mardi 15 septembre 2015

L'ANARCHISTE ET LE GÉNÉRAL

L'ANARCHISTE ET LE GÉNÉRAL


Version française – L'ANARCHISTE ET LE GÉNÉRAL – Marco Valdo M.I.
Chanson italienne – L’anarchico e il generaleZen Circus2014





Boum
L'amiral a fait Boum
Tout avec lui a dit Boum
Et l'auto fait Boum Boum



Une chanson qui raconte un attentat contre un général et un attentat réussi, l'auteur est arrêté et mis en prison. Il y reste tellement longtemps… qu'à sa sortie, voir la suite dans la chanson. Et voilà que je tombe sur le thème du Livre Blanc, cycle que j'avais commencé et que je n'ai pas encore terminé, dans lequel le personnage principal marche au plafond et finira en prison, plutôt à l'asile et n'en sortira que des années plus tard… et à sa sortie…


Il faudra bien que tu finisses le cycle, on ne peut quand même pas laisser cette histoire en suspens. Quel suspense...

Certes, tu as bien raison, Lucien l'âne mon ami. Mais tout cela vient de ces satanées Chansons contre la Guerre, où il y a tant à faire et toujours du nouveau. Il faudra bien se rendre à l'évidence, on n'en viendra pas à bout. Pour en revenir à cette histoire de la chanson L'Anarchiste et le Général, j'imaginais quelle illustration y mettre et j'en ai trouvé deux : l'une concerne l'élimination d'un général ( par la suite amiral), mais en le faisant sauter en l'air comme une fusée Ariane (donc pas de revolver) et l'exécution était le fait d'un groupe de l'ETA, dès lors pas par un individu et pas nécessairement, anarchiste. Il s'agissait de l'attentat : Boum ! [[7833]], qui mit fin à la carrière et à la vie de l'amiral Carrero Blanco, premier ministre du sinistre Franco. L’autre illustration montre bien un anarchiste revolvérisant et tuant un important personnage, mais c'était un roi… Il s'agit bien de Gaetano Bresci et d'Umberto I. Mais Gaetano Bresci [[8334]] ne sortira jamais de sa prison-tombeau ; on l'y pendra.

Enfin, voyons cette chanson et reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde misérable et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Gaetano Bresci revolvérise Umberto.



Enveloppés dans du papier journal
Il avait une longue-vue et un revolver
Car une fois tué le général,
Son bateau aurait pris la mer,
Aurait immédiatement pris la mer.
Mais ils le prirent par le cou
Et le rouèrent de tant de coups.
On le tînt en cellule si longtemps
Qu'à sa sortie, son fils avait des enfants,
Autant qu'il avait passé d’années dedans.

Dehors, plus rien n'était comme autrefois
Il n'y avait plus de camarades et plus de patronat,
Le fils de son fils ne travaillait pas,
La femme de son fils dit qu'il chômait,
La fille de son fils était là et dansait.
Et de ses amis artisans,
Tous étaient morts sans descendants.
Il dit « Tu peux travailler avec moi » à son petit-fils
Mais il ne voulut rien savoir, le petit-fils
Il voulait être général, son propre petit-fils.

Peu avant de mourir,
Il alla chez la petite-fille du général.
Il ne demanda pas pardon, elle ne fit pas de scandale,
Il ferma les yeux et se laissa partir.
Ainsi, le général fut vengé.
Et pendant que tout s'éteignait,
Il savourait l'éternel repos qui l'attendait.
Arrivé devant le Dieu le Père, ce dernier,
D'un coup de tonnerre, droit en enfer, l'expédia.
Depuis si longtemps, le général l'attendait déjà.


LE FILS DE GUILLAUME TELL

LE FILS DE GUILLAUME TELL

Version française – LE FILS DE GUILLAUME TELL – Marco Valdo M.I. – 2010
Chanson suisse-italienne ( en italien – Côme) – Il Figlio di Guglielmo Tell – Davide Van De Sfroos – 1999



Moi, je suis content pour mon papa, qui est devenu un héros national
Mais depuis lors, quand je vois une pomme, je me sens mal... mais mal.





Ah, ah, ah, ah, dit Lucien l'âne dans un braiment hallucinant à réveiller les morts, même suisses, des kilomètres à la ronde.

Dis, Lucien l'âne comique, qu'est-ce qui te prend ? Pourquoi brais-tu ainsi, demande Marco Valdo M.I.? Tu hallucines, tu as mangé quoi ?

Ben, de l'herbe, comme d'habitude... De l'herbe forte, de l'herbe dure... Du chiendent, des chardons, quelques pousses d'angélique, que sais-je... ce que je trouve le long de mon chemin... Pour le reste, je ne brais pas, je ris.

Et pourquoi ? Et si fort surtout...

C'est à cause du fils de Guillaume Tell...

Mais enfin, il doit être mort depuis longtemps, le fils de Guillaume Tell... Si je me souviens bien, il devait vivre vers 1350...

Oui, ça, je le sais, je l'ai même promené sur mon dos et on avait fait une jolie promenade autour du lac des Quatre Cantons... Mais je ris à cause de la chanson de Van de Sfroos... Elle est vraiment très drôle...

En effet... Je la découvre comme toi cette histoire bien connue du chapeau du bailli que Guillaume ne voulut pas saluer et tout ce qui s'ensuivit. La Suisse et tout çà... Les banques, le paradis des riches, l'impitoyable capitalisme à la Suisse, comme Nestlé par exemple... « ... Et de richissimes Américaines dans de richissimes palaces soignées par de richissimes docteurs jugés par de richissimes magistrats. Et tout ce monde roule roule dans de richissimes voitures. A carrosseries bien ouvragées immatriculées. ... », une Suisse comme la décrit Hélène Bessette dans sa Suite Suisse et puis, si ces Suisses respectaient leur propre légende de montagnards et de défense de la qualité de l'alpage, de ses habitants et de son paysage... ce serait dans la ligne de ce Guillaume mythique... Mais regarde ce qu'ils font à ce Guillaume Tell écologiste qu'est Marco Camenisch... Depuis les années qu'ils le tiennent serré en prison... Non, la Suisse n'est pas ce qu'elle aurait dû être dans sa légende généreuse de ce Guillaume montagnard repoussant le pouvoir et la domination, de ce défenseur des paysans libres de l'arc alpin... Cela dit, cette chanson, moi aussi, elle me fait beaucoup rire ( j'aime beaucoup l'abricot... C'est très suisse l'abricot...) et ce Guillaume Tell d'opérette, complètement bourré qui fout une trouille phénoménale à son fils... Un héros national « al rovescio »... « à l’envers »… Un efficace anti-mythe... le nationalisme plaqué or s'effondre sous le rire... Pour ce que rire est le propre de l'homme... Une autre manière de tisser le linceul de ce vieux monde avaricieux et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





Je suis le fils de Guillaume Tell, qui était un grand homme
Mais voilà, de moi, les gens ne souviennent pas, même pas de mon nom
Et pensez que c'était moi, ce garçon avec la pomme sur la tête
Et je ne pouvais pas trembler et je priais : « Espérons qu'il la touche... »
Et les gens me regardaient tous, ils me regardaient de leur fenêtre
Tous les yeux me fixaient, mais moi, je regardais l'arbalète...

« Papa, papa... Si on essayait avec une pastèque... »
« Il ne faut pas douter de moi, mon fils, tu sais que ça me fâche ! »
« Papa, papa... Au moins avec un melon... »
« C'est pas possible, mon fils, tu le sais... et puis, ce n'est pas la saison... »
« Papa, papa... Alors avec un pamplemousse... »
« Ne crains rien, mon fils; ton papa s'appelle Guillaume ! »

À y penser, ce n'est pas si bien ... d'être le fils de Guillaume Tell
Car depuis ce jour-là, je me promène avec un lange
Moi, je suis content pour mon papa, qui est devenu un héros national
Mais depuis lors, quand je vois une pomme, je me sens mal... mais mal.

Papa était déjà au fond, déjà il réglait la mire
Et moi, j'avais des sueurs froides car il continuait à boire, à boire des bières...
« Arrête de boire, papa, autrement tu vas voir double »
« N'aie pas peur mon fils, au pire... je te tue ! »
Voilà, je l'entends... Je le sens... Là, il tire !
Quel est le rigolo qui a dit
Comme qui dirait :
« On essaye avec un abricot? »

À y penser, ce n'est pas si bien ... d'être le fils de Guillaume Tell
Car depuis ce jour-là, je me promène avec un lange
Moi, je suis content pour mon papa, qui est devenu un héros national
Mais depuis lors, quand je vois une pomme, je me sens mal... mais mal.

Je suis le fils de Guillaume Tell

Qui ne s'est jamais abaissé à saluer un chapeau.