LES PETITS CHATS
Version
française du XXIe siècle – LES
PETITS CHATS – Marco Valdo
M.I. – 2020
Chanson
française (beauceron)
(début du XXe
siècle) – Les
p’tits chats – Gaston
Couté – 1928 (édition : La
Chanson d’un gas qu’a mal tourné, E.
Rey, 1928)
Chanson
de
Gaston Couté, interprète
Jacques Lambour, Gérard
Pierron e Bernard Meulien (1976), Vania Adrien Sens (1976),
Claude Féron (1998), Christian Deschamps (2003).
La
misère et ses victimes, femmes et enfants, enfants ou chatons… Et,
de même, une autre misère, celle de l’hypocrisie anti-avortement.
Face
à tous ceux qui « c’était mieux quand c’était pire »…
Il y a quelques années, un vieil homme de mon pays m’a raconté
comment, quand il était jeune, il était fréquent que certains
nouveau-nés disparaissent… Il s’agissait principalement
d’histoires de femmes et d’enfants nés hors mariage, souvent de
viols consommés derrière des murs domestiques tranquilles… On
disait aux mères que le bébé n’avait pas survécu à la
naissance, mais elles savaient toutes qu’il avait fini comme un
chaton…
Dialogue
Maïeutique
Une
chanson qui raconte une histoire de chats, et même, la terrible
histoire de très nombreux chatons qui finissent leurs vies (chacun
d’eux en a une) prématurément ; ici, dans un étang. C’est
triste, c’est pénible, mais c’est vrai de tous temps – tant
qu’il y aura des hommes. Ainsi, cette chanson au titre sympathique,
et pur certains nettement attendrissant, est l’écho d’un monde
terrifiant.
J’en
ai l’idée, dit Lucien l’âne, tant je l’ai vu faire souvent.
C’est une misère qui désespère, mais véritablement, qu’y
faire ? Les animaux sont de l’humaine nation dépendants.
Ainsi, j’ai oui dire qu’en Australie, ils tuent les lapins, les
rats, les chiens, les chats, les kangourous par millions à la
mitrailleuse ou pire encore.
En
fait, Lucien l’âne mon ami, homme ou animal, en toute conscience,
il faut considérer ceci que l’humanité estime qu’il lui revient
de régner sur le monde (enfin, sur cette minuscule et insignifiante
partie des mondes qu’est la Terre), qu’il lui incombe de réguler
les populations.
Bien
sûr, Marco Valdo M.I. mon ami, cela est exact et est certainement
une bonne idée ; mais que ne le fait-elle en commençant par
elle-même ?
Comme
tu pourras le voir, Lucien l’âne mon ami,
c’est un peu la conclusion de la chanson.
Oui,
dit Lucien l’âne, que ne commence-t-elle par elle-même, cette
humanité qui va prochainement – sauf revirement dans sa
conscience, dans sa suffisance, dans son arrogance – mettre à mort
tout le vivant. En attendant, les prévisions sont affolantes :
demain, dix milliards ; après-demain : vingt ou cent
milliards ?; jusqu’à l’ « Only stand up ! »
– « Tous debout ! Y a plus de place ! »
Sans
doute, demain, il n’y aura plus de place, dit Marco Valdo M.I. et
il ne faut pas rêver à envoyer tout ce monde-là dans l’espace.
Ah,
Marco Valdo M.I. mon ami, certains disent parfois qu’une « bonne
guerre » suffirait à régler ça.
C’est
une illusion, Lucien l’âne mon ami, tu en conviendras. Même si
une guerre mondiale (c’est un minimum !) ou une épidémie
féroce et mondiale elle aussi (c’est le minimum minimorum) ou les
deux ensemble tuaient – disons – cent millions d’humains en un
an et ce systématiquement de façon récurrente, ça ne suffirait
pas à tarir le flot – à supposer que la biosphère survive à
pareil traitement. Quant à ramener l’humanité à la mesure
raisonnable – disons – d’un milliard d’humains sur Terre, il
faudrait procéder à un joli massacre ; sans compter que la
question de pose de choisir les survivants. Mais qui pourrait y
pourvoir ? Même le plus dément des Présidents (lequel?)
n’oserait y songer.
Jusqu’à
présent, dit
Lucien l’âne, c’est apparemment hors de question. Mais allez
savoir avec les Présidents qu’on élit ou avec ceux
qui se hissent au pouvoir différemment.
Certes,
dit Marco Valdo M.I., la chose est évidente et peut préoccuper
certaines âmes sensibles.
Oh,
dit Lucien l’âne, une telle préoccupation est fort marginale. De
toute façon, les années passent, les Nérons s’effacent et les
Empires (Reich, Impero…) millénaires s’en vont dans de lointains
horizons.
Soit,
dit Lucien l’âne, mais qu’en est-il des petits chats ?
La
chanson, dit Marco Valdo M.I., te le dira qui
se termine comme ça :
« Tu
vois, l’étang
est à deux pas.
Eh ! bien, sitôt que ton petit viendra,
Pauvre fille, envoie-le retrouver mes petits chats !… »
Eh ! bien, sitôt que ton petit viendra,
Pauvre fille, envoie-le retrouver mes petits chats !… »
Finalement,
dit Lucien l’âne, mourir, la belle affaire ! On ne meurt
qu’une fois et en plus, on ne le sait pas. Et puis, mourir tous
ensemble ou mourir un à la fois ? On meurt toujours tout seul
et c’est rassurant, en fin de compte, on
meurt tous. C’est pour les vivants que ce
vieux monde est insupportablement dément. Alors, tissons le linceul
de vieux monde fou furieux, méchant, imbécile et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Hier,
la chatte grise
dans un petit
coin
De notre grenier, sur une botte de foin,
Avait amené trois petits chats ;
Comme je ne pouvais pas nourrir tout ça,
Je les ai pris d’une main, d’un coup,
Et leur attachai une grosse pierre au cou.
De notre grenier, sur une botte de foin,
Avait amené trois petits chats ;
Comme je ne pouvais pas nourrir tout ça,
Je les ai pris d’une main, d’un coup,
Et leur attachai une grosse pierre au cou.
Puis,
je m’en fus à l’étang ;
Une fois là, je les ai foutus dedans ;
Ça a fait : plouf !… L’eau a grouillé,
Et puis, plus rien !… Ils étaient noyés…
Et je suis reparti, chantant comme ça :
« C’est la pauvre chatte grise qui a perdu ses chats. »
Une fois là, je les ai foutus dedans ;
Ça a fait : plouf !… L’eau a grouillé,
Et puis, plus rien !… Ils étaient noyés…
Et je suis reparti, chantant comme ça :
« C’est la pauvre chatte grise qui a perdu ses chats. »
En
m’en allant, j’ai rencontré
Une fille en train de pleurer,
Toute peineuse et toute en haillons,
Et qui portait deux baluchons.
L’un en main ! c’était quelques habits ;
L’autre, c’était son ventre où était son petit !
Une fille en train de pleurer,
Toute peineuse et toute en haillons,
Et qui portait deux baluchons.
L’un en main ! c’était quelques habits ;
L’autre, c’était son ventre où était son petit !
Et
je lui ai dit : « Fille, c’est pas tout ça ;
Quand t’auras ton drôle sur les bras,
Comment donc tu feras pour l’élever,
Toi qui as seulement pas de quoi bouffer ?
Et, quand même que tu l’élèverais,
En te saignant des quatre veines… et puis après ?
Quand t’auras ton drôle sur les bras,
Comment donc tu feras pour l’élever,
Toi qui as seulement pas de quoi bouffer ?
Et, quand même que tu l’élèverais,
En te saignant des quatre veines… et puis après ?
Enfant
de peineuse, il serait peineux ;
Et quoi qu’il fasse, il serait des ceux
Qui sont contribuables et soldats…
Et, – par la tête ou par les bras
ou par… n’importe bien par où ! -
Il serait un outil de ceux qui ont des sous.
Et quoi qu’il fasse, il serait des ceux
Qui sont contribuables et soldats…
Et, – par la tête ou par les bras
ou par… n’importe bien par où ! -
Il serait un outil de ceux qui ont des sous.
Et
peut-être qu’un jour, lassé de subir
La vie et ses tristes fourbis,
Il s’en irait se jeter à l’eau,
Ou se foutrait une balle dans la peau,
Ou dans un bois il s’accrocherait,
Ou dans un cinquième, il s’asphyxierait.
La vie et ses tristes fourbis,
Il s’en irait se jeter à l’eau,
Ou se foutrait une balle dans la peau,
Ou dans un bois il s’accrocherait,
Ou dans un cinquième, il s’asphyxierait.
Puisque
tu peux l’empêcher de
souffrir,
Ton petit qui est tout prêt à venir,
Fille, pourquoi donc ne le ferais-tu pas ?
Tu vois, l’étang est à deux pas.
Eh ! bien, sitôt que ton petit viendra,
Pauvre fille, envoie-le retrouver mes petits chats !… »
Ton petit qui est tout prêt à venir,
Fille, pourquoi donc ne le ferais-tu pas ?
Tu vois, l’étang est à deux pas.
Eh ! bien, sitôt que ton petit viendra,
Pauvre fille, envoie-le retrouver mes petits chats !… »