vendredi 12 novembre 2021

LE TOUR IMMONDE

 

LE TOUR IMMONDE


Version française – LE TOUR IMMONDE – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson italienne – Giro immondoFucktotum – 2004






LE TOUR DU MONDE

André Dargelas – ca. 1850






Dialogue maïeutique


Cette fois, Lucien l’âne mon ami, pour sûr, c’est une chanson contre la guerre et une qui s’inscrit résolument dans la forme la plus classique du genre, celle qui consiste à (d)énoncer les méfaits des armements sur la santé publique des espèces, et au premier rang, l’espèce humaine elle-même, mais pas seulement.


Oh oui, pour sûr !, s’exclament Lucien l’âne. Déjà qu’il est extrêmement nocif et malheureux que les humains se massacrent entre eux, que certains humains ont en tête de massacrer les autres humains, et même, de faire massacrer des humains par leurs contemporains sans y mettre directement la main. Mais, il y a plus désolant encore, c’est qu’il y a des dégâts collatéraux à leurs prospères entreprises et parmi ces dégâts collatéraux, il y a des tas d’animaux qui n’ont comme seul tort de vivre sur la même planète que cette espèce humaine atteinte de démence profonde.


En effet, reprend Marco Valdo M.I., bienvenue aux rangs des dégâts collatéraux potentiels ; en tant que tels, nous formons une grande famille. Donc, cette chanson parle de ça. Pour ce faire, elle se mue en monologue ; c’est la lamentation d’un fabricant et marchand d’armes, celle d’un homme qui s’inquiète de sa bonne réputation, celle qui résulte du halo maléfique que diffuse le petit commerce auquel il s’adonne.


Je vois l’allusion, confie Lucien l’âne, en clignant de son grand œil noir humide. Je veux dire que je pense qu’il y a une certaine référence à la chanson de Boris Vian, intitulée justement « Le petit Commerce ».


En effet, reprend Marco Valdo M.I., il y a une allusion, je ne le nie pas. Je l’ai fait d’autant plus que si l’aspect économique est essentiel et prédomine dans une entreprise, le fait de fournir, de distribuer et d’équiper les clients en armes fort destructrices – tant plus elles le sont, tant plus c’est meilleur, aurait dit ma grand-mère –, a comme inéluctable conséquence leur disparition – d’abord, celle des clients, puis de l’entreprise, puis, de tout le reste jusqu’à ce que mort définitive de l’humaine nation s’ensuive. Bien, il y a quand même des chances qu’à court terme, on n’aille pas jusqu’à une réussite aussi grandiose. Heureusement, car comme disait l’ami Zanthrope, alias Boby Lapointe :


« Dans un commerce,

C’est moche quand le fond fond. »


Aveuglante vérité, dit Lucien l’âne. Cette fois-ci, c’était « Aragon et Castille », une chanson inoubliable.


Deux mots quand même à propos de ce « Giro immondo », que j’ai remis en français sous l’étiquette « Le Tour Immonde » en pensant, certes à Jules Verne, mais aussi à Jacques Prévert et son « En sortant de l’école », qui raconte un tour du monde enfantin nettement moins immonde.


Soit, rétorque Lucien l’âne, le comportement de l’espèce humaine est proprement infantile, mais qu’y faire ? Alors, écoutons ce que dit la chanson et tissons le linceul de ce monde immonde, plein de sons et de furies, ne signifiant rien, assassin et cacochyme.

Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane











Comme métier, je vends des armes

Et je vous envoie des cartes postales

De villages bombardés,

D’enfants par les mines mutilés.



Comme métier, je vends des armes

Et je ne crains pas de récession

Tant il y a de bâtards en action

Qui me passent des commandes.



Pour une crise frontalière,

Pour une dispute frontalière,

Je bois du sang, je suis louche.

Je ne fais pas la fine bouche.



Tour, tour, tour immonde !

J’apporte la mort à tout le monde.

Appelez-moi à n’importe quelle heure,

Mon code est « malheur ».



Tour, tour, tour immonde !

Je me cache derrière un doigt ;

C’est un travail comme un autre :

L’emporte le plus adroit.



J’étais le génie de mon lycée,

Mais il m’a fallu des années

Pour trouver un bon emploi

Et produire tant de dégâts.



Dans mon boulot, je suis à fond,

À chercher des clients toujours.

J’emmène mes enfants à l’école un jour ;

Le lendemain, je vends des canons.



Comment pouvez-vous me juger,

Car je fabrique des engins de mort ?

Car je fertilise mon potager

Avec les os des morts ?



Tour, tour, tour immonde !

Plus il y a de carnage dans le monde,

Plus mon compte monte.

Chaque soir, je prie pour une guerre sainte.



Tour, tour, tour immonde !

Une centaine de morts par seconde.

Pendant que je fais la bombe,

Vous pourrissez dans votre tombe.



Tour, tour, tour immonde !

Un millier de morts par seconde.

Pour sauver ma société,

Je vends des armes aux chimpanzés !



Tour, tour, tour immonde !

Je suis aussi un espion sans conscience ;

Je pourrais vendre toute la science

Aux envahisseurs d’autres mondes !



Si vous réfléchissez, le pire

Est de découvrir

Qu’avec votre compte bancaire,

Vous contribuez à mes affaires.



Derrière des finances inavouables,

Se terrent des gens méprisables

Qui de massacres titanesques

Tirent des sommes gigantesques



Comment pouvez-vous me juger

Juste, car je fabrique des armes ?

Car je paie ma villa de charme

Avec le sang de lointains étrangers ?



Tour, tour, tour immonde !

Tour, tour, tour immonde !

Tour, tour, tour immonde !

Tour, tour, tour immonde !

VIVA LA MUERTE !!!



P.S. : descriptions techniques des armes suivent.