te dirai que moi,
l'actualité, je m'en contrefiche. L’actualité est cette chose
déjà périmée au moment où on en parle. Avec l'actualité, on
perd son temps ; il faut courir pour la suivre et si jamais, on
la rattrape, elle se dissout. Mon idée est que les choses du monde
sont trop importantes et trop complexes pour se soucier de
l'actualité. Il est aussi temps de mettre au jour certaine inertie
qui introduit la nécessaire lenteur de la vie. Moi, par exemple, je
me déplace lentement, mais depuis tant de temps et puis, peu importe
la longueur du chemin parcouru, car il reste toujours le chemin du
début jusqu'à sa fin. Il forme un tout. Toutes ces histoires
d'Allah, Jésus, Bouddha sont tellement sassées et ressassées que
leur présent n'a aucun sens. L'horreur d'hier a effacé celle
d'avant-hier ; celle d'aujourd'hui avale celle d'hier… Quant à
demain et après-demain et après… Panta Rhei.
D'accord,
Lucien l'âne mon ami, ce sont là de brillantes réflexions, mais je
me demande, si des fois, tu n'aurais pas mangé trop de foin de
philosophie… Cependant, tu as raison, cette chanson n'a de valeur
en regard de l'actuel qu'en raison-même de son intemporalité. En
clair, elle vaut aujourd'hui ce qu'elle valait hier et ce sera pareil
demain. Car…
Car ?,
dit Lucien l'âne d'un air un peu interdit.
Car,
laisse-moi reprendre mon souffle et rassembler mes idées que je
viens de laisser filer quand tu m'as interrompu…
Retrouve
tes idées et ton souffle, Marco Valdo M.I. mon ami, et dis-moi de
quoi elle cause cette chanson et comment.
Je
commencerai par le comment. Elle se oint d'huile d'ironie, huile
sainte s'il en est. Ainsi ointe, elle enfourche le cheval du héraut
et dénonce – l'air de rien – la plus grande escroquerie de tous
les temps, à savoir la religion.
La
religion ?, dit Lucien l'âne. Mais laquelle ?
Oh,
elle ne fait pas trop le détail, car ces religions se valent toutes.
Donc, ici, la religion signifie toutes les religions ou n'importe
laquelle. Bref, donc, j'ai usé du mot escroquerie, mais j'aurais
aussi bien dit : tour de passe-passe, bonneteau, élucubration,
vaticination, divagation, entourloupe, embrouille, carambouille,
cavalerie céleste, ersatz, contre-façon, micmac. Là, tout n'est
que message et mensonge, propagande et prêchi-prêcha. Pour savoir
précisément ce qu'en dit cette chanson, il me semble que le mieux
est de la lire ou de l'écouter. Je n'en dirai rien de plus que
ceci : les faussaires y sont dénoncés et leurs noms sont
clairement prononcés : Allah, Jésus, Bouddha, Shiva, Mahomet,
Joseph, Abraham… J'ajoute volontiers : et tous les autres.
Je
comprends ça, dit Lucien l'âne en hochant le crâne. Je le
comprends, car la liste ne peut être close ; elle est longue,
pour ne pas dire infinie, la liste des charlatans et des prophètes…
Ainsi
pour résumer la chose, c'est une chanson iconoclaste et forcément,
athée. Comme ça, tu sais tout.
Va
pour la chanson iconoclaste et athée, j'aime ça. Tu as donc bien
fait de la mettre en langue française afin, comme on dit dans les
jugements, afin que nul n'en ignore et maintenant, reprenons notre
tâche et tissons le linceul de ce vieux monde adepte, inféodé,
emprophétisé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Allah
est grand, Jésus est maigre
Et Bouddha est si gras que même sa graisse est sacrée
On croit être dans une fête foraine
Avec ses attractions, ses lumières et ses fusées :
« Le Paradis est ici. Venez chez moi ! »
« Peuple élu, viens chez moi ! »
La marchandise exposée est toujours la même :
Paix Éternelle et Justice Universelle.
Mais ensuite on creuse, toujours plus bas, on creuse
Il y a une femme à payer
Et Bouddha est si gras que même sa graisse est sacrée
On croit être dans une fête foraine
Avec ses attractions, ses lumières et ses fusées :
« Le Paradis est ici. Venez chez moi ! »
« Peuple élu, viens chez moi ! »
La marchandise exposée est toujours la même :
Paix Éternelle et Justice Universelle.
Mais ensuite on creuse, toujours plus bas, on creuse
Il y a une femme à payer
Puis
un jeu un peu brut et vague
Pour, s'il en est besoin, confirmer
Que c'est le mâle, le mâle qui commande.
Pour, s'il en est besoin, confirmer
Que c'est le mâle, le mâle qui commande.
Shiva,
Mahomet, Saint Joseph et Abraham
Chacun avec son style de Dieu fait sa réclame :
« Venez à moi et vous serez bénits.
Si vous suivez mon credo, vous irez au Paradis. »
Chacun avec son style de Dieu fait sa réclame :
« Venez à moi et vous serez bénits.
Si vous suivez mon credo, vous irez au Paradis. »
Allah
est grand, mais les Arabes tout petits,
Bouddha est gras et les Hindous très amaigris
Et Jésus-Christ, cet ascète émacié
De l'Occident gras est le symbole incarné !
Bouddha est gras et les Hindous très amaigris
Et Jésus-Christ, cet ascète émacié
De l'Occident gras est le symbole incarné !