BEAU PAYS L'ITALIE
Version
française – BEAU PAYS L'ITALIE – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson
italienne – Bel
paese l'Italia – Olindo
Guerrini – 1901
Publiée
le 21 février 1904 dans le n°. 5, anno I d'« Action
Socialiste », hebdomadaire de la section socialiste de Brindisi
(« Soyez des hommes, et pas des moutons fous ! », un des
exergues en première page).
Le coup tordu de Napoléon le Petit sauva la Papauté et le Vatican, ouvrant ainsi la voie à la reconquête de l'Italie par les tenants du catholicisme |
Chanson
superanticléricale publiée dans le journal des socialistes des
Pouilles, aux idées proches de celles du philosophe marxiste Antonio
Labriola, pour déplorer comment après 1901 en Italie – alors
gouvernée par Giolitti (libéral), mais traversée par de forts
courants nationaux-catholiques – on avait déversé des bandes de
religieux de tous ordres, surtout des Jésuites, chassés de France
où le gouvernement de défense républicaine de Pierre
Waldeck-Rousseau (celui qui auparavant avait légalisé les syndicats
des travailleurs) avait promu une loi sur l'associationnisme qui
soumettat à juste titre les congrégations religieuses, surtout
celles qui s'occupaient de l'éducation des enfants, à la
reconnaissance et à l'étroite vigilance de la part de l'État. Cela
avait amené la fermeture de centaines d'instituts religieux et la
migration en masse de milliers de « corbeaux » vers le
« sein de la Sainte Mère l'Église ».
Et
la « pédéraste armée de
moines » encore aujourd'hui, à
110 ans du moment
où fut composée
cette chanson caustique,
continue dans ses infamies
: à Malte, deux prêtres viennent d'être
condamnés par
tribunal ordinaire à de discrètes peines de détention pour avoir
abusé de nombreux
mineurs dans un orphelinat religieux ; et en Irlande, on
a vu ces derniers jours la publication du
« rapport Cloyne » dans lequel le gouvernement dénonce
le fait que les crimes sexuels au détriment
de mineurs accomplis par des
prêtres jusqu'il y a peu
furent cachés par les
évêques et le
Saint-Siège qui chercha « à bloquer une enquête dans un État
souverain, démocratique et républicain, il
y a pas plus de
trois ans, pas il y a trente
ans », a déclaré le premier ministre irlandais Enda Kenny.
« Quel
beau pays ! La descente des corbeaux des Alpes françaises dans
la plaine
italienne a suscité les colères de
toute la démocratie, même de la
tricolore qui a jusqu'ici flirté avec le Vatican. Et les journaux
sont encombrés de protestations sensationnelles ; on
voudrait rien de moins que
l'application rigide de la vieille loi sur les congrégations… Mais
plutôt que de s'abandonner
à de mélancoliques considérations sur les lois , il
vaudrait mieux relire les vers
caustiques du poète
Olindo Guerrini : »
Sans
relever toutes les allusions que contient ce texte, juste deux mots
concernant Garibaldi… qui apparaît tout à la fin à Mentana. Il
s'agit de la dernière bataille que livra Garibaldi à Mentana face
aux troupes françaises de Napoléon III , en novembre 1867. Bataille
perdue face aux nouveaux fusils Chassepot. Le coup tordu de Napoléon le
Petit sauva la Papauté et le Vatican, ouvrant ainsi la voie à
la reconquête de l'Italie par les tenants du catholicisme. À cet
égard, plus d'un siècle après la chanson, la situation n'a fait
qu'empirer. On peut à présent constater que l'Italie de la fin du
XIXième siècle, qui était un pays moderne et laïc, a basculé
(aidée en cela par le fascisme, qui signa les infâmes accords du
Latran) dans la bigoterie institutionnalisée au point d'être
devenue une sorte de Catholand ou de Katholikistan. Pauvre Garibaldi,
en effet !
Ainsi
Parlait Marco Valdo M.I.
S'abattent
les louches compagnies
Leurs instruments et leurs professeurs sacrilèges
Qui distillent poisons et eaux-de-vie
Et fondent des collèges.
Leurs instruments et leurs professeurs sacrilèges
Qui distillent poisons et eaux-de-vie
Et fondent des collèges.
Beau
pays, l'Italie belle
Pour les tripes sacrées des charognards
Qui parmi les poux de leurs immondes cellules
Sèment les bâtards.
Pour les tripes sacrées des charognards
Qui parmi les poux de leurs immondes cellules
Sèment les bâtards.
Beau pays ! Si l'Autriche impose
Son veto, si se bouge l'Espagne
Voici qu' accourent les frères
En ce merveilleux pays de Cocagne
Comme
les brames de leurs bandes immondes
Sont pour nous des ordres,
S'ils veulent téter, notre mère l'Italie
A de grandes mamelles
Sont pour nous des ordres,
S'ils veulent téter, notre mère l'Italie
A de grandes mamelles
Ici,
leurs clergés puants
Ici, trouvent la terre qu'ils préfèrent
Ici, parmi nous où croissent les couvents
Et croulent les écoles.
Ici, trouvent la terre qu'ils préfèrent
Ici, parmi nous où croissent les couvents
Et croulent les écoles.
Et
les juges du roi servent la messe
Avec le cierge par devant
Et la bannière de l'Italie est remise
À la garde du Vatican.
Avec le cierge par devant
Et la bannière de l'Italie est remise
À la garde du Vatican.
La
prison est prête pour qui ne croit pas
À la vertu des saints et des vierges !
Quel beau pays pour le Saint-Siège
Et les moines aux semelles de bois.
À la vertu des saints et des vierges !
Quel beau pays pour le Saint-Siège
Et les moines aux semelles de bois.
Hélas,
c'est ce déferlement
De prêtres et de bandits
Qu'à Mentana, tu combattis vainement
Pauvre Garibaldi !
De prêtres et de bandits
Qu'à Mentana, tu combattis vainement
Pauvre Garibaldi !