ESPLANADE
Version
française – ESPLANADE
– Marco
Valdo M.I. - 2019
d’après
la version italienne – ESPLANADI
de Riccardo Venturi
de
la version anglaise – ESPLANADE
de
Juha Rämö
Paroles:
Keijo Räikkönen
Musique:
Pertti Reponen - Keijo Räikkönen - Juhani Joutsenniemi
C’est
l’histoire de la descente aux enfers d’un homme qui a perdu son
emploi ; en résumé, voici l’histoire de cette chanson du
Hootenanny Trio, formé en 1964 par Pertti Reponen (1941-1998), Keijo
Räikkönen (1945) et Juhani Joutsenniemi, et dissous en 1971 avec
trois albums à son crédit. Le titre provient du premier album du
même nom, Esplanadi de 1966. L’Esplanadi (c’est-à-dire
"Spianata", dérivée de l’esplanade française, en
italien "piazzale") est, comme chacun sait, le "salon"
d’Helsinki : un parc carré et urbain de grande beauté, construit
en 1818 par l’architecte Carl Ludwig Engel. Sur l’Esplanadi, il y
a le restaurant Kappeli, un endroit luxueux où l’homme va boire
son dernier centime et se soûler au whisky. C’est au matin qu’il
apprend qu’il a été viré, qu’il est malade, qu’il n’a plus
un sou ni rien à manger ou à boire et qu’il doit payer son loyer.
Il prend une valise et se rend à pied chez sa grand-mère dans un
village rural au nord d’Helsinki. Il est facile de se représenter
le petit garçon de la campagne qui est allé travailler dans la
grande ville. Mais personne ne se soucie de sa douleur et de sa
souffrance : « Allez à l’aide sociale ! ».
Mais il ne trouve aucune écoute à l’aide sociale. Même ses
chaussures sont cassées et il continue pieds nus jusqu’à ce qu’on
le retrouve mort dans la neige, au milieu d’une rue. On
vit donc dans un « État social » merveilleusement beau, et cela en
Finlande. Figurons-nous chez nous. Autant dire : on perd son emploi
et on n’est plus personne. On peut même mourir tranquillement en
allant chez sa grand-mère. [RV]
Cette
nuit-là, j’étais seul avec ma peine.
Le
long de l’Esplanade, il pleuvait.
Et,
je m’en fus, mon frère,
Boire
chez Kappeli
Et
quand à la tête m’est monté le whisky,
Sans
plus m’inquiéter du temps qu’il faisait,
Toutes
mes peines et mes tracas ont disparus,
Ont
disparus.
Au
matin, je suis rentré, j’ai pris la rampe,
Le
concierge m’a dit bonjour, j’ai dit bonne nuit.
Je
suis monté chez moi me jeter sur mon lit.
Je
me frottais les tempes,
Je
me sentais malade, en somme,
Comme
peut l’être un homme
Qui
traîne ses peines partout avec lui,
Ses
peines partout avec lui.
Réveillé
le soir par l’appel du téléphone,
J’ai
décroché ; je marmonnais contre le jour,
Des
cloches sonnaient dans ma tête
Qui
se répercutaient jusqu’à Hambourg.
Je
me sentais malade, en somme,
Comme
peut l’être un homme
Qui
traîne ses peines partout avec lui,
Ses
peines partout avec lui.
Le
téléphone disait que j’avais été viré.
Alors,
j’ouvris l’armoire pour prendre ma valise,
Je
n’avais plus de monnaie pour manger,
Ou
boire, ou payer mon loyer ;
J’étais
pauvre comme un rat d’église.
Ce
monde ne me comprenait pas à moitié,
J’ai
le droit d’être triste de temps en temps,
Le
droit d’être triste de temps en temps.
Alors,
je suis parti chez ma grand-mère,
Mes
chaussures lâchèrent avant Hollola.
Mais
les gens se fichent de mes ohlalas,
Et
ignorent mes misères,
Ils
m’ont dit : « Il faut demander de l’aide,
Ou
tu es foutu. » ; je n’en ai pas reçu
Et
j’ai continué vers chez grand-mère,
Mais
à pieds nus.
Dès
l’aurore, sur le sol couvert de neige,
La
police a ramassé mon corps sur la route,
Pour
que les véhicules ne soient pas gênés
Et
que les gens ne soient pas horrifiés.
Ainsi
quand un homme lâche la bonde,
Tout
le conduit à une issue fatale,
Dans
le merveilleux monde
De
ce fabuleux État
social.