vendredi 8 mai 2020

LE VIEUX ET L’ENFANT

LE VIEUX ET L’ENFANT


Version française – LE VIEUX ET L’ENFANT – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson italienne – Il vecchio e il bambino Francesco Guccini – 1972



« Le vieux et l’enfant a le goût d’une histoire de science-fiction mais n’a rien à voir avec le smog, la pollution et les nuisances, malgré les tentatives louables de beaucoup de l’interpréter. Elle remonte à l’époque de Noi non ci saremo e de L’atomica cinese. Le vieux et l’enfant parlent de l’holocauste nucléaire. »
Cotto
Un altro giorno è andato – Giuntipg 81-82



 

Il n’y avait personne tout alentour,
Juste le contour morne des tours.





Dialogue Maïeutique

L’autre jour, dit Marco Valdo M.I., c’était peut-être même hier, j’avais proposé une version française d’une chanson d’Ahmed il Lavavetri qui s’intitulait, si tu t’en souviens, «  Il vecchio e il bambino [Fiaba primitivista] LA FABLE DU VIEUX ET DE L’ENFANT – Conte primitiviste. »

Oui, évidemment que je m’en souviens, dit Lucien l’âne. C’est une chanson dont j’avais pensé – par devers moi – qu’elle devait, d’une façon ou d’une autre, être rattachée à1984, le roman de George Orwell, alias Eric Blair, roman dont elle semblait vouloir célébrer le centenaire.

Ta mémoire d’âne, reprend Marco Valdo M.I., ne me paraît pas affectée par les virus ambiants et c’est une bonne chose. Donc, de cette chanson d’Ahmed, je t’avais informé qu’il s’agissait d’une parodie c’est-à-dire une sorte de paraphrase, de variante d’une chanson de Francesco Guccini (1972), intitulée Il vecchio e il bambino et j’avais promis d’en faire une version française, que je devais forcément titrer : LE VIEUX ET L’ENFANT. La voici. À vrai dire, à les regarder comme ça, elles sont presque similaires, presque des jumelles ; en tout cas, des cousines proches. Cependant, il ne faut pas s’arrêter à ce coup d’œil. L’aînée, celle de Guccini, brosse le tableau d’un paysage détruit par une bombe (ou plusieurs) atomique, une sorte de désert nucléaire où plus rien ne pousse et où on distingue en fond les tours en ruines d’une grande ville. On ne sait d’ailleurs rien du moment e l’histoire où elle se situe. L’autre, la puînée, s’inscrit en 2084 dans une société effondrée – celle qu’anticipent les collapsologues. Elle ne dit pas vraiment pourquoi on en est là, mais on peut penser qu’il s’agit plutôt du résultat de l’élévation de la température ambiante et des effets délétères qu’elle va nécessairement engendrer et face auxquels, on est fort démunis. Tout cela, semble-t-il, a débouché sur un retour à une société désertique, un monde d’éleveurs de chèvres, une sorte de Larzac du Sud, tout de pierrailles, de thym, de menthe et de chardons ou d’univers tiré des Città del mondo d’Elio Vittorini, mais inversé.

Vittorini, dit Lucien l’âne, Les villes du monde, pourquoi pas et sans doute, le mouvement s’est inversé. Et en confidence, il me vient à l’esprit que c’est encore le mieux qui puisse en résulter, car face à la progression des déserts et à la montée des eaux, face aux températures insupportables, face à des conditions de vie générales intenables, l’humaine nation est sans autre solution que d’admettre le phénomène, de reculer et de s’adapter à la situation, telle la Grande Armée, à cette retraite de Russie.

C’est effectivement, dit Marco Valdo M.I., l’impression que je tirais moi aussi de la Fable primitiviste. Pour synthétiser la chose, si tant est qu’il faille le faire et que ça puisse intéresser, l’une – l’aînée, la fille de Guccini – est ravagée par la guerre – l’impossible guerre atomique et l’autre – la puînée, l’enfant d’Ahmed– est ravagée par un effondrement social, industriel et économique, par une réelle et profonde rupture de civilisation.

Tout ceci est certainement passionnant, Marco Valdo M.I. mon ami, et il se pourrait – si je te laissais faire – que tu en fasses tout un livre, mais ce n’est pas ici le bon endroit. Je te propose de laisser la réflexion courir, car il faut en finir. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde malade de lui-même, égrotant, mortifère et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Un vieux et un enfant se tenaient la main
et allaient ensemble à la rencontre du soir.
La poussière rouge s’élevait au loin
Et le soleil brillait d’une lumière fausse.
La plaine semblait aller immense
Jusqu’où l’œil d’un homme pouvait voir,
Il n’y avait personne tout alentour,
Juste le contour morne des tours.

Les deux marchaient, le jour tombait,
Le vieux parlait et doucement pleurait.
L’âme absente, les yeux mouillés,
Il poursuivait le souvenir des mythes passés.
Les vieux subissent les injures des années,
Ils ne peuvent distinguer le réel des songes.
Les vieux ne savent pas, dans leur pensée,
Distinguer le faux du vrai dans leurs rêves.

Le vieux disait, en regardant au loin :
« Imagine ceci, couvert de grains,
Imagine les fruits, imagine les fleurs,
Pense aux voix et pense aux couleurs.
Dans cette plaine, aussi loin qu’elle se perd,
Les arbres poussaient et tout était vert ;
La pluie tombait, les soleils faisaient don
Du rythme à l’homme et aux saisons ».

Le gamin riait, son regard était triste…
Ses yeux regardaient des choses jamais vues.
Puis, il dit au vieux d’une voix en rêve perdue :
« J’aime les contes de fées, racontez-en d’autres. »