dimanche 17 avril 2016

ZOMBIES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !


ZOMBIES DE TOUS LES PAYS, 

UNISSEZ-VOUS !

Version française – ZOMBIES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne – Zombie di tutto il mondo unitevi – Gianfranco Manfredi – 1977
Avec Ricky Gianco





Dialogue maïeutique


Ah, Lucien l’âne mon ami, je viens e faire une version française d’une canzone qui porte le titre étourdissant : « ZOMBIES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! », qui sans aucun doute va t’étonner ou t’enthousiasmer, je ne sais. Moi, à le lire, j’exultais autant que lorsque j’avais trouvé « Fanatiques de tous les pays, calmez-vous ! ». C’est une chanson étrange et plus étrange encore est l’histoire qu’elle raconte et la façon dont elle la raconte.


Il me semble, dit Lucien l’âne un peu pantois. Rien qu’à son titre, elle me paraît véritablement intrigante. C’est un titre qui entremêle deux mondes qui ordinairement ne se rencontrent pas : celui des zombies qui relève du fantastique et celui des prolétaires qui relève plus du politique.


Mais comme tu t’en apercevras, Lucien l’âne mon ami, il s’agit de zombies prolétaires, ce qui résout l’apparente contradiction.


Mais que peut bien être un zombie prolétaire ?, demande Lucien l’âne en tendant ses deux oreilles en points d’interrogation.


Je me suis aussi posé la question et je me suis fié à l’imagination des auteurs de la canzone pour percer cette énigme. Ce ne fut pas simple, car il m’a fallu passer au travers de la première barrière : celle de la langue. Pour cela, faisons un petit retour sur ma condition de « traducteur », qui n’est pas simple. Je tiens plus de Champollion se grattant le crâne devant les hiéroglyphes que du traducteur patenté, sorti tout droit d’études appropriées. Le traducteur « professionnel » traduit, car il connaît la langue qu’il traduit et donc, il a compris ce qu’il va traduire. Moi, je fais une version française pour comprendre ce qui est dit dans l’autre langue, dans la langue de l’auteur (ici, l’italien). Je ne comprends véritablement qu’après avoir « traduit ».


Ce sont là deux positions diamétralement opposées, dit Lucien l’âne en riant.


Je te laisse imaginer ma perplexité devant un texte aussi mystérieux.


Dès lors, Marco Valdo M.I., tu as parfaitement raison de parler de « version » ; cependant, je trouve, dit Lucien l’âne, que tu devrais préciser que c’est ta version.


Sûrement. C’est ma version et je ne conseillerais à aucun lecteur de s’y fier plus qu’elle ne le mérite. Pourtant, j’y tiens, car c’est une recréation du texte d’origine ; j’y tiens comme un artisan tient à l’objet qu’il a réalisé. Ma version est là ; on peut la lire, on peut la critiquer et pourquoi pas, la contredire.


Et c’est très bien ainsi, Marco Valdo M.I. mon ami. Maintenant, j’aimerais savoir ce que dit cette chanson bizarre.


Moi aussi ; c’était mon but. Il faut pour ça éclaircir la notion de « zombie ». De quoi s’agit ? Grosso modo, s’entend. En eux mots, les zombies sont des « morts vivants », d’allure translucide, personnages blêmes, qui ont un corps sans véritable substance ; mais ce sont aussi des « morts vivants » dans le sens populaire de personnes qui ont perdu toute énergie, dont la volonté est défaillante et qui de ce fait, sont aisément manipulées à des fins diverses, notamment politiques ; ce que sous-entend le titre « Zombies de tous les pays, unissez-vous ! », titre teinté d’ironie moqueuse lorsqu’il reprend le slogan rabâché « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » dont tant de bonnes âmes ont usé précisément pour manipuler les gens du peuple, les considérant ainsi comme des zombies. On a là une mise en abîme de la société. Mais je trouve que le mieux est de se rapporter au texte.

Ainsi soit-il ! , conclut Lucien l’âne avec le sérieux d’un officiant. C’est ce que je vais faire ; puis, nous reprendrons notre tâche et nous tisserons à nouveau le linceul de ce vieux monde zombifié, manipulé et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Au travers des murs,
Au travers des portes,
Passent les fantômes
Des personnes mortes ;
Passe le désir obscur
De zombies prolétaires
Qui seuls en silence
Font un rêve égalitaire.

Un rêve abandonné
De recomposition
Mais comment recomposer
Un baiser, une émotion ?
Un rêve de suicidé
Qui dit avoir tiré
Dans un cœur inventé ?

Au cœur de l’État
Un rêve chanta
La dernière idéologie.
Je veux sa tête,
La tête de Marie,
Marie qui n’existe pas.
C’est juste une ritournelle.
Marie n’est pas belle
Et son nom ne l’est pas.


À travers mon refus
À travers nos refus
On s’est réfugiés
Sur des mondes séparés
Pour nous communiquer
Le menu de demain
On peut seulement tenter
De faire signe avec les mains,

Faire les simagrées
D’une langue inventée
Qui n’émet pas de sons,
Qui émet seulement un souffle 
Avec l’appréhension
Qu’un intellectuel comprenne 
Le silence-même

Et veuille le faire connaître.
Il nous enlève l’envie encore
De ne rien comprendre
En revivant comme corps
Notre esprit-même. 
Comprendre
Veut dire embrasser,
Veut dire mordre,
Veut dire étrangler.

On sait que la mort
N’est pas si lointaine
C’est nous qui aimons la mort
Ce n’est pas elle qui nous appelle,
Car nous sommes les fantômes
Du fantôme d’Europe
Qui a conservé
Peu de chair et de sang
Et on l’entend soupirer

Profondément
De sa voix de basse :

Zombies du monde entier,
Unissez-vous maintenant !


De tous les marigots
De toutes les galères
En abandonnant les familles
En laissant les drapeaux
Qui veulent panser
Ces corps déchirés.
Nous, on ne les cache pas,
Ces corps cassés.
On y voit au travers et sans berlue,
On y voit loin
Par une transparence absolue
Que l’on touche de la main.

Une transparence qui révèle
Qu’au-delà de cette histoire
Il y en a une plus belle
Ni nostalgie, ni mémoire
Qui conservent nos portraits
De notre enfance
Jusqu’à notre première barbe
C’est l’histoire de nos secrets
L’histoire parallèle
De quand notre hiver d’antan
S’est mué en printemps.