Version française – HERBE – Marco Valdo M.I. – 2016
d’après
la version italienne de Stanislava
d’une
chanson tchèque – Tráva
– Karel
Kryl – 1965
je porte au revers du manteau une rose noire ; C’est pour les files de mutilés, pour ces morts là-bas dans les bambous. |
Une
chanson écrite par
Kryl pendant son
service militaire. On
la présente comme une
chanson contre la guerre en général, mais selon
moi, dans la première
strophe se trouve même une référence concrète
à la guerre en Vietnam qui était en cours dans ces années-là ;
y
me fait penser l’image
des « morti là
dietro il canneto »
[Comme
on le verra la version française dit « là-bas dans les
bambous » rejoignant sans barguigner l’avis de l'auteure
de la version italienne].
Rákosí est une plante semblable à la canne de bambou qui est
devenue
une métaphore pour les Vietnamiens
(peut-être seulement en
tchèque ? ? ? je ne le sais pas…), apparemment justement
aux temps de la guerre : certains
la font
remonter aux chapeaux ou aux maisons faites de ces plantes, d’autres
soutiennent que les soldats vietnamiens se cachaient parmi les cannes
de « rákosí ». « Rákosník » est une
dénomination
courante même
de nos jours, malheureusement de
manière péjorative,
vis-àvis de
la nombreuse communauté vietnamienne présente en République
Tchèque. Dans ce texte évidemment le mot n’a aucune valeur
négative, au contraire.
Je n’ai pas trouvé sur le Net de confirmation de mon hypothèse ; de toute façon, je ne saurais pas autrement pourquoi Kryl avait utilisé l’expression « mrtví za rákosím », si ce n’est avec ce signifié – mais je n’entends pas le moins du monde poser des limites à la licence poétique de Karel Kryl, ainsi je laisse décider celui qui lit… (Stanislava)
L’herbe est la seule à demander pourquoi je ne ris plus du tout ,
l’herbe est la seule à demander pourquoi j’ai perdu l’espoir
Et pourquoi maintenant au lieu de fleurs d’arnica, je porte au revers du manteau une rose noire ;
C’est pour les files de mutilés, pour ces morts là-bas dans les bambous.
L’herbe est la seule à demander si je jetterai ces vers,
L’herbe est la seule à demander pourquoi je ne viens plus de ce côté,
Pourquoi maintenant au lieu de feuilles de trèfle, j’arrache mes rêves du carnet vert.
C’est seulement à cause d’un morceau d’acier créé pour tuer.
Le vent chantonne cette chanson monotone,
Sous un pommier, la pluie mouille les pierres en silence.
L’herbe est la seule à demander pourquoi
je me recroqueville parmi les tiges,
L’herbe est la seule à demander pourquoi
j’ai les yeux pleins de larmes.
C’était seulement une petite note de musique,
plantée dans un pot de fleurs,
D’où m’est poussée une balle de plomb : c’est ce pour quoi je pleure,
Pourquoi je pleure, pourquoi je pleure, pourquoi je pleure…