samedi 4 avril 2015

BALLADE DES CUEILLEURS DE COTON

BALLADE DES CUEILLEURS DE COTON


Version française – BALLADE DES CUEILLEURS DE COTON – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson allemande – Ballade Von Den BaumwollpflückernB. Traven1925-29

Texte réélaboré par Ernst Busch à partir du récit de B. Traven, mystérieux écrivain allemand transplanté au Mexique, intitulé « Die Baumwollpflücker », publié en 1925.
Musique de Hanns Eisler, composée en 1929.


Trot, trotte, dehors sur le champ ! Le soleil descend.
L
a balance se balance en grinçant !






B. Traven (1882 ? - Mexico 1969) est le pseudonyme d'un écrivain de langue allemande, dont les autres pseudonymes sont, notamment :Traven Torsvan, Berick Torsvan, Otto Feige. L'identité exacte de cet écrivain demeure en partie un mystère.
Son roman le plus célèbre reste Der Schatz der Sierra Madre, qui a été porté à l'écran par John Huston sous le titre Le Trésor de la Sierra Madre. Depuis au moins 1926, B. Traven a cherché à brouiller les pistes sur son passé : pour lui, seule comptait l'œuvre. En 1982, des recherches sérieuses ont démontré que B. Traven avait été dans son passé acteur et activiste anarchiste sous le nom de Ret Marut, mais aussi traducteur.
Il est l'auteur de plus d'une cinquantaine d'ouvrages et est considéré comme un écrivain majeur du vingtième siècle.
À lire pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/B._Traven



Écoute, Lucien l'âne mon ami, cet extrait de texte de Ret Marut et tiens-toi bien un texte de 1921 :

« Pensez ! Mais vous ne pouvez pas penser, parce qu’il vous faut des statuts, parce que vous avez des administrateurs à élire, parce que vous avez des ministres à introniser, parce que vous ne pouvez pas vivre sans gouvernement, parce que vous ne pouvez pas vivre sans chef.
Vous cédez vos voix pour les perdre, et quand vous voulez vous en servir vous-mêmes, vous n’en disposez plus, et elles vous font défaut parce que vous les avez cédées.
Pensez ! Vous n’avez besoin de rien d’autre. Prenez conscience de la sereine passivité que vous avez en vous, dans laquelle s’enracine votre invincible pouvoir. Laissez d’un cœur apaisé et insouciant s’effondrer la vie économique ; elle ne m’a pas apporté le bonheur et elle ne vous l’apportera pas non plus.
Laissez consciemment pourrir l’industrie, ou c’est elle qui vous pourrira. »,
pour la suite voir : http://www.non-fides.fr/?Contraste .


Je me réjouis de lire ce texte et sans doute d'autres du même auteur, dont on ne peut douter qu'il est anarchiste…


J'ajouterais volontiers qu'il doit bien connaître notre ami le philosophe au grand front, celui-là même qu'il t'arrive encore souvent de relire...


En effet, et il m'amuse beaucoup. Ce qui pour un philosophe est un fameux compliment. Mais, dis-moi, de quoi elle parle cette canzone que tu viens de traduire…


Lucien l'âne mon ami, combien de fois faudra-t-il te dire que je ne traduis pas. J'en serais bien incapable. Je crée une version française et plus exactement, une version en langue française… Ce qui est loin d’être une traduction. En fait, pour mieux me faire comprendre, c'est comme si je me faisais la chanson à la manière d'un peintre qui – à sa main – refait un paysage, par exemple. Je m'imagine en langue française cette chanson… Donc, elle raconte l'histoire ou plutôt, elle rapporte le flux de pensées d'un cueilleur de coton, qui soliloque sur sa propre vie… Autrement dit, qui se raconte à lui-même sa vie… Pour le reste, écoute la chanson… ou lis ma version, comme tu voudras.


Cueilleur de coton… C'est un travail exténuant, presque autant que le travail de l'âne et sans doute, tout aussi méprisé. Alors, je m'en vais me plonger dans ta version et puis, nous reprendrons notre tâche, celle que nous nous sommes donnée à nous-mêmes et tissons ensemble, tout comme le fit Ret Marut tout au long de sa vie, tissons le linceul de ce vieux monde cotonneux, exploiteur, trop souvent encore esclavagiste et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le citoyen porte mon cadeau,
Le millionnaire, le président.
Mais moi,
minable cueilleur,
Dans
ma poche, pas d'argent.
Trot, trotte, sur le champ !
Le soleil s
e lève maintenant
Serre solidement
Autour du sac, la sangle !
Entends-tu crisser la balance ?

Mon seul repas, des haricots noirs,
Dedans au lieu de viande, du poivre noir,
Ma chemise a mangé le buisson,
Puisque je suis un cueilleur de coton.

J'ai un vieux chapeau
De paille, mais aucun brin n'est bon,
Et je dois le garder, ce chapeau
Car je ne peux pas cueillir, sinon.
Trot, trotte, sur le champ !
Le soleil se lève maintenant
Serre solidement
Autour du sac, la sangle !
Entends-tu crisser la balance ?


Je suis couvert de poux, un vagabond, Ça doit être ainsi et c'est bien,
Car si je n
'étais pas un pauvre chien, Il n'y aurait pas de coton.
Trot, trotte, dehors sur le champ !
Le soleil descend.
L
a balance se balance en grinçant !