mardi 21 novembre 2017

MONSIEUR LE PRÉSIDENT (MOI, JE NE VEUX PAS TRAVAILLER)

MONSIEUR LE PRÉSIDENT

(MOI, JE NE VEUX PAS TRAVAILLER)

Version française – MONSIEUR LE PRÉSIDENT (MOI, JE NE VEUX PAS TRAVAILLER) – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italiennePresidente (io non voglio lavorare)Mercanti di Storie – 2011




Comme tu peux le supposer en lisant le titre et ce qu’il dit entre parenthèses, Lucien l’âne mon ami, c’est la chanson d’un gars qui ne veut plus travailler et qui s’adresse au président pour le lui signifier. C’est une sorte de déserteur, mais du champ de bataille qu’est le travail. Pour ce faire, comme dans la chanson de Vian, le protagoniste écrit une lettre au Président – ici, de l’Italie, mais ce pourrait être de n’importe quel pays et il pourrait s’agir de n’importe quel chef d’État, quel que soit son titre : Président, Roi ou Reine, Empereur ou Impératrice, Rais, Ras, Secrétaire Général, Prince ou Grand-Duc, Duce, Conducator, Caudillo et autres Chefs.


Si je t’entends bien, Marco Valdo M.I. mon ami, il s’agit là d’une chanson inspirée de la chanson Le Déserteur, mais transposée ailleurs et dans la Guerre de Cent Mille Ans où les riches et les puissants imposent par la force le travail aux pauvres, afin d’en tirer les plus amples profits et bénéfices. 

C’est bien ça, Lucien l’âne mon ami. C’est une chanson qui mêle une série de thèmes chers à Boris Vian et Henri Salvador et à des tas d’autres également, mais si je cite ces deux noms, c’est que la chanson est nettement inspirée du Déserteur de Boris Vian et d’Henri Salvador qui interpréta si bien des chansons contre le travail, notamment « Je peux pas travailler », de Boris Vian également et « Le Travail, c’est la Santé ! » . Je raconte ça, car la version française que je présente a rétabli plus nettement cette filiation, notamment par son interpellation récurrente « Monsieur le Président », là où la chanson italienne dit simplement « Presidente » et l’assortit d’une autre titre : roi, empereur, d’où ma précédente énumération.

Si je comprends bien, dit Lucien l’âne, le gars dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas et fait écho à cette allergie au travail qui touche nombre d’entre les humains, surtout quand il s’agit d’un travail mercenaire, d’une activité répétitive sans grand intérêt et même, sans intérêt du tout, comme c’est le cas pour la plupart des « jobs » la plupart du temps, le tout généralement enrobé dans la maxime aussi libérale, imbécile qu’inquiétante qui dit que « Le Travail rend libre » – en langue originale : « Arbeit macht frei ». Mais voyons donc cette chanson et puis, reprenons notre tâche libre et volontaire et tissons le linceul de ce vieux monde zélé, travailleur, actif, créatif et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Monsieur le Président,
Je vous fais cette lettre
Une chansonnette, peut-être
Pour vous dire simplement
Que j’ai décidé
Que le moment est venu de parler.
Monsieur le Président,
Je ne veux plus pourrir,
Je ne veux pas mourir
Pour un patron, pour l’État
Ou en tombant d’un toit.

Je ne veux plus obtempérer,
Je ne veux plus travailler,
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
Dans les bras de femmes aimées

Monsieur le Président,
Messieurs de l’opposition,
Je vous chante ma chanson
Pour vous dire à présent :
Il faut que vous sachiez
Que j’ai perdu ma mère.
Dans la guerre du travail, mon père
Un jour s’en est allé.
Larmes et départs affligés
J’en ai déjà tellement vécus
Que vraiment, je n’en veux plus.
Je ne veux plus obtempérer
Je ne veux plus travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
À baiser les lèvres de femmes aimées

Monsieur le Président
Cette chanson-missive
Est une bombe en même temps
Car il faut que je vous dise
Le vôtre et le mien
Est un pays plein
De mondaines, d’incompétents,
De funambules arrivistes
Indifférents, un peu fascistes
Moi, je veux un pays entier
Où on ne doit pas travailler
Pour juste consommer et crever.

Je ne veux pas travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
Dans les bras de femmes aimées
Je ne veux pas travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
À baiser les lèvres de femmes aimées

Monsieur le Président, cher ami,
J’en termine ici,
Salut et fraternité !
Et mes respects à votre moitié,
Celle qui est la plus chère
Et majeure, j’espère.
S’il faut verser le sang,
Je vous le dis respectueusement,
Versez d’abord le vôtre,
Monsieur le Président
Et prévenez vos gendarmes
Que je ne porte pas d’armes.

Je ne veux pas travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
À baiser les lèvres de femmes aimées
Je ne veux pas travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et si on veut me tuer,
Avec une femme aimée,
On pourra me trouver.