JE NE VEUX PAS DE CHAÎNES
Version française – JE NE VEUX PAS DE CHAÎNES – Marco Valdo M.I. – 2022
d’après la version italienne – Non voglio catene di ferro – Riccardo Venturi – 2022
d’une chanson yiddish – Ik vil nit keyn ayzerne keytn – איך װיל ניט קײן אײַזערנע קײטן – Baruch “Vladeck” Charney / ברוך נאַכמאַן טשאַרנײ – s.d.
Texte :
Baruch “Vladeck” Charney
Musique : Mikhl
Gelbart (1889-1962)
Odessa 1905
Révolte des marins russes contre le pouvoir impérial, illustrée par le film Le Cuirassé Potemkine
VLADECK
Baruch Charney est né le 13 janvier 1886, dans un petit village près de Minsk, dans ce qui est maintenant Biélorussie. Au début du siècle dernier, Baruch Charney est participe au mouvement révolutionnaire contre l’Empire russe ; il choisit alors le nom de Vladeck. Baruch Charney l’utilisera comme nom de famille pour le reste de sa vie.
Vladeck a été arrêté en 1904, arrêté en 1905, exilé en Sibérie. Vladeck, comme de très nombreux autres, choisit l’émigration vers les États-Unis. En 1908, il quitte l’Europe pour l’Amérique du Nord et débarqua à Ellis Island.
En Amérique, Vladeck a fait usage de son expérience antérieure en tant qu’orateur, voyageant beaucoup pendant quatre ans et donnant des conférences publiques sur une variété de sujets sociaux, politiques et économiques. Par la suite, Vladeck entre au journal socialiste The Jewish Daily Forward en 1912. En 1918, il devint directeur du journal. En 1917, Vladeck fut élu au conseil de New York, où il poursuivit son action politique jusqu’à sa mort en 1938.
Dialogue Maïeutique
Lucien l’âne mon ami, en établissant la version française de cette chanson en yiddish révolutionnaire et athée, je me suis demandé quel rapport elle pouvait avoir avec ce qui se passe actuellement là-bas aux confins de l’Ukraine et la Biélorussie et puis, ce qu’aurait pu penser son auteur des événements actuels aux bords de l’Empire russe qu’il avait dû fuir en raison de la barbarie et de la brutalité du pouvoir, il y a environ un siècle.
Évidemment, répond Lucien l’âne, ce sont là des questions qui viennent inévitablement à l’esprit ; elles ont d’ailleurs tout leur sens.
Oui, c’est ce qu’il m’a semblé, dit Marco Valdo M.I., surtout quand je me suis particulièrement intéressé à Vladeck, son auteur. Né dans l’Empire russe du côté de Minsk en Biélorussie, après s’être révolté contre le pouvoir dictatorial en vigueur en Russie (on était en 1905 – époque de la révolte de marins d’Odessa), avoir été condamné à la déportation en Sibérie et bénéficié in extremis d’une amnistie générale, il a pris la route de l’exil en direction des États-Unis, qui apparaissaient aux rétifs de l’Empire comme la terre de liberté et aussi, un lieu où vivre.
Oui, dit Lucien l’âne, je me souviens de ça et ces gens-là furent si nombreux que ce pays au bout de l’océan est en fait actuellement principalement peuplé d’exilés et parmi ceux venus d’Europe, on compte de très nombreux rescapés des famines et des exilés politiques.
Mais il y a plus dans le cas de Vladeck, reprend Marco Valdo M.I., qui importa en Amérique son engagement social, communautaire et politique en s’impliquant dans les luttes en cours au début du siècle dernier. Ce n’est pas du tout un cas unique que cet orateur itinérant portant le message d’union, de révolte et de résistance auprès des exilés. Il suffit d’évoquer Emma Goldman et Ovseï Ossipovitch, dit Alexandre, dit Sacha Berkman, ces infatigables militants pour la paix, pour la révolution et pour la liberté. Pour en revenir à ma question de départ, on voit ainsi très bien le lien entre cette chanson et la situation actuelle de l’Empire russe : c’est la continuité d’un régime de terreur et d’oppression. Dans les deux cas, le pouvoir russe terrorise les peuples voisins et sa propre population.
Oui, dit Lucien l’âne, c’est toujours ainsi avec les empires ; ils y sont contraints pour se maintenir jusqu’au moment où ils s’effondrent et disparaissent bel et bien. Certains laissent des ruines, mais pas toujours. Ce sont des épisodes de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres et aux plus faibles afin de se maintenir au pouvoir et de continuer à accroître leur domination et à jouir de leurs privilèges.
Et puis, Lucien l’âne mon ami, parfois, les esclaves se rebellent comme l’ont fait les marins russes à Odessa en 1905. peut-être leurs lointains successeurs de la flotte de la Mer Noire reprendront-ils le flambeau pour imposer au pouvoir la paix et l’amèneront à sa dissolution.
Oh, dit Lucien l’âne, n’est-ce pas ce qui s’est passé, il y a une trentaine d’années ? Il faut l’espérer. Enfin, tissons le linceul de ce vieux monde impérial, brutal, barbare, idiot et cacochyme.
Heureusement,
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Je ne veux pas de chaînes,
Je ne veux pas de couronne.
L’esclavage est horrible et désespéré,
Même quand c’est de la sainteté.
Je n’ai pas peur des riches,
Devant Dieu, je ne me prosterne pas.
Mon cœur est mon esclave et mon guide,
Ma volonté aussi dirige mes pas.
Qu’il lance ses anathèmes, l’ennemi frivole,
Et qu’il aiguise son épée molle -
Sombrer dans l’abîme sombre,
C’est tout ce que mon futur lui offre.
Je tresse mes fils ensoleillés de lumière,
De mes idéaux, je tisse ma bannière –
Et de tous ceux qui mettent leur vie en jeu,
Seuls emportent le prix, les audacieux.