Texte
réélaboré par Ernst Busch à partir du récit de B. Traven,
mystérieux écrivain allemand transplanté au Mexique, intitulé
« Die Baumwollpflücker », publié en 1925.
Musique de Hanns Eisler, composée en 1929.
Musique de Hanns Eisler, composée en 1929.
Trot, trotte, dehors sur le champ ! Le soleil descend. La balance se balance en grinçant ! |
B.
Traven (1882 ? - Mexico 1969) est le pseudonyme d'un
écrivain de langue allemande, dont les autres pseudonymes sont,
notamment :Traven Torsvan, Berick Torsvan, Otto Feige.
L'identité exacte de cet écrivain demeure en partie un mystère.
Son
roman le plus célèbre reste Der Schatz der Sierra Madre, qui a
été porté à l'écran par John
Huston sous le titre Le
Trésor de la Sierra Madre. Depuis au moins 1926, B. Traven a
cherché à brouiller les pistes sur son passé : pour lui,
seule comptait l'œuvre. En 1982, des recherches sérieuses ont
démontré que B. Traven avait été dans son passé acteur et
activiste anarchiste
sous le nom de Ret Marut, mais aussi traducteur.
Il
est l'auteur de plus d'une cinquantaine d'ouvrages et est considéré
comme un écrivain majeur du vingtième siècle.
À
lire pour en savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/B._Traven
Écoute,
Lucien l'âne mon ami, cet extrait de texte de Ret Marut et tiens-toi
bien un texte de 1921 :
« Pensez !
Mais vous ne pouvez pas penser, parce qu’il vous faut des statuts,
parce que vous avez des administrateurs à élire, parce que vous
avez des ministres à introniser, parce que vous ne pouvez pas vivre
sans gouvernement, parce que vous ne pouvez pas vivre sans chef.
Vous
cédez vos voix pour les perdre, et quand vous voulez vous en servir
vous-mêmes, vous n’en disposez plus, et elles vous font défaut
parce que vous les avez cédées.
Pensez !
Vous n’avez besoin de rien d’autre. Prenez conscience de la
sereine passivité que vous avez en vous, dans laquelle s’enracine
votre invincible pouvoir. Laissez d’un cœur
apaisé et insouciant s’effondrer la vie économique ; elle ne
m’a pas apporté le bonheur et elle ne vous l’apportera pas non
plus.
Laissez consciemment pourrir l’industrie, ou c’est elle qui vous pourrira. », pour la suite voir : http://www.non-fides.fr/?Contraste .
Laissez consciemment pourrir l’industrie, ou c’est elle qui vous pourrira. », pour la suite voir : http://www.non-fides.fr/?Contraste .
Je
me réjouis de lire ce texte et sans doute d'autres du même auteur,
dont on ne peut douter qu'il est anarchiste…
J'ajouterais
volontiers qu'il doit bien connaître notre ami le philosophe au
grand front, celui-là même qu'il t'arrive encore souvent de
relire...
En
effet, et il m'amuse beaucoup. Ce qui pour un philosophe est un
fameux compliment. Mais, dis-moi, de quoi elle parle cette canzone
que tu viens de traduire…
Lucien
l'âne mon ami, combien de fois faudra-t-il te dire que je ne traduis
pas. J'en serais bien incapable. Je crée une version française et
plus exactement, une version en langue française… Ce qui est loin
d’être une traduction. En fait, pour mieux me faire comprendre,
c'est comme si je me faisais la chanson à la manière d'un peintre
qui – à sa main – refait un paysage, par exemple. Je m'imagine
en langue française cette chanson… Donc, elle raconte l'histoire
ou plutôt, elle rapporte le flux de pensées d'un cueilleur de
coton, qui soliloque sur sa propre vie… Autrement dit, qui se
raconte à lui-même sa vie… Pour le reste, écoute la chanson…
ou lis ma version, comme tu voudras.
Cueilleur
de coton… C'est un travail exténuant, presque autant que le
travail de l'âne et sans doute, tout aussi méprisé. Alors, je m'en
vais me plonger dans ta version et puis, nous reprendrons notre
tâche, celle que nous nous sommes donnée à nous-mêmes et tissons
ensemble, tout comme le fit Ret Marut tout au long de sa vie, tissons
le linceul de ce vieux monde cotonneux, exploiteur, trop souvent
encore esclavagiste et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le
citoyen porte mon cadeau,
Le millionnaire, le président.
Mais moi, minable cueilleur,
Dans ma poche, pas d'argent.
Trot, trotte, sur le champ !
Le soleil se lève maintenant
Serre solidement
Le millionnaire, le président.
Mais moi, minable cueilleur,
Dans ma poche, pas d'argent.
Trot, trotte, sur le champ !
Le soleil se lève maintenant
Serre solidement
Mon
seul repas, des haricots noirs,
Dedans au lieu de viande, du poivre noir,
Ma chemise a mangé le buisson,
Puisque je suis un cueilleur de coton.
Dedans au lieu de viande, du poivre noir,
Ma chemise a mangé le buisson,
Puisque je suis un cueilleur de coton.
J'ai
un vieux chapeau
De paille, mais aucun brin n'est bon,
Et je dois le garder, ce chapeau
Car je ne peux pas cueillir, sinon.
Trot, trotte, sur le champ !
Le soleil se lève maintenant
Serre solidement
De paille, mais aucun brin n'est bon,
Et je dois le garder, ce chapeau
Car je ne peux pas cueillir, sinon.
Trot, trotte, sur le champ !
Le soleil se lève maintenant
Serre solidement
Je
suis couvert de poux,
un vagabond, Ça
doit être ainsi et
c'est bien,
Car si je n'étais pas un pauvre chien, Il n'y aurait pas de coton.
Trot, trotte, dehors sur le champ ! Le soleil descend.
La balance se balance en grinçant !
Car si je n'étais pas un pauvre chien, Il n'y aurait pas de coton.
Trot, trotte, dehors sur le champ ! Le soleil descend.
La balance se balance en grinçant !