mardi 22 février 2022

SOLDAT

 

SOLDAT



Version française – SOLDAT – Marco Valdo M.I. – 2022

d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi – 2022

Chanson en langue russe – Солдат5'nizza2003


Écrite par Andrey “Sun” Zaporozhets (Андрей Запорожец) e Sergey Babkin (Сергей Бабкин)
Album : Пятница (« Pyatnitsa », c’est-à-dire « Vendredi », qui est aussi le nom du duo).

À l’ombre du cœur de ma mie (https://www.dailymotion.com/video/x1dttw)


LE SOLDAT DANS LA NEIGE

Peinture russe – 1879



Dialogue maïeutique



Encore une chanson en langue russe, dit Lucien l’âne.


C’est la saison, répond Marco Valdo M.I.. Les chansons russes migrent comme les oies sauvages, elles fuient vers le Sud.


À entendre certaines d’entre elles, dit Lucien l’âne, je crois percevoir comme l’écho lointain de rumeurs de plaines orientales. En tout cas, peu importe, la chanson parle toujours du monde, elle réinterprète les souffles du vent et en fait des prémonitions.


Oui, dit Marco Valdo M.I., tant de rumeurs, de grondements font peur aux enchantements, aurait dit Tonton Georges, quand il chantait À l’ombre du cœur de ma mie. Mais ici, c’est une histoire ancienne, une histoire d’aujourd’hui et en même temps, sans doute, une histoire future : l’histoire d’un soldat, simple soldat d’une minable guerre.


Oui, dit Lucien l’âne, il y en a tant de soldats et il y a tant de guerres.


Donc, reprend Marco Valdo M.I., ce simple soldat – qui s’exprime en russe, n’a rien du conquérant vainqueur, du guerrier audacieux, du combattant magnifique, du hâbleur héroïque ; c’est juste un soldat. Il est soldat forcé – je dis « soldat forcé » comme on dit les « travaux forcés » – comme s’il était ouvrier ou relégat dans un camp lointain. Ce sont là des situations banales comme on en troue en Zinovie ou en Russie. D’ailleurs, l’une est le reflet de l’autre.


Pas étonnant, dit Lucien l’âne, toutes les deux sont sous la houlette d’un guide imbu de sa grandeur qui guide des guides qui guident des guides chargés de tenir calme le troupeau et de le faire bêler d’admiration pour le mouton suprême.


Quoi qu’il en soit, Lucien l’âne mon ami, le soldat oublié – comme à peu près tous les soldats – d’un pays épuisé geint comme un enfant et implore sa maman de le soigner. C’est tout ce qu’il demande : un peu de compassion, car dans son horizon, on ne voit pas la paix.


Oui, Marco Valdo M.I. mon ami, la réalité du soldat est à très courte vue et demain est toujours un autre jour – quand il arrive. Enfin, tissons le linceul de ce vieux monde idiot, misérable, minable, pitoyable et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.







Je suis un soldat,

Depuis cinq ans, je ne dors pas

Et sous les yeux, j’ai des valises.

Je ne les vois pas moi-même,

Mais on m’a dit ça.

Je suis un soldat,

Je n’ai plus de tête,

On l’a fait sauter à coups de bottes.

Oo-oo-oo, hurle le commandant,

Et son menton pend,

Arraché par une grenade…

Ouate blanche, Ouate rouge

Ne guériront pas le soldat.

Je suis un soldat,

Petit enfant de la guerre.

Je suis un soldat,

Mère soigne mes blessures.

Je suis un soldat,

Soldat d’un pays oublié

Je suis un héros épuisé,

De quel roman, dites-moi.

Je suis un soldat,

J’ai une peur phénoménale,

Il me reste juste une balle.

Lui ou moi, il n’y a pas le choix.

Dernier wagon, vodka maison,

Nous sommes des millions

Dans dans ce monde-là.

Je suis un soldat,

Mon boulot, je vous le dis :

C’est de tirer sur l’ennemi.

La balle doit entrer dans

Le corps de l’adversaire.

Ce reggae est pour vous, Mère Guerre,

Êtes-vous satisfaite maintenant ?
Je suis un soldat,

Petit enfant de la guerre.

Je suis un soldat,

Mère soigne mes blessures.

Je suis un soldat,

Un soldat d’un pays oublié

Je suis un héros épuisé,

Mais de quel roman, dites-moi.


Ai'm e solgia, ai'm e solgia,

Ai'm e solgia, ai'm e solgia,

Ai'm et solgia, solgia,

Solgia.


Je suis un soldat,

Petit enfant de la guerre.

Je suis un soldat,

Maman soigne mes blessures.

Je suis un soldat,

Un soldat d’un pays épuisé,

Je suis un héros oublié,

Mais de quel roman, dites-moi ?