CHANT DU CAMP DE LICHTEMBOURG
Version française – CHANT DU CAMP DE LICHTEMBOURG – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson en langue allemande – Lichtenburger Lagerlied – Aleksander Kulisiewicz – 1979
tiré de
Aleksander
Kulisiewicz : Songs From The Depths Of Hell
Folkways
Records Album N° FSS 37700 (1979)
PDF Booklet Available
Annotated by Peter Wortsman
La
couverture de cet album, inspirée de cette chanson, est de Gertrude
Degenhardt, épouse
de
Franz-Josef
Degenhardt.
Holdari, faldara ! Holdari, faldara ! Lichtembourg, adieu !
Libération - Reynold Arnould - 1945
Alexandre Kulisiewicz est né en 1918 à Cracovie d’une famille d’origine tzigane. Il sait à peine lire que déjà il joue du violon, et à dix ans intègre un orchestre professionnel. Quand il se brûle trois doigts de la main gauche, il doit mettre un terme à sa carrière d’instrumentiste. Il devient alors siffleur virtuose, spécialité très appréciée à l’époque, qui l’amène à se produire dans toutes les grandes villes d’Europe. À la veille de la guerre, et parallèlement à son activité artistique il devient responsable de la presse au bureau de la « Fédération de la Jeunesse Démocratique », d’où il lance un appel à la paix. Il ne sera pas entendu. 1939. La guerre éclate. Les nazis occupent la Pologne. Kulisiewicz est arrêté comme agitateur et expédié au camp de concentration de Sachsenhausen. Il y restera jusqu’à la libération en 1945. En 1943, dans le cadre de leurs « expériences scientifiques », les nazis pratiquent sur Kulisiewicz à plusieurs reprises des injections de cultures diphtériques. Il faudra l’intervention clandestine des camarades médecins du « Revier » – « l’hôpital » du camp – pour en neutraliser le développement fatal. Kulisiewicz tient bon. Il survivra pour témoigner. À la libération, sur son lit de l’hôpital de Cracovie, il dictera 716 pages de chants et de poèmes en quatre langues écrits dans les camps. Depuis il n’a cessé de grossir ce qui constitue les plus importantes archives d’Europe consacrées aux œuvres musicales et artistiques de l’univers concentrationnaire. Enfin il parcourt le monde pour faire entendre ces « chants de l’enfer ». Alexandre Kulisiewicz affirme : « Je ne chante ni pour l’argent, ni pour la gloire. J’exécute le testament de mes compagnons de misère dont la voix s’est tue dans l’enfer des camps nazis. Je souhaite de tout mon cœur et je lutte pour que jamais plus et nulle part au monde ne renaissent de tels chants. ».
Chanteur et auteur-compositeur amateur, Kulisiewicz a composé 54 chansons pendant près de six ans d’emprisonnement à Sachsenhausen. Après la libération, il s’est souvenu de ses chansons, ainsi que de celles apprises auprès de ses codétenus, en dictant à son infirmier des centaines de pages.
Camp de Lichtembourg
Nous te laissons
Parents, femme et enfants
Se réjouiront
Quand on sera de retour
Tout près d’eux.
Holdari, faldara !
Holdari, faldara !
Lichtembourg, adieu !
Jamais
personne
n’est
resté
Volontiers ici, alors
Quand pour nous refleurira la liberté
Qui est notre vrai trésor,
Car chez toi, un long séjour
Pour tous est trop lourd.
Holdari, faldara !
Holdari, faldara !
Adieu Lichtembourg !
Quand hors de tes murs
Heureux on sortira,
Personne de nous dira
« À la revoyure ! »
Pour nous, nous séparer de toi,
Il n’y a rien de mieux.
Holdari, faldara !
Holdari, faldara !
Lichtembourg, adieu !