LE VIEUX ET L’ENFANT
Version
française – LE VIEUX ET L’ENFANT – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson
italienne – Il
vecchio e il bambino – Francesco
Guccini – 1972
« Le
vieux
et l’enfant a
le
goût d’une histoire de science-fiction mais n’a
rien à voir avec le smog, la pollution et les nuisances, malgré les
tentatives louables de beaucoup de l’interpréter. Elle remonte à
l’époque de
Noi
non ci saremo e de L’atomica
cinese. Le vieux
et
l’enfant parlent de l’holocauste nucléaire. »
Cotto – Un altro giorno è andato – Giunti – pg 81-82
Cotto – Un altro giorno è andato – Giunti – pg 81-82
Dialogue
Maïeutique
L’autre
jour, dit Marco Valdo M.I., c’était peut-être même hier, j’avais
proposé une version française d’une chanson d’Ahmed il
Lavavetri qui s’intitulait, si tu t’en souviens, «
Il
vecchio e il bambino [Fiaba primitivista] LA
FABLE DU VIEUX ET DE L’ENFANT – Conte primitiviste. »
Oui,
évidemment que je m’en souviens, dit Lucien l’âne. C’est une
chanson dont j’avais pensé – par devers moi – qu’elle
devait, d’une façon ou d’une autre, être rattachée à1984, le
roman de George Orwell, alias Eric Blair, roman dont elle semblait
vouloir célébrer le centenaire.
Ta
mémoire d’âne, reprend Marco Valdo M.I., ne me paraît pas
affectée par les virus ambiants et c’est une bonne chose. Donc, de
cette chanson d’Ahmed, je t’avais informé qu’il s’agissait
d’une parodie c’est-à-dire une sorte de paraphrase, de variante
d’une chanson de Francesco Guccini (1972), intitulée Il vecchio e
il bambino et j’avais promis d’en faire une version française,
que je devais forcément titrer : LE VIEUX ET L’ENFANT. La
voici. À vrai dire, à les regarder comme ça, elles sont presque
similaires, presque des jumelles ; en tout cas, des cousines
proches. Cependant, il ne faut pas s’arrêter à ce coup d’œil.
L’aînée, celle de Guccini, brosse le tableau d’un paysage
détruit par une bombe (ou plusieurs) atomique, une sorte de désert
nucléaire où plus rien ne pousse et où on distingue en fond les
tours en ruines d’une grande ville. On ne sait d’ailleurs rien du
moment e l’histoire où elle se situe. L’autre, la puînée,
s’inscrit en 2084 dans une société effondrée – celle
qu’anticipent les collapsologues. Elle ne dit pas vraiment pourquoi
on en est là, mais on peut penser qu’il s’agit plutôt du
résultat de l’élévation de la température ambiante et des
effets délétères qu’elle va nécessairement engendrer et face
auxquels, on est fort démunis. Tout cela, semble-t-il, a débouché
sur un retour à une société désertique, un monde d’éleveurs de
chèvres, une sorte de Larzac du Sud, tout de pierrailles, de thym,
de menthe et de chardons ou d’univers tiré des Città del mondo
d’Elio Vittorini, mais inversé.
Vittorini,
dit Lucien l’âne, Les villes du monde, pourquoi pas et sans doute,
le mouvement s’est inversé. Et en confidence, il me vient à
l’esprit que c’est encore le mieux qui puisse en résulter, car
face à la progression des déserts et à la montée des eaux, face
aux températures insupportables, face à des conditions de vie
générales intenables, l’humaine nation est sans autre solution
que d’admettre le phénomène, de reculer et de s’adapter à la
situation, telle la Grande Armée, à cette retraite de Russie.
C’est
effectivement, dit Marco Valdo M.I., l’impression que je tirais moi
aussi de la Fable primitiviste. Pour synthétiser la chose, si tant
est qu’il faille le faire et que ça puisse intéresser, l’une –
l’aînée, la fille de Guccini – est ravagée par la guerre –
l’impossible guerre atomique et l’autre – la puînée, l’enfant
d’Ahmed– est ravagée par un effondrement social, industriel et
économique, par une réelle et profonde rupture de civilisation.
Tout
ceci est certainement passionnant, Marco Valdo M.I. mon ami, et il se
pourrait – si je te laissais faire – que tu en fasses tout un
livre, mais ce n’est pas ici le bon endroit. Je te propose de
laisser la réflexion courir, car il faut en finir. Alors, tissons le
linceul de ce vieux monde malade de lui-même, égrotant, mortifère
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Un
vieux et un enfant se tenaient
la main
et
allaient ensemble à la rencontre du soir.
La
poussière rouge s’élevait au loin
Et
le soleil brillait d’une lumière fausse.
La
plaine semblait aller immense
Jusqu’où
l’œil d’un homme pouvait voir,
Il
n’y avait personne tout alentour,
Juste
le contour morne des tours.
Les
deux marchaient, le jour tombait,
Le
vieux parlait et doucement pleurait.
L’âme
absente, les yeux mouillés,
Il
poursuivait le souvenir des mythes passés.
Les
vieux subissent les injures des années,
Ils
ne peuvent distinguer le réel des songes.
Les
vieux ne savent pas, dans leur pensée,
Distinguer
le faux du vrai dans leurs rêves.
Le
vieux disait, en regardant au loin :
« Imagine
ceci, couvert de grains,
Imagine
les fruits, imagine les fleurs,
Pense
aux voix et pense aux couleurs.
Dans
cette plaine, aussi loin qu’elle se perd,
Les
arbres poussaient et tout était vert ;
La
pluie tombait, les soleils faisaient don
Du
rythme à
l’homme et aux
saisons ».
Le
gamin riait, son regard était triste…
Ses
yeux regardaient des choses jamais vues.
Puis,
il dit au vieux d’une voix en rêve perdue :
« J’aime
les contes de fées, racontez-en d’autres. »