lundi 2 février 2015

Les Chouettes Crucifiées

Les Chouettes Crucifiées

Chanson française – Les Chouettes Crucifiées – Marco Valdo M.I.– 2015






Mon ami Lucien l'âne, tu sais que le lendemain de leur assassinat par des déments – vrais cons cagoulés en vengeurs d'un quelconque prophète – les dessinateurs de Charlie avaient déjà empli le Paradis de dessins de bites… Il y en avait partout et selon la rumeur, le propriétaire des lieux aimait ça. Cette petite introduction pour te dire que si certains aiment dessiner des bites partout, il y en a d'autres qui veulent mettre des crucifix partout.


D'accord, j'en ai entendu parlé et puis, des bites, j'en ai déjà vues des tonnes. Note que des crucifix, depuis le temps que je me balade, j'en ai vu jusqu'à plus soif, jusqu'à l’écœurement. Alors, comme ton introduction est finie, accouche… N'y va pas par quatre chemins, dis ce que tu as à dire et fais-moi voir ta chanson, car je pense bien que celle-ci, tu l'as écrite…


Oui, je l'ai écrite aujourd'hui-même, après avoir mis en français un communiqué de nos amis de l'Uaar (L’UAAR, Unione degli Atei e degli Agnostici Razionalisti – Union des Athées et Agnostiques rationalistes), dont j'ai intitulé la version française : « L'affaire Coppoli ou la disparition des crucifix ». Et je pense bien que ce petit texte – version française t'amuserait beaucoup...


D'autant plus que c'est moi-même qui l'ai commenté. D'ailleurs, le voici :
Pour la version italienne, voir : Procedimento disciplinare per il professeur Coppoli, reo di aver rimosso i crocifissi (http://www.uaar.it/news/2015/01/28/procedimento-disciplinare-per-professor-coppoli-reo-aver-rimosso-crocifissi/)

L'affaire Coppoli

Ou la disparition des crucifix.

Ah, dit Lucien l'âne, vues d'Europe, ces nouvelles venant de l'Italie sont des plus surprenantes et ont tout l'air de venir d'un Catholand, où l'intégrisme semble la mesure de toutes choses. Pour un peu, on y retrouverait des bûchers et une sainte inquisition. On dirait un pays resté à la traîne de l'Histoire et nageant dans des relents moyenâgeux.
Voici encore l'exemple d'un laïque poursuivi en tant que tel ; poursuivi pour neutralité scolaire, pour défense de la laïcité de l'école, prévue par la Constitution...

Italiens, encore un effort pour devenir laïques !

Lucciano l'asino.

Note générale : L'asino Lucciano a l'habitude de commenter les traductions – en les interrompant par des réflexions exogènes. Ces escapades sont encadrées de parenthèses et ne reflètent que les émanations de cet esprit curieux.

Le Bureau scolaire régional pour l'Ombrie a convoqué, le 5 février prochain, en vue du débat contradictoire dans sa défense, le professeur Franco Coppoli, coupable d'avoir décroché les crucifix du mur de la classe où il enseigne à l'Istituto Tecnico Industriale et Geometri «  Allievi-Da Sangallo » de Terni.
Le Bureau des procédures disciplinaires reproche au professeur Coppoli, auquel l'Uaar prête une assistance légale, « le fait qui d'avoir décroché des murs de quatre classes dans lesquelles il donne cours les crucifix fixés par des vis et de la colle en provoquant des dommages aux murs pendant les heures de cours et que successivement toujours pendant les cours, il ait personnellement rebouché les trous ». [ Si je comprends bien, dit Lucien l'âne, on lui reproche d'avoir réparé les murs de l'école…] Le Bureau « met en évidence que les faits reprochés, les enlèvements des crucifix des salles, ont fait l'objet d'une précédente procédure disciplinaire à son encontre et que par conséquent ils constituent une récidive ».
Une nouvelle, communiquée le 9 janvier, à la quelle ressemble la sentence de la Cour d'Appel de Perugia qui, le 15 octobre passé, a repoussé le recours présenté par le professeur contre la sentence du Tribunal de Terni, de mars 2013, qui retenait inexistante la discrimination dénoncée par Coppoli et légitime la suspension de trente jours infligée pour avoir ôté des crucifix des salles de l'Institut professionnel « Alessandro Casagrande de Terni », où à l'époque il enseignait.
Les faits remontent à 2008 lorsque Coppoli refusa de rétablir les crucifix dans la salle de la classe III a — comme l'avait par contre décidé d'une assemblée de classe et ordonné le dirigeant de l'Institut — et fut pour cela suspendu pendant un mois de l'enseignement.
Pour la Cour d'Appel de Perugia, contre la sentence de laquelle Coppoli a annoncé qu'il présentera un recours en Cassation, « il ne semble pas qu'on puisse trouver de discrimination » car la « décision du dirigeant scolaire, concernant l'exposition de crucifix, étaient adressée pas seulement au professeur Coppoli, mais plutôt à tous les professeurs qui enseignaient dans la classe III a » [ quelle bande de faux culs, dit Lucien l'âne] et donc « ne comportaient pas de différence de traitement vis-à-vis de Coppoli par rapport à celui réservé aux autres enseignants ». La Cour d'Appel retient aussi que Coppoli n'avait pas de titre pour être victime de « supposée violation » des principes de bonne conduite et d'impartialité par l'administration publique et vis-à-vis de la laïcité de l'État puisque ceux-ci (les principes) « se réfèrent non pas à des droits subjectifs des individus, mais plutôt à des intérêts diffus, c'est-à-dire de la collectivité dans son ensemble » [ Évidemment, dit Lucien l'âne, c'est bien là le nœud du problème : soit on considère les gens comme des êtres doués de raison et d'une personnalité propre ; soit on les envisage comme les brebis d'un troupeau et on les traite en masse ou en collectivité… Ah, comme on peut le constater : ce bon vieux fascisme n'est pas mort… Bah, dit l'âne qui en a vu d'autres, ils avaient raison en 68 : Ce n'est qu'un début, continuons le combat !, qu'ils disaient.]. En se référant donc à la maintenant tristement célèbre sentence de 2011 de la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l'Homme, la Cour soutient que l'exposition du crucifix dans les lieux de travail « ne peut pas constituer un facteur tel à conditionner et comprimer la liberté de sujets adultes, doués, comme c'est le cas de l'appelant, d'un niveau d'instruction élevé et donc, supposé, doué d'un esprit critique plus détaché que celui de l'homme moyen, intellectuellement et culturellement moins équipé ». [ Mais en fait, la question n'est pas là, dit Lucien l'âne. Pour une personne moyennement douée de sensibilité, ce semi-nudiste, flottant dans l'air tenu par les bras à une croix, donne la nausée… Il est carrément morbide et ne devrait en aucun cas être mis sous les yeux des personnes sensibles, des femmes enceintes et des enfants. La crucifixion à l'instar du pal, n'était pas, me semble-t-il, une partie de plaisir [ sauf peut-être, pour certains adeptes de séances spéciales] et véritablement, si je me souviens bien de la chose, la crucifixion était quand même censée être une séance de tortures… Comme disent les jeunes, c'est un spectacle assez « gore ». Par exemple, juste pour comprendre : Essayez de crucifier, ne fût-ce qu'un lapin dans une classe, évidemment dans la bonne intention de faire comprendre comment fonctionne une crucifixion et les souffrances que l'on inflige à tout crucifié généralement quelconque, fût-il lapin, chien, chat, chauve-souris (ça se fait dans le campagnes…), ou fils de n'importe qui … On criera à l'horreur, au sadisme, à la violence intolérable, on l'interdira dans l'intérêt des enfants, pour les protéger de cette ignominie ; on vous poursuivra en justice ; alors, pensez, tout un homme, même barbu, même en slip. Eh bien, non ! En Catholand, on fait l'inverse. On prône la crucifixion publique comme moyen d'instruction ! Mais bien entendu, pas d'expérimentation sur ces pauvres lapins, chiens, chats, chauves souris… Même pas sur l'homme en slip… Juste une figuration… Un totem.]

« Encore aujourd'hui — commente l'Uaar — chercher à enseigner ou à exercer son activité ouvrable en des lieux publics connotés de l'un ou l'autre symbole religieux est difficile et lourd. Il suffit de penser à l'affaire du juge Luigi Tosti, à celle du prof. Davide Zotti et à celle où est impliqué le prof. Franco Coppoli, le chemin des droits civils et de la laïcité de l'État, dans notre Pays [ l'Italie], est encore en montée, mais l'Uaar est et sera un instrument de tutelle [ comprendre : aide et protection] et de solidarité concrète dans ces importantes batailles civiles ». – Fin de « l'Affaire Coppoli. »


Donc, Lucien l'âne mon ami au regard si noir, voilà, mon point de départ : cette affaire Coppoli, dont tu as dit tout le bien qu'on peut en penser. Mais moi, comme tu le sais, j'ai la foutue manie de faire des chansons – tout ça à cause des Chansons contre la Guerre, comme je l'ai déjà raconté. Alors, forcément, j'ai fait une chanson. En fait,dans cette chanson, deux parties s'expriment : Ceux qui croyaient au crucifix ; ceux qui n'y croient pas et le trouvent vraiment dérangeant. Elles s'expriment alternativement. Les premiers concluent chaque quatrain par un refrain disons « évangélique » :

« Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez. »

Les seconds, mal-pensants, mécréants, assez proches finalement du Christ de la Cathédrale d'Amiens de Clovis Trouille, lequel Christ était descendu de sa croix et se marrait de voir l'église… s'expriment après chacun de leur quatrain par un refrain qui refuse le crucifix :

« Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici. »

Mais, contrairement à toutes les attentes, comme dans les meilleurs films, il y a un « happy end » :

« c'est Jésus-Christ
Qui crie « Marre du crucifix »... »


On le comprend, ce Jésus, dit Lucien l'âne. Moi aussi, j'en aurais marre de rester sur ce machin et en plus à des milliers d'exemplaires… Je n'aimerais pas qu'on me fasse ce coup-là et qu'on se paie ainsi ma fiole. Mais je te signale qu'il l'avait déjà fait savoir par Léo Ferré :
« Mais peut-être qu'un jour le crucifié
Lâchera ses clous et ses épines
Sa rédemption et tout le paquet
Et viendra gueuler dans nos ruines

Y en a marre... Y en a marre...
Y en a marre ... »


Cette fois-ci, dit Marco Valdo M.I. en souriant, il faut le constater, ce n'est plus hypothétique, il le dit nettement : « Marre du crucifix ».


Et bien, si tu me disais ta chanson maintenant, ça me plairait bien de la découvrir et ensuite, on recommencera à tisser le linceul de ce vieux monde plein de totems, de prophètes et de crucifix, arrosé d'eaux bénites, théophagique et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Regardez comme il est beau,
On dirait un grand oiseau.
C'est un fier aviateur,
Son père est un grand créateur.

Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez.

Quel est donc cet oiseau de malheur ?
Accroché à cette croix,
Il a l'air en mauvais état.
Rien qu'à le voir, on a mal au cœur.

Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.

C'est un supplicié ; on aurait pu l'écarteler
On aurait pu l'empaler, le mettre sur un bûcher
Ou tout simplement, comme tant d'autres, le gazer
Mais voilà, on l'a crucifié.

Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez.

Encore aujourd'hui dans nos hameaux,
On crucifie les oiseaux
On trouve les chouettes crucifiées
Sur la porte des granges martyrisées.

Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.

C'est de la superstition
Disent les gens des processions
Qui portent à bout de bras,
En cortège, des christs en croix.

Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez.

Les grands esprits civilisés
Se moquent des totems
Des autres divinités.
Ils les brûlent, ils les détruisent même.

Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.

Il multiplie les pains, un vrai boulanger.
Il marche sur l'eau, il aime les enfants.
On peut boire son sang ;
On peut le manger.

Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez.

Qui est ce type en slip au-dessus du tableau ?
On dirait qu'il va s'envoler là-haut.
On dirait qu'il est tout nu,
On voit presque le trou de son cul.

Qui est ce type en slip au-dessus du tableau ?
Il est triste et pas rigolo...
Ce mec-là, c'est Jésus-Christ
Qui crie « Marre du crucifix »...

Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.
Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.
Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.
Pas de crucifix, mes amis,

Pas de crucifix, ici. …..