mardi 6 février 2018

LES ESCROCS

LES ESCROCS


Version française – LES ESCROCS – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson italienne – Gli imbroglioni – Giorgio Gaber – 1963
Paroles : Giorgio Gaber
Musiq
ue : Giorgio Gaber et Umberto Simonetta






Dans cette chanson, il y a une strophe prophétique qui m’a laissé pantoisElle date en effet de 1963, et Gaber ne pouvait certainement pas savoir que quelques années plus tard, en 1977, notre binamé Silvio Berlusconi – présent ! – serait été revêtu des honneurs de Chevalier du Travail en ayant précisément 40 ans !

Dialogue Maïeutique

Connaissez-vous un pays où un repris de justice est hissé à la tête du gouvernement ? Oui, auraient répondu les Allemands vers 1933. Connaissez-vous un pays où un escroc est hissé à la tête du gouvernement ? Oui, répondraient les Zétazuniens de maintenant. La chanson pose le même rébus en italien et le chœur de répondre : oui, chez nous disent les Italiens, on en connaît même plusieurs et le plus valeureux d’entre eux, malgré sa santé chancelante de vieillard libidineux, a un retour de flammes et entre deux quintes, il se verrait bien reconduire un gouvernement ; si ce n’est finir tout bonnement président de la République (ou de ce qu’il en resterait).
Pauvre Italie, dit Lucien l’âne, elle doit se tracasser avec tout ce qu’elle va devoir encore avaler. Mais, comme dit ma grand-mère, qui n’a pas ses petits soucis ? Tout cela sans compter le Brésil, l’Argentine, la Turquie et j’en passe des quantités. Mais qu’y faire ? Ainsi va le monde et il ira ainsi tant que durera la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres pour maintenir leurs privilèges, leurs richesses, étendre leur domination et satisfaire leurs infantiles ambitions. Allons, Marco Valdo M.I. mon ami, ne te décourage pas, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde où prospèrent les embrouilles, fourmillent les escrocs, un monde peu ragoûtant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Connaissez-vous ce pays
Où les orangers et les citronniers fleurissent
Et où les escrocs vivent tranquilles ?

On commence vite
Dès l’enfance, par des escroqueries tout petites
Pour se rendre un peu plus malin,
On change les points du bulletin.

À seize ans, le cœur s’enflamme
En cachette de papa et maman
Et s’épanchent les instincts de la race
En séduisant la première fille.

La la la la la...

Connaissez-vous ce pays
Où il y le soleil et la mer, de la musique
Et où les escrocs vivent tranquilles ?

À vingt ans, on se débrouille
Pour sauter le service militaire ;
On peut même obtenir, avec l’embrouille,
Une honnête licence de docteur.

À trente ans, il y a la famille
Et on trompe sa femme
Puis, pour vivre comme il faut,
Il y reste l’habituel système du faux.

La la la la la...

Connaissez-vous ce pays
D’amour ardent, de passions folles
Où les escrocs vivent tranquilles ?

À quarante ans, experts dans le métier,
On est fait chevalier.
Si on ne glisse pas sur des peaux de bananes,
On embrouille le fisc et les douanes.

À cent ans, on se repose finalement
Après une vie laborieuse
Et on meurt avec la nostalgie ravageuse
De ne pas pouvoir embrouiller le temps.

La la la la la...

Connaissez-vous ce pays
Où les orangers et les citronniers fleurissent
Et où les escrocs vivent tranquilles ?

Les escrocs, les escrocs,
Les escrocs, les escrocs…

PAATRIIE


PAATRIIE



Version française – PAATRIIE – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson allemande – FaaterlandFloh De Cologne – 1983
Paroles : Hansi Frank
Musique : Dick Städtler et Vridolin Enxing





Une des dernières chansons du collectif politico-musical allemand Floh De Cologne, qui s’est dissous en 1983 après plus de 15 ans d’existence.


Dialogue Maïeutique

Mon ami Lucien l’âne, je trouve toujours un peu de temps pour faire une version française de chansons allemandes, surtout de celles qui mettent au clair l’existence d’une « autre Allemagne », qui font entendre des voix allemandes contre la guerre, contre le nationalisme, cette peste qui hante encore les populations de ce cœur de l’Europe. Pas seulement elles, je te l’accorde, car ce mal est universel ; mais nous nous en tiendrons là, je veux dire à ce Faaterland que j’ai traduit par PAATRIIE pour lui garder sa saveur de dérision. Quant à ce nationalisme allemand, dont on connaît le caractère extrêmement redoutable, il faut rappeler encore et toujours que les premières victimes de cette hydre germanique ont été les gens d’Allemagne eux-mêmes ; les débordements hors frontières sont venus plus tard ; précisément après que ces gens d’Allemagne eurent été vaincus, laminés et pour tout dire, éliminés ; tout avait commencé par des assassinats individuels, effectués en douce, sous le manteau. Ce sont ces mêmes gens d’Allemagne qui seraient à nouveau les cibles de cette « bête immonde », si on la laissait à nouveau sortir de son trou et déployer ses ambitions.

Évidemment, Marco Valdo M.I. mon ami, il est important et salutaire de diffuser ces voix allemandes qui mettent elles aussi en garde contre la PAATRIIE, car elles montrent qu’il ne faut pas désespérer de l’espèce humaine, même en territoire germanique. Mais aussi, car elles permettent de corriger certain strabisme ou que sais-je ?, certaine vision biaisée qui laisse a priori penser que toute l’Allemagne, tous les Allemands sont des nationalistes invétérés. Et puis, il est toujours bon de contrer ce discours haineux et inclusif où qu’on soit, car la nation et son corollaire de la patrie ne sont pas des exclusivités allemandes et sont tout aussi toxiques dans n’importe quel coin du monde.

Comme tu peux le présager, reprend Marco Valdo M.I., de ce que je viens de dire et du titre de la chanson, il s’agit d’une interpellation pleine d’acide ironique, lancée à pleine voix contre ce fondement de tout nationalisme : la Patrie. Toutefois, rassure-toi, la chanson ne formule pas un discours théorique – même si ce dernier est bien là en arrière-plan, jamais directement exprimé et toujours présent. Elle procède kaléidoscopiquement par petites scènes, qui édifient ainsi les auditeurs ; des scénettes qui montrent crûment où a mené dans le passé, cet attachement troupal et grégaire à la Patrie, à la nation, ajoutons-y pour faire bonne mesure au peuple et à la race et les résultats qu’on peut attendre d’une telle dérive. Cependant, il y a la conclusion où s’exprime clairement la position que la chanson propose de prendre face (si j’ose ainsi dire) à la Patrie.

Fort bien, dit Lucien l’âne. En effet, quand on lit la fin de la chanson, on comprend que ce côté « face » serait plutôt un côté « pile », ah, ah. Cela dit, nous devons à présent reprendre notre tâche et recommencer à tisser le linceul de ce vieux monde guerrier, national, patriote et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Mon Papi avait une petite maison ;
En 41, une bombe frappa la maison ;
La maisonnette a brûlé avec Mamie
Pour la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !

Mon oncle est tombé dans la boue la plus noire,
Une salve lui
avait arraché la mâchoire.
Personne na retrouvé cette partie
Dans la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !

Mon grand frère était avec Rommel
Ils firent de la bouille de sa cervelle
Alors, il perdit l’esprit
Pour l
a Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !

J’étais dans les bras de ma mère
Dans la ville, il y a eu une al
erte
Elle
s’est coagulée autour de ma vie
Pour l
a Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !
Pour la patrie.

C’est pourquoi j’ai de bonnes raisons
De faire à la PAAAAtriiie cette proposition :
Déposez arme !
Et marche ! Marche !
Lèchez-moi le cul
Lèchez-moi le cul, le cul, le cul…


L'Autre Côté du Mur

L'Autre Côté du Mur

Chanson française – Marco Valdo M.I. - 2009



Le Mur est tombé, c'est sûr ! Mais que d'un seul côté...
Il nous reste à abattre l'autre côté du mur...
Le côté de la misère et de l'exploitation, celui du chômage, celui de la richesse qui se nourrit de la pauvreté... Il nous reste à abattre le libéralisme qui pour assurer ses revenus et sa domination tue et les hommes en tant qu'individus, que peuples et qu'espèce et détruit la planète.
J'en ferais bien une petite chanson... avait dit Marco Valdo M.I. en commentaire à la chanson de Klein Orkest – Over de Muur.
et bien la voici.
Qu'on en s'y trompe pas, L'Autre Côté du Mur n'a rien d'un « Sunny side of the street ».
Sans doute pourrait-elle être plus inspirée, sans doute peut-on dire les choses différemment, sans doute... Cela m'est bien égal, pourvu qu'on les dise !




Il y a toujours deux côtés à un mur
dit le maçon
Et des deux côtés, d'un côté comme de l'autre
Il y a la vie

D'abord, on construit le mur
pour protéger, pour séparer,
Et des deux côtés, d'un côté comme de l'autre
Il y a la vie

Chacun chez soi de son côté du mur
Fait ce qu'il veut
Et des deux côtés, d'un côté comme de l'autre
C'est la vie

Sauf au zénith, à midi ou à minuit, le mur
A toujours un côté à l'ombre
Alternativement, d'un côté comme de l'autre
C'est la vie

Après bien des combats, on abat le mur
D'un seul côté,
On exulte, d'un côté comme de l'autre
C'est la vie

On abat en même temps que le mur
Toute une vie collective
On étend la misère d'un côté, comme de l'autre
C'est la vie

La liberté d'exploiter passe derrière le mur
On crée le chômage individualisé
richesse d'un côté, pauvreté de l'autre
C'est la vie

On libère le personnel, de l'autre côté du mur
On liquide l'usine
Enrichissement d'un côté, amincissement de l'autre
C'est la vie

Les Chevaliers à la conquête derrière le mur
Prennent et pillent
Entreprise d'un côté, colonie de l'autre.
C'est la vie.

On avait oublié que comme un mur
A deux côtés
Il faut abattre un côté, puis l'autre.
C'est la vie.

La dictature d'un parti a construit le mur
Les gens de là-bas l'ont fait tomber
Ils ont abattu un côté, on doit abattre l'autre
C'est la vie.

La météo parle du mur
Les temps changent
Un côté est abattu, on va abattre l'autre
C'est l'avenir.

Vouloir faire disparaître ce mur
Tombé dans le passé
d'un seul côté et maintenant, abattre l'autre
C'est la révolution !