NOUS
DE LA VALSUSA
Version
française - NOUS DE LA VALSUSA – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson
italienne – Quelli della Valsusa – Mariano Goitre – 2006
NOUS SOMMES TOUS DE LA VALSUSA |
Tu
vois, Lucien l'âne mon ami, j'ai traduit cette canzone en priorité
afin de pouvoir insérer la traduction de la lettre de ces gens
prisonniers pour avoir voulu sauver leur montagne. Et puis, comme tu
le sais, dans la chasse aux sorcières, je suis toujours du côté
des sorcières.
Moi
aussi, dit Lucien l'âne en tapant de son sabot noir la pierre bleue.
Moi aussi, je suis du côté des sorcières. Tu as bien fait de la
traduire cette canzone et surtout aussi, la lettre de ces camarades
emprisonnés... et je me souviens bien que tu avais fait pareil pour
le livre « Achtung Banditen ! » qui racontait
l'histoire de Marco Camenisch lequel menait un combat analogue,
il y a déjà bien longtemps. Un livre que tu avais traduit et que tu
avais inséré dans un de tes blogs
[http://marcovaldo.over-blog.com/]. Combat analogue contre les
pénétrations destructives des montagnes, mais aussi un combat pour
les conditions dans lesquelles on détient les prisonniers et
spécialement, ceux qui osent affronter à visage découvert l'ordre
établi. Tu avais même traduit un deuxième livre au titre
similaire, le « Achtung Banditen ! », qui racontait
lui l'histoire de ces résistants qui avaient fait sauter à la nitro
un régiment SS à la via Rasella en plein milieu de Rome. Comme tu
avais fait ici-même avec le cycle du Cahier Ligné et les 104
chansons racontant l'histoire de ce blessé-prisonnier...tiré du
Quaderno a Cancelli de Carlo Levi, qui vers 1935 – sous le fascisme
– fut lui aussi prisonnier dans les prisons de Turin. À mon sens,
il y a un lien entre tous ces événements...
C'est
exact sur toute la ligne. Carlo Levi a en effet fait deux séjours
dans les prisons de Turin, mais aussi de Rome et de Florence en
raison de sa résistance au fascisme. Je suggère que certains
relisent son livre : « Paura della libertà »...
Pour Marco Camenisch, je te signale qu'à ma connaissance, il est
toujours en prison en Suisse ; vingt-cinq ans de prison et c'est
pas fini ; on rejette tous ses recours, même quand il démontre
que les balles de la Justice ne peuvent avoir été tirées par son
arme. Quant au lien, c'est celui de la résistance à la
domestication de l'humaine nation – Ora e sempre :
Resistenza ! Enfin, le combat des NO Tav nous concerne aussi...
D'autant plus que la ligne Tav contre laquelle ils se battent ne
circule pas qu'en Italie, tout comme la montagne ne s'arrête pas à
la frontière... Ce combat intéresse les deux côtés de la montagne
et bien au-delà, toute l'Europe. Dès lors, leur combat – à ceux
de la Valsusa, est celui tous ceux qui refusent que l'on fasse des
travaux et des constructions pharaoniques et dispendieuses au
détriment de l'avenir-même de nos régions... et aux frais des
populations. Que l'on réduise toutes les lignes dites
« secondaires » si utiles aux gens ou qu'on ne les
entretienne plus afin de créer les lignes ultra-rapides et
ultra-chères pour le confort des riches...
Tu
as raison, c'est encore une fois un épisode de la guerre que les
riches font aux pauvres, cette Guerre de Cent Mille Ans que les
riches et les puissants imposent aux pauvres afin d'accroître leurs
richesses (qui va gagner à ces chantiers mirobolants ? Qui
gagne sur la fabrication et l'exploitation de ces trains
dispendieux?), de multiplier leurs privilèges (à qui vont servir
ces trains de luxe?), d'étendre leur imperium et leur domination,
d'imposer leurs lois... Alors, nous avons encore pas mal de travail
devant nous à tisser le linceul de ce vieux monde égocentrique,
privilégié, richissime, destructeur, inconscient, malhonnête et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
PRISONNIERS
No Tav
Lettre
de Niccolò, Claudio e Mattia de la prison de Turin
tirée
du blog des Anarchistes de Pistoie.
Le
texte qui suit a été écrit par Niccolò, Mattia et Claudio,
arrêtés le 9 décembre dernier, en même temps que Chiara. Les
trois camarades, bien qu'isolés du reste des détenus, ont la
possibilité de se rencontrer quotidiennement (Claudio et Niccolò
partagent la même cellule et ils se voient avec Mattia pendant les
heures d'air et de socialité). Par contre, Chiara est dans un
isolement presque absolu depuis maintenant plus d'un mois, vu que
dans la section où elle se trouve, il n'y a pas d'autres
prisonnières en régime de Haute Surveillance. La censure à
laquelle est subordonnée toute leur correspondance provoque de
considérables retards à la poste en entrée et en sortie et ainsi
c'est seulement maintenant qu'il est possible rendre public ce texte
écrit il y a presque un mois.
C'est hier que la nouvelle selon laquelle le Tribunal du Réexamen a rejeté toutes les requêtes de la défense, y compris celle de déclasser les faits de terrorisme. En séance, les Pm Padalino et Rinaudo ont réexigé que le caractère terroriste des délits contestés aux camarades ne soit réduit, pas plus que les modalités plus ou moins violentes de l'action contre le chantier du mai passé, étant donné le contexte global à l'intérieur duquel elle s'insère : l'opposition à la réalisation de la ligne Turin-Lyon. Ce qui préoccupe réellement le procureur turinois et tout le Parti du Tav (Train à Grande Vitesse), c'est la lutte qui dure maintenant depuis vingt ans contre le train rapide, la tentative de donner réalité à ce Non autour duquel le mouvement s'est développé.
La
lettre sortie de prison
« Il
est à peine quatre heures de l'après-midi et le soleil tombe
derrière l'imposante chaufferie métallique, pendant dans le
lointain, on entrevoit les premières montagnes de la vallée et
l'imagination complète les contours du Musiné. Nous sommes enfermés
ici depuis 10 jours, mais notre pensée voyage encore loin…
Que
le procureur de Turin préparait quelque chose de gros, même les
pierres le savaient. On le comprenait en raison du crescendo des
dénonciations contre le mouvement, mais en raison surtout de cet
intense travail de propagande par lequel les enquêteurs, les mass
media et les politiciens ont cherché de briser la résistance Non
tav sous ce mot magique qui permet tout : « terrorisme ».
Pendant des mois entiers, ils n'ont rien dit d'autre, dans une mantra
répétée de façon obsédante destiné à appeler une répression
féroce
Finalement,
ils ont pris certains des nombreux épisodes de lutte de cet été
sur lesquels cette suggestion imaginaire pouvait trouver prise et ils
les ont faussés et pliés à leur vision du monde faite de
militaires et de paramilitaires, de hiérarchies, de contrôle et de
violence aveugle.
Ils ont fait ainsi pour justifier les perquisitions de fin juillet, ainsi ils font maintenant pour justifier nos arrestations.
Ils ont fait ainsi pour justifier les perquisitions de fin juillet, ainsi ils font maintenant pour justifier nos arrestations.
Mais
il y a un abîme entre ce qu'ils prétendent voir en nous et ce que
réellement nous sommes.
Il ne nous intéresse pas de savoir qui dans cette nuit de mai s'est effectivement aventuré parmi les bois de la Clarea pour saboter le chantier – cela n'intéresse probablement même pas les enquêteurs. Ce qu'ils veulent est avoir aujourd'hui quelqu'un entre leurs mains pour faire peser la menace d'années de prison sur le mouvement et sur la résistance active, pour arriver tranquilles et sans plus être dérangés à l’ouverture du chantier de Susa.
Il ne nous intéresse pas de savoir qui dans cette nuit de mai s'est effectivement aventuré parmi les bois de la Clarea pour saboter le chantier – cela n'intéresse probablement même pas les enquêteurs. Ce qu'ils veulent est avoir aujourd'hui quelqu'un entre leurs mains pour faire peser la menace d'années de prison sur le mouvement et sur la résistance active, pour arriver tranquilles et sans plus être dérangés à l’ouverture du chantier de Susa.
Ils
veulent que les personnes restent chez elles à regarder du balcon le
projet qui avance.
Pourtant ces personnes ont déjà les moyens pour se interposer ; nous avons appris à bloquer lorsque tous ensemble on criait « Non pasaran » et à passer à coups de masse lorsque le ciment du jersey nous barrait la route ; nous avons appris à regarder loin lorsque l'horizon se remplissait de gaz et à relever la tête quand tout semblait perdu.
Pourtant ces personnes ont déjà les moyens pour se interposer ; nous avons appris à bloquer lorsque tous ensemble on criait « Non pasaran » et à passer à coups de masse lorsque le ciment du jersey nous barrait la route ; nous avons appris à regarder loin lorsque l'horizon se remplissait de gaz et à relever la tête quand tout semblait perdu.
Ce
n'est pas la terreur qu'ils sèment à des pleines mains qui ruinera
les récoltes futures de cette longue lutte. Il faudra continuer à
construire des lieux et des moments de rencontre pour s'échanger des
idées et des informations, pour lancer des propositions et pour être
prêts à retourner sur les routes et au milieu des bois.
Le soir tombe aux Vallette, mais à part l'obscurité, il n'y a pas de grande différence avec le matin, vu que le blindage de la cellule reste fermé jour et nuit sans arrêt : haute sécurité !
Le soir tombe aux Vallette, mais à part l'obscurité, il n'y a pas de grande différence avec le matin, vu que le blindage de la cellule reste fermé jour et nuit sans arrêt : haute sécurité !
Par
rapport aux Nuovi Giunti, c'est beaucoup de plus calme et plus
propre, mais l'absence de contact humain nous affaiblit.
La pagaille des blocs B, C ou F (à part l'isolement auquel est forcée Chiara) est pleine des histoires et des expériences de vie avec lesquelles se pétrir, dans lesquelles trouver de complicité et solidarité. Déjà le mois passé, Niccolò, arrêté fin octobre pour une autre procédure, a pu constater comme l'écho de la lutte contre le Tav est parvenu jusque dans les prisons et représente pour beaucoup le courage de ceux qui ont cessé de subir les décisions d'un état accablant.
La pagaille des blocs B, C ou F (à part l'isolement auquel est forcée Chiara) est pleine des histoires et des expériences de vie avec lesquelles se pétrir, dans lesquelles trouver de complicité et solidarité. Déjà le mois passé, Niccolò, arrêté fin octobre pour une autre procédure, a pu constater comme l'écho de la lutte contre le Tav est parvenu jusque dans les prisons et représente pour beaucoup le courage de ceux qui ont cessé de subir les décisions d'un état accablant.
Pour
nous, forcés à l'isolement dans une section aseptique, il est vital
de refuser la ségrégation et la séparation des détenus : nous
sommes tous des « communs ».
Pour ces raisons aussi, ce serait bien si à l'intérieur du mouvement on développait un raisonnement et une réflexion sur et contre la prison.
La plupart des gardes des Vallette vivent ici, dans de grands immeubles à l'intérieur des murs ; eux, ils ne se libéreront jamais de la prison.
Pour ces raisons aussi, ce serait bien si à l'intérieur du mouvement on développait un raisonnement et une réflexion sur et contre la prison.
La plupart des gardes des Vallette vivent ici, dans de grands immeubles à l'intérieur des murs ; eux, ils ne se libéreront jamais de la prison.
Pour
cela dans cette section, ils nous traitent poliment, ils ne
s'abaisseront pas pour faire rapport sur ordre d'un supérieur
lorsque nous déciderons de lutter pour quelque motif.
Alors, avec les souvenirs que nous gardons fermement, nous ferons faisons prendre conscience à ces « porte-clés » de la limitation de leurs horizons.
« Avez-vous jamais vu la mer s'étendre au milieu des bois dans un bel après-midi de juillet, et se lancer contre les clôtures d'un chantier ? »
« Vous avez jamais senti la chaleur humaine de tout âge se serrer épaule à épaule pendant que les boucliers avancent, l'asphalte de l'autoroute se liquéfie et les petits chemins se remplissent de fumée ? »
« Vous avez jamais vu un serpent sans tête ni queue ou une pluie d'étoiles au cœur d'une nuit de milieu de l'été ? »
Alors, avec les souvenirs que nous gardons fermement, nous ferons faisons prendre conscience à ces « porte-clés » de la limitation de leurs horizons.
« Avez-vous jamais vu la mer s'étendre au milieu des bois dans un bel après-midi de juillet, et se lancer contre les clôtures d'un chantier ? »
« Vous avez jamais senti la chaleur humaine de tout âge se serrer épaule à épaule pendant que les boucliers avancent, l'asphalte de l'autoroute se liquéfie et les petits chemins se remplissent de fumée ? »
« Vous avez jamais vu un serpent sans tête ni queue ou une pluie d'étoiles au cœur d'une nuit de milieu de l'été ? »
Nous
si, et on n'en est pas encore rassasiés.
La route est longue, il y aura des instants exaltants et des raclées sensationnelles, on fera des pas en avant et d'autres en arrière, nous apprendrons de nos erreurs.
Pour l'instant nous regardons notre prison et ce n'est pas facile, mais si « la Valsusa n'a pas peur », nous ne pouvons certes pas faire moins.
La route est longue, il y aura des instants exaltants et des raclées sensationnelles, on fera des pas en avant et d'autres en arrière, nous apprendrons de nos erreurs.
Pour l'instant nous regardons notre prison et ce n'est pas facile, mais si « la Valsusa n'a pas peur », nous ne pouvons certes pas faire moins.
Nous
sommes les gens de cette région
Nous sommes des frères sur le sol libre
Nous sommes de la Valsusa et nous avons un beau rêve au coeur
Nous sommes de la Valsusa et ce rêve nous parle d'amour.
De la Sacra aux Rocciamelone
De la plaine aux pentes escarpées
Nous, nous sommes gens sans prétentions
Mais personne ne devra nous trahir !
Nous sommes des frères sur le sol libre
Nous sommes de la Valsusa et nous avons un beau rêve au coeur
Nous sommes de la Valsusa et ce rêve nous parle d'amour.
De la Sacra aux Rocciamelone
De la plaine aux pentes escarpées
Nous, nous sommes gens sans prétentions
Mais personne ne devra nous trahir !
Nous
voulons que tous les gens
Soient libérés des puissants
Nous sommes de la Valsusa, nous luttons avec honneur
Nous sommes de la Valsusa, ici éclot une très belle fleur.
Dans les étés ensoleillés aux rencontres
Dans les nuits gelées à Venaus
À tous nous avons montré
Soient libérés des puissants
Nous sommes de la Valsusa, nous luttons avec honneur
Nous sommes de la Valsusa, ici éclot une très belle fleur.
Dans les étés ensoleillés aux rencontres
Dans les nuits gelées à Venaus
À tous nous avons montré
Qu'on
peut encore espérer, Putain con !
Dans la lutte nous nous sommes trouvés
Plus frères et plus unis que jamais
Nous sommes de la Valsusa, sur nous on pourra compter
Nous sommes de la Valsusa, nous ne trahirons jamais
Nous ferons de cette vallée
Un jardin pour qui le voudra
Dans le respect de la création
Ici n'importe qui pourra venir !
Il n'y a pas seulement le profit
Sans scrupules et sans pitié
Et les gens de la Valsusa sauront le montrer au monde
Nous sommes de la Valsusa, notre rêve est la LIBERTÉ !
Dans la lutte nous nous sommes trouvés
Plus frères et plus unis que jamais
Nous sommes de la Valsusa, sur nous on pourra compter
Nous sommes de la Valsusa, nous ne trahirons jamais
Nous ferons de cette vallée
Un jardin pour qui le voudra
Dans le respect de la création
Ici n'importe qui pourra venir !
Il n'y a pas seulement le profit
Sans scrupules et sans pitié
Et les gens de la Valsusa sauront le montrer au monde
Nous sommes de la Valsusa, notre rêve est la LIBERTÉ !