vendredi 22 août 2014

BERCEUSE

BERCEUSE

Version française – BERCEUSE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Wiegenlied - Eva Lippold – s.d.




Dors et rêve pour moi.






Eva Rutkowski Lippold (1909-1994), poétesse et écrivaine, a été militante communiste, activiste du Secours Rouge allemand et membre de la résistance antinazie à Berlin. Elle fut arrêtée par la Gestapo en 1935 et de ce moment, elle fut détenue à la prison de Plötzensee, jusqu'à la fin de la guerre. Elle survécut, contrairement à la majorité des opposants internes au régime [http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9sistance_allemande_au_nazisme], qui – au contraire de ce qu'on pense communément – ne furent pas peu nombreux.


Maintenant, mon enfant, dors et rêve doucement.
Dors, mon chéri, et va au paradis, va.
Là, tu pourras toujours jouer et être heureux, mon enfant,
Nul cœur n'y est jamais seul là-bas.
Dors, l'enfant, dors, la veille est pour moi,
Dors, l'enfant, les rêves sont à toi ! …

Tu ne connais pas encore la vie,
Tu t'imagines encore un jeu beau et joyeux.
Et le soir, tu es fatigué et affaibli,
Ô enfant, jamais rassasié de jeux.
Dors, l'enfant, dors, l'avenir est large,
Dors, dors, rêve le temps.
L'avenir est large,
Rêve le temps !

Maintenant, tu dors, mon petit amour, si profond et si bien,
On ne devrait jamais voir tes larmes et ton chagrin.
Tu n'auras bientôt plus de rêves si légers, ô enfant,
La vie est sombre et lourde, à présent.
Dors, l'enfant, dors, je me bats pour toi,
Dors et rêve pour moi.


MERCI, AIMABLE CABARET

MERCI, AIMABLE CABARET

Version française – MERCI, AIMABLE CABARET – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson en langue allemande - Dank dem lieben Cabaret - Frieda Rosenthal – 1943 ou 1944

Texte tiré de l'ouvrage de Christian Hörburger intitulé “Nihilisten - Pazifisten - Nestbeschmutzer. Gesichtete Zeit im Spiegel des Kabaretts.”, Tübingen, 1993.





"La douleur du jour est partie
Merci aimable Cabaret."
Spectacle au Cabaret de Thérézienstadt

Un hymne à la vie, à l'art et à l'espoir écrit entre les murs du ghetto de Theresienstadt.
Frieda Rosenthal – juif polonaise mais berlinoise d'adoption – dans sa chanson remerciait Leo Strauss, talentueux librettiste et musicien qui fut parmi les piliers de la production artistique vitale dans le ghetto, car à travers le cabaret, elle et tant d'autres prisonniers pouvaient pour un instant oublier la faim et le dur travail quotidien et survivre grâce au souvenir des beaux temps anciens et à l'espoir, jamais abandonné malgré tout, que ce bonheur pourrait un jour revenir…

En octobre de 1944 Frieda Rosenthal, Leo Strauss et beaucoup d'autres furent chargés sur des convois et transférés à Auschwitz, où ils furent tués.




Affamé je m'installe au pupitre ;
Là retentissent gaiement
Valses viennoises, rengaines de Prague
Et sans attendre mon cœur part en voyage.
Dans la cour en bas rapidement,
Je joue un nouveau couplet
Et ma douleur de faim s'éloigne
Merci aimable Cabaret.

J'arrive fatiguée et renfrognée
Le soir à peine rentrée
Là derrière la porte à moitié fermée,
La musique retentit enchantée
Mélodie sur un mélodie,
Dirigée avec un raffinement parfait.
La douleur du jour est partie
Merci aimable Cabaret.

Ce sont nos meilleures troupes
Nos bons groupes d'artistes.
Dans l'agonie des temps difficiles
Résonne leur chant « Il était une fois ».
Les cœurs entendaient :
« Cela sera à nouveau une fois »
Et notre douleur nostalgique s'éloignait
Merci aimable Cabaret.