jeudi 5 janvier 2023

MON CHAT

 



MON CHAT


Version française — MON CHAT — Marco Valdo M.I. — 2023

d’après la version italienne — Il mio Gatto — de Riccardo Venturi

d’une chanson en milanais — El me gatt — Ivan Della Mea — 1962




MAKHNO



Dialogue Maïeutique


Ah, Lucien l’âne mon ami, comme on peut le voir, cette chanson italienne originaire de Milan, là-bas au milieu de la grande plaine alluviale du Nord, intitulée « El me gatt », littéralement « Le mien chat », écrite et chantée d’abord par son auteur Ivan Della Mea a perduré au-delà de bien des années, reprise par toute une série d’artistes et non des moindres. Un de ses premiers auditeurs fut Umberto Eco qui la catalogua comme « Archétype ; je ne sais si lui-même la chanta. Un chanteur, auteur-compositeur à ses heures, Alessio Lega qui continue à lui donner sa voix, l’avait désignée comme la première chanson d’animalisme militant de l’histoire. Je ne sais s’il a raison. Ce que je sais, c’est ce que Brassens promettait comme vengeance à ceux qui fouettent, blessent, tuent, crèvent, éventrent, bref, font du mal aux chats.


« Qu’il boive mon vin, qu’il aime ma femme,
Qu’il fume ma pipe et mon tabac,
Mais que jamais — mort de mon âme !,
Jamais il ne fouette mes chats.
Quoique je n’aie pas un atome,
Une ombre de méchanceté,
S’il fouette mes chats, il y a un fantôme
Qui viendra le persécuter.
S’il fouette mes chats, il y a un fantôme
Qui viendra le persécuter. »


Oh oui, dit Lucien l’âne, et il le disait très solennellement dans cette chanson qu’il avait appelée « Le Testament » et comme on le voit, cette vengeance aurait été ce qu’elle devait être selon ce que disait ta grand-mère : « La vengeance est un plat qui se mange froid ». J’ajouterais en plusieurs fois. Dans de telles circonstances, le persécuté (ici, ç’aurait été la persécutée) n’en aurait plus dormi jusqu’à la fin de sa vie et ce n’aurait été que justice.


À propos de justice, dit Marco Valdo M.I., la chanson en parle et l’enfant s’en plaint de la justice :


« La justice a tort :

Car mon chat est mort

Et cette Ninetta vit encore. »


L’enfant s’en plaint et il n’a pas tort, car d’une part, personne du côté de la justice n’a cherché à poursuivre l’assassin du chat et de l’autre, tout ce que le pouvoir a fait, c’est faire la chasse à l’enfant et le mettre en prison. Prévert, environ trente avant, dénonçait déjà cette chasse à l’enfant et cette mise en prison des enfants. Il ne t’aura pas échappé qu’on en trouve un vers mot pour mot dans la chanson : « Ils m’ont appelé bandit, voyou, voleur, chenapan ».


Comme je le sais, Marco Valdo M.I., tu es l’auteur de la chanson qui défend l’égalité des humains et des animaux et qui affirme les droits universels des uns et des autres et même, plus généralement, de tous les êtres vivants — y compris les plus petits animalcules, y compris la biosphère elle-même. Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore, ils peuvent en trouver le texte en de multiples langues sous le titre « Déclaration universelle des Droits de l’Âne ». Concluons ainsi et tissons le linceul de ce vieux monde ignorant, stupide, injuste et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane







Allongé au milieu des jardins,

Il voyait le ciel de ses yeux morts de chat.

Allez savoir quel est l’infâme crétin

Qui a crevé le ventre de mon chat.


Il était beau, il était sympathique :

Noir et blanc, une beauté, magnifique.

Si j’attrape celui qui l’a frappé…

Je lui briserai le cul à coups de pied.


Mes amis m’ont dit : « C’était la Ninetta,

Celle à la petite jambe tordue.

Dans les jardins hier matin, on l’a vue

Avec un couteau à la main guetter le chat. »


Un sale caractère, un visage épouvantable,

Et un gros nez de chamelle,

Une traînée vraiment pitoyable,

Tous les enfants se moquent d’elle.


Via Savona, je l’ai attendue.

Après midi, quand elle est revenue,

J’ai suivi cette infirme ingambe,

J’ai frappé sur sa bonne jambe.


J’ai entendu un crac d’os brisés,

Elle est tombée à terre comme ça,

Et elle criait : « Oh mamma mia ! »

J’ai eu peur, j’ai décampé.


Jirai dormir à la maison de correction.

Piazza Filangieri au numéro deux, à Milan,

Ils m’ont appelé bandit, voyou, voleur, chenapan,

Moi, je suis convaincu d’avoir raison.


Braves gens, comprenez-moi :

Je me fous de cette Ninetta,

Mais la justice a tort,

Car cette Ninetta vit encore

Et mon chat est mort.


La justice a tort :

Car mon chat est mort

Et cette Ninetta vit encore.