mardi 3 novembre 2015

HYMNE DES TRAVAILLEURS (CHANT DE GUERRE)

HYMNE DES TRAVAILLEURS

(CHANT DE GUERRE)



Version française – HYMNE DES TRAVAILLEURS (CHANT DE GUERRE) – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne (sur l'air de la Marseillaise) – Inno dei lavoratori (Canto di guerra) Pietro Gori1892

Chanson écrite par Pietro Gori dans la prison de San Vittore, à Milan, arrêté pour sa participation à la manifestation du Premier mai pendant lequel, comme il arriva tous les ans dans la décennie 1888-1898, il avait éclaté le énième affrontement dur entre les travailleurs et la police.




Vois, Lucien l'âne mon ami, ceci est un chant de combat, écrit par Pietro Gori sur l'air de la Marseillaise… en 1892, soit un siècle après la chanson des volontaires de l'Armée du Rhin, des paysans, des ouvriers - les fameux citoyens - appelés « Aux armes ! » pour assurer leur autodéfense et créer un avenir de liberté, d'égalité et de fraternité. Un avenir qui se fait certes encore attendre et donne toute leur obsédante actualité à ces chansons.

Il vaut la peine, je le pense bien, de prendre connaissance de ces chants anciens. 

Même si leur langue est celle d'un autre temps et impose de lire attentivement, avec tout le recul nécessaire, le texte original. Il s'agit d'apprendre à lire dans sa propre langue et de se réapproprier ses mots. C'est un effort, peut-être… Mais quel bénéfice on en tire en finale. Mieux connaître sa langue, c'est aussi mieux se connaître, mieux penser.

Et cela entraîne loin du bêtisme bêtifiant des petits et des grands écrans… C'est aussi une des raisons pour lesquelles il me plaît de saluer les Chansons contre la Guerre et ceux qui les ont conçues. Cela dit, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde infantile, gâteux, bêtifiant et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Ô prolétaires qui vendez bras et pensée
Aux rois tyrans de l'or, prenez
Les armes pour la justice et la vérité.
Relevez vos têtes obstinées.
Le vieux monde déjà croule en ruines
Et à l'horizon monte l'aurore
Où l'idée rebelle marche marche
Aux armes les miséreux, l'heure est arrivée ! …
Haut les cœurs, haut les fronts
Exaltons, célébrons
L'égalité
L'humaine fraternité
Et la sainte liberté.
Et la sainte liberté.

Nous avec nos longues sueurs par les plaines et les vallons
Nous fécondons les blonds champs de moisson.
Nous, pour le ventre de messieurs avides
Nous travaillons le ventre vide.
Nous fabriquons leurs palais magnifiques
Et nous avons à peine un grenier, une mansarde.
L’oisiveté des riches aurait joie et aise
Et nous, honte et misère et de tristes cambuses.

Haut les cœurs, haut les fronts
Exaltons, célébrons
L'égalité
L'humaine fraternité
Et la sainte liberté.
Et la sainte liberté.

Messieurs, elle devient trop amère
Votre coupable boisson et elle nous brûle la bouche.
Le calice est plein, l'heure est solennelle
Et la mesure du chagrin déborde.
Aux armes, aux armes, hérauts inquiétants
Et détruisons cette vorace oppression.
Ô vaillants travailleurs, ô forts bataillons,
Pour la grande rébellion, en avant ! …

Haut les cœurs, haut les fronts
Exaltons, célébrons
L'égalité
L'humaine fraternité
Et la sainte liberté.
Et la sainte liberté.

Si nous fûmes toujours patients et courtois
Face à chacune de vos impitoyables menaces,
Patrons honnêtes, paisibles bourgeois
Avancez et regardons-nous en face.
Il y a tant de temps qu'opprimés, exploités
Tristes, nous ravalâmes les douleurs et les peines
Mais désormais voyez, nous nous sommes comptés ;
Nous sommes forts et nombreux et nous brisons nos chaînes.

Haut les cœurs, haut les fronts
Exaltons, célébrons
L'égalité
L'humaine fraternité
Et la sainte liberté.
Et la sainte liberté.

Notre ouvrage méticuleux a habillé
De pourpre et d'or vos dames.
Pour vous, nous créâmes par un dur métier
Les vases et les cristaux lumineux de vos dîners
Mais sous le vent glacé de l'hiver,
Vont tristes et mal fagotées, nos femmes.
Martyrs condamnées vives à l'enfer,
Elles tremblent de froid, chaque jour les affame.

Haut les cœurs, haut les fronts
Exaltons, célébrons
L'égalité
L'humaine fraternité
Et la sainte liberté.
Et la sainte liberté.
Nous arpentons les océans immenses
En défiant la colère de mille tempêtes
Et nous vous rapportons de lointains rivages
Des bijoux et des étoffes ornées de gemmes
Et entre temps vous par des menaces et des promesses
Vous avez violé et nos sœurs et nos filles
Et nous couards courbant nos échines,
Nous offrons des richesses à qui nous vole la vie.

Haut les cœurs, haut les fronts
Exaltons, célébrons
L'égalité
L'humaine fraternité
Et la sainte liberté.
Et la sainte liberté.

Lorsque les nations seront sœurs
Et les vieilles haines jetées et détruites
Une famille de bons et de sages cœurs
Bénéficiera des choses par tous produites.
Il n'y aura plus qui paressant s'empiffre et dévore
À côté de celui qui se fatigue pour produire.
Pour tous pain, travail et amours libres.
Plus jamais les ténèbres, mais la science, mais la lumière.

Haut les cœurs, haut les fronts
Exaltons, célébrons
L'égalité
L'humaine fraternité
Et la sainte liberté.
Et la sainte liberté.

Plus de maîtres ni de serviteurs, mais entre égaux
Des mains fraternellement données,
Des idées d'amour, de grands tableaux,
Des pensées par le seul humanisme éclairées
Et passera sur la libre terre
Un souffle pur de calme et de vie.
Plus jamais l'atroce chanson de la guerre,
Mais la joie immense, mais la paix infinie.

Haut les cœurs, haut les fronts
Exaltons, célébrons
L'égalité
L'humaine fraternité
Et la sainte liberté.
Et la sainte liberté.

Et seulement alors parmi les pures et belles
Mélodies du joyeux jeune siècle
À nos pieds, nous jetterons la hache
Pour contempler la danse du monde
Et avec le flambeau levé, chantant
L'hymne entonné le jour des colères
Parmi les splendeurs de ce jour mémorable,
Nous saluerons le radieux avenir.

Haut les cœurs, haut les fronts
Exaltons, célébrons
L'égalité
L'humaine fraternité
Et la sainte liberté.
Et la sainte liberté.