BETTOGLI, 1911
Version française – BETTOGLI, 1911 – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Bettogli, 1911 - Bededeum – 2008
Le
texte du morceau est inspiré d'un fait réel : le 26 Juillet 1911,
dans la marbrière, propriété des Comtes Lazzoni, dans la localité
de Bettogli (près de Carrare), la montagne s'écroula tout à coup,
en tuant dix mineurs, dont quelques-uns très jeunes.
C'est seulement un des multiples épisodes qui pourraient être racontés, dans l'interminable défilé de morts dans les carrières de Carrara ou dans n'importe quel autre lieu de travail…
La mélodie est un morceau traditionnel écossais « Clyde's bonnie banks », elle aussi inspirée d'un dramatique incident minier produit à Blantyre (près de Glasgow) le 22 Octobre 1877, où moururent plus de deux cents mineurs.
Ce morceau est dédié à tous les morts au travail, de tous les temps et de partout, et à la mémoire de ceux qui, comme Alberto Meschi, se sont battu généreusement pour que cette extermination cesse.
Alberto
Meschi (1879-1958), anarchiste et syndicaliste italien, est un
personnage remarquable à plus d'un égard et sa vie vaut la peine
d'être contée.
Maçon et autodidacte, dès sa jeunesse, il entre dans les organisations ouvrières de La Spezia. En 1905, il émigre en Argentine où il poursuit durant quatre ans son travail syndical ; puis, expulsé, il rentre en Italie et à partir de 1911, il dirige la Bourse du Travail de Carrare ; il prend la tête des luttes des carriers des Alpes apuanes et des travailleurs de la Versilia. Soldat lors de la 1ère Guerre Mondiale, il finit prisonnier dans les Carpates. À la fin du conflit, il revient chez lui et reprend vite sa place à Carrare, en entrant au Conseil général de l'Union syndicale italienne.
Maçon et autodidacte, dès sa jeunesse, il entre dans les organisations ouvrières de La Spezia. En 1905, il émigre en Argentine où il poursuit durant quatre ans son travail syndical ; puis, expulsé, il rentre en Italie et à partir de 1911, il dirige la Bourse du Travail de Carrare ; il prend la tête des luttes des carriers des Alpes apuanes et des travailleurs de la Versilia. Soldat lors de la 1ère Guerre Mondiale, il finit prisonnier dans les Carpates. À la fin du conflit, il revient chez lui et reprend vite sa place à Carrare, en entrant au Conseil général de l'Union syndicale italienne.
Après l'avènement du fascisme en mai 1922 , Meschi se réfugie en France. Il est un des fondateurs de la Concentration Antifasciste et de la Ligue italienne des droits de l'homme. Lors de la Guerre civile en Espagne, il rejoint la Colonne Rosselli, qui regroupe des Italiens antifascistes combattant aux côtés des républicains espagnols contre les franquistes, les fascistes et les nazis. À la chute de la République espagnole, il revient en France. Quelques années plus tard, comme Joseph Porcu [[8748]] et des milliers d'autres, il est arrêté par le gouvernement collaborateur de Pétain. À la fin de 1943 après une fuite rocambolesque, il revient clandestinement en Italie et, au lendemain de la Libération du 25 avril 1945, il est chargé par CLN (Comité de Libération Nationale) de diriger la Bourse du Travail de Carrare, jusqu'en 1947. Puis, pendant environ 20 ans jusqu'à sa mort, il a continué à s'intéresser à la problématique de l'unité syndicale en développant aussi une activité éditoriale en se consacrant à la publication du « Cavatore » (Carrier), une feuille syndicale.
Par sa vie aventureuse et son travail de syndicaliste, il est devenu, pour les travailleurs du marbre , le personnage emblématique du syndicalisme « apuano ». Secrétaire de la Bourse du Travail de 1911 à l'immédiat après-guerre, avec la parenthèse du Ventennio fasciste, Meschi, homme au caractère certes tenace et rugueux mais aussi homme de médiation dans les longues négociations syndicales, sut cicatriser les déchirures internes entre les composantes socialistes, républicains et anarchiques et guider les travailleurs à des conquêtes syndicales et sociales qui restent exemplaires : comment ne pas se rappeler la réduction de l'horaire journalier de 12 heures à 6 heures 50 pour les travailleurs du marbre.
Carrare épiait en silence sa plainte,
Le matin d'automne où je rencontrai
Ce visage de seize ans que la douleur égratignait ;
Chaque larme était un sillon qui jamais ne disparaîtrait
« Dis moi, je te prie, qui ou quoi t'a blessée… »
Surprise, elle leva les yeux, dénoua son cœur et parla :
« Vingt ans, la chaleur d'un baiser. Et un sourire…
Ainsi l'homme que j'aimais à la montagne monta….
Il avait les yeux couleur du bois qui domine la mer,
Le courage du faucon qui défie le soleil… »
Chaque
muscle tendu à briser la pierre,
La roche plus blanche que la Lune offre…
Mille hommes accrochés au flanc de la montagne
Pour un gramme de pain que le patron nous donne…
Un instant à peine, suspendu dans le temps…
Le fracas de la montagne submerge les cris
Ensuite sur chaque corps, le vent pieux pose…
La roche plus blanche que la Lune offre…
Mille hommes accrochés au flanc de la montagne
Pour un gramme de pain que le patron nous donne…
Un instant à peine, suspendu dans le temps…
Le fracas de la montagne submerge les cris
Ensuite sur chaque corps, le vent pieux pose…
Comme
un blanc linceul, la poussière blanche.
La corne sonne et les cœurs s'éteignent,
Et un fleuve de plaintes de la carrière monte…
Châles noirs, moites, avec l'angoisse dans les pieds ;
Sur les lèvres, ce nom tremble et demande pitié…
Dix flambeaux allumés sur la route des maisons ;
L'un est l'homme que j'aimais qui jamais plus ne reviendra
Rouge est la sueur qui lave la pierre,
Noir le destin qui ne laisse pas de trêve…
De celui mort en arrachant une bouchée à la vie,
Le visage et le nom, il vous faut vous souvenir.
STRENTA ANDREA 20 ANS, PASQUINI ANGELO 71 ANS, GARELLA GIUSEPPE 43 ANS, MAZZI LUIGI 32 ANS, GIROMINI ROMEO 30 ANS, MUSETTI GIOVANNI 35 ANNI, FRACASSI MASSIMO 47 ANS, VERDINI DOMENICO 31 ANS, BARBIERI CLEONTE 15 ANS, CUPINI GALLIANO 13 ANS
La corne sonne et les cœurs s'éteignent,
Et un fleuve de plaintes de la carrière monte…
Châles noirs, moites, avec l'angoisse dans les pieds ;
Sur les lèvres, ce nom tremble et demande pitié…
Dix flambeaux allumés sur la route des maisons ;
L'un est l'homme que j'aimais qui jamais plus ne reviendra
Rouge est la sueur qui lave la pierre,
Noir le destin qui ne laisse pas de trêve…
De celui mort en arrachant une bouchée à la vie,
Le visage et le nom, il vous faut vous souvenir.
STRENTA ANDREA 20 ANS, PASQUINI ANGELO 71 ANS, GARELLA GIUSEPPE 43 ANS, MAZZI LUIGI 32 ANS, GIROMINI ROMEO 30 ANS, MUSETTI GIOVANNI 35 ANNI, FRACASSI MASSIMO 47 ANS, VERDINI DOMENICO 31 ANS, BARBIERI CLEONTE 15 ANS, CUPINI GALLIANO 13 ANS