jeudi 6 novembre 2014

MARCHE 1945

MARCHE 1945


Version française – MARCHE 1945 – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Marschlied 1945Erich Kästner1945

Texte d'Erich Kästner, composé à l'époque de son engagement dans les productions de cabaret littéraire à Die Schaubude de Munich (1945-48).
Musique d'Edmund Nick (1891-1974), compositeur et directeur musical allemand




Allemagne, 1945. Une route de campagne. L'épave d'un char dans un champ. Une jeune femme vêtue avec des vêtements d'homme, une vieille veste et un sorte de pantalon usé, en chemin vers on ne sait où. Tout ce qui lui est resté : un sac à dos, une valise et la tête encore sur le cou, seulement la vie, sur le fond d'une Allemagne détruite…


Au cours des trente dernières semaines
J'ai beaucoup erré par les forêts et les prés.
Et ainsi ma chemise a crevé,
À ne plus pouvoir la mettre.
Je portais des souliers sans semelle,
Et mon sac à dos est mon seul bagage.
Les Polonais ont pris mes meubles
Et la Dresdner Bank, mon argent.
Sans patrie et sans famille,
Sans avenir, sans présent,
Voilà bien la fameuse
Décadence de l'Occident !

À gauche, deux, trois, quatre,
À gauche, deux, trois –
Ici est ici ! Je n'ai rien d'autre :
À gauche, deux, trois, quatre,
À gauche, deux, trois –
Si j'ai ma tête, moi j'ai encore ma tête
Solidement plantée sur mes épaules.

Je suis une plante de grande ville.
Qui ne vaut pas lerche.
Ni fière, ni brillante, ni exubérante,
Mais plutôt le contraire.
Quand même, les villes meurent…
Le ciel les a tuées…
Sous des gerbes de phosphore et d'acier
Pour cela nous étions assez bonnes.
Si les autres devaient vivre,
Ce qui durant six ans nous est arrivé –
Mais nous ne voulons pas nous vanter.
En plus, il n'y a pas de quoi rire.

À gauche, deux, trois, quatre,
À gauche, deux, trois –
Ici est ici ! Ce que j'ai, est tout juste :
À gauche, deux, trois, quatre,
À gauche, deux, trois –
J'ai ma tête, moi j'ai encore ma tête
Solidement plantée sur mes épaules.

Je porte des chaussures sans semelle.
Dans mon pantalon, le vent siffle.
Mais le diable me prendra,
Si je ne trouve pas de toit.
Aux fenêtres, qui sont
Dans l'obscurité, la lumière cligne.
Mais pas dans toutes les maisons.
Non, vraiment pas dans toutes…
Mille ans ont passé
Emportant la moustache et le chancelier.
Et maintenant il faut : Commencer sans retard !
En avant marche ! Bientôt, il sera trop tard !

À gauche, deux, trois, quatre,
À gauche, deux, trois –
Du Memel au Palatinat, En avant marche, !
Crachez dans la main et tractez la valise.
À gauche, deux, trois, quatre,
À gauche, deux, trois –
Nous avons notre tête, nous avons encore notre tête
Solidement plantée sur
nos épaules.