jeudi 12 mars 2020

LES PETITS CHATS

LES PETITS CHATS


Version française du XXIe siècle – LES PETITS CHATS – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson française (beauceron) (début du XXe siècle) – Les p’tits chatsGaston Couté – 1928 (édition : La Chanson d’un gas qu’a mal tourné, E. Rey, 1928)

Chanson de Gaston Couté, interprète Jacques Lambour, Gérard Pierron e Bernard Meulien (1976), Vania Adrien Sens (1976), Claude Féron (1998), Christian Deschamps (2003).





La misère et ses victimes, femmes et enfants, enfants ou chatons… Et, de même, une autre misère, celle de l’hypocrisie anti-avortement.
Face à tous ceux qui « c’était mieux quand c’était pire »… Il y a quelques années, un vieil homme de mon pays m’a raconté comment, quand il était jeune, il était fréquent que certains nouveau-nés disparaissent… Il s’agissait principalement d’histoires de femmes et d’enfants nés hors mariage, souvent de viols consommés derrière des murs domestiques tranquilles… On disait aux mères que le bébé n’avait pas survécu à la naissance, mais elles savaient toutes qu’il avait fini comme un chaton…



Dialogue Maïeutique

Une chanson qui raconte une histoire de chats, et même, la terrible histoire de très nombreux chatons qui finissent leurs vies (chacun d’eux en a une) prématurément ; ici, dans un étang. C’est triste, c’est pénible, mais c’est vrai de tous temps – tant qu’il y aura des hommes. Ainsi, cette chanson au titre sympathique, et pur certains nettement attendrissant, est l’écho d’un monde terrifiant.

J’en ai l’idée, dit Lucien l’âne, tant je l’ai vu faire souvent. C’est une misère qui désespère, mais véritablement, qu’y faire ? Les animaux sont de l’humaine nation dépendants. Ainsi, j’ai oui dire qu’en Australie, ils tuent les lapins, les rats, les chiens, les chats, les kangourous par millions à la mitrailleuse ou pire encore.

En fait, Lucien l’âne mon ami, homme ou animal, en toute conscience, il faut considérer ceci que l’humanité estime qu’il lui revient de régner sur le monde (enfin, sur cette minuscule et insignifiante partie des mondes qu’est la Terre), qu’il lui incombe de réguler les populations.

Bien sûr, Marco Valdo M.I. mon ami, cela est exact et est certainement une bonne idée ; mais que ne le fait-elle en commençant par elle-même ?

Comme tu pourras le voir, Lucien l’âne mon ami, c’est un peu la conclusion de la chanson.

Oui, dit Lucien l’âne, que ne commence-t-elle par elle-même, cette humanité qui va prochainement – sauf revirement dans sa conscience, dans sa suffisance, dans son arrogance – mettre à mort tout le vivant. En attendant, les prévisions sont affolantes : demain, dix milliards ; après-demain : vingt ou cent milliards ?; jusqu’à l’ « Only stand up ! » – « Tous debout ! Y a plus de place ! »

Sans doute, demain, il n’y aura plus de place, dit Marco Valdo M.I. et il ne faut pas rêver à envoyer tout ce monde-là dans l’espace.

Ah, Marco Valdo M.I. mon ami, certains disent parfois qu’une « bonne guerre » suffirait à régler ça.

C’est une illusion, Lucien l’âne mon ami, tu en conviendras. Même si une guerre mondiale (c’est un minimum !) ou une épidémie féroce et mondiale elle aussi (c’est le minimum minimorum) ou les deux ensemble tuaient – disons – cent millions d’humains en un an et ce systématiquement de façon récurrente, ça ne suffirait pas à tarir le flot – à supposer que la biosphère survive à pareil traitement. Quant à ramener l’humanité à la mesure raisonnable – disons – d’un milliard d’humains sur Terre, il faudrait procéder à un joli massacre ; sans compter que la question de pose de choisir les survivants. Mais qui pourrait y pourvoir ? Même le plus dément des Présidents (lequel?) n’oserait y songer.

Jusqu’à présent, dit Lucien l’âne, c’est apparemment hors de question. Mais allez savoir avec les Présidents qu’on élit ou avec ceux qui se hissent au pouvoir différemment.

Certes, dit Marco Valdo M.I., la chose est évidente et peut préoccuper certaines âmes sensibles.

Oh, dit Lucien l’âne, une telle préoccupation est fort marginale. De toute façon, les années passent, les Nérons s’effacent et les Empires (Reich, Impero…) millénaires s’en vont dans de lointains horizons.

Soit, dit Lucien l’âne, mais qu’en est-il des petits chats ?

La chanson, dit Marco Valdo M.I., te le dira qui se termine comme ça :

« Tu vois, l’étang est à deux pas.
Eh ! bien, sit
ôt que ton petit viendra,
Pauvre fille, envoie-le retrouver mes petits chats !… »

Finalement, dit Lucien l’âne, mourir, la belle affaire ! On ne meurt qu’une fois et en plus, on ne le sait pas. Et puis, mourir tous ensemble ou mourir un à la fois ? On meurt toujours tout seul et c’est rassurant, en fin de compte, on meurt tous. C’est pour les vivants que ce vieux monde est insupportablement dément. Alors, tissons le linceul de vieux monde fou furieux, méchant, imbécile et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Hier, la chatte grise dans un petit coin
D
e notre grenier, sur une botte de foin,
Avait amené trois petits chats ;
Co
mme je ne pouvais pas nourrir tout ça,
J
e les ai pris d’une main, d’un coup,
E
t leur attachai une grosse pierre au cou.

Puis, je m’en fus à l’étang ;
Une fois là, je les ai foutus dedans ;
Ça a fait : plouf !… L’eau a grouillé,
Et puis, plus rien !… Ils étaient noyés…
Et je suis reparti, chantant comme ça :
« C’est la pauvre chatte grise qui a perdu ses chats. »

En m’en allant, j’ai rencontré
Une fille en train de pleurer,
Toute peineuse et toute en haillons,
Et qui portait deux baluchons.
L’un en main ! c’était quelques habits ;
L’autre, c’était son ventre où était son petit !

Et je lui ai dit : « Fille, c’est pas tout ça ;
Quand t’auras ton drôle sur les bras,
Comment donc tu feras pour l’élever,
Toi qui as seulement pas de quoi bouffer ?
Et, quand même que tu l’élèverais,
En te saignant des quatre veines… et puis après ?

Enfant de peineuse, il serait peineux ;
Et quoi qu’il fasse, il serait des ceux
Qui sont contribuables et soldats…
Et, – par la tête ou par les bras
ou par… n’importe bien par où ! -
Il serait un outil de ceux qui ont des sous.

Et peut-être qu’un jour, lassé de subir
La vie et ses tristes fourbis,
Il s’en irait se jeter à l’eau,
Ou se foutrait une balle dans la peau,
Ou dans un bois il s’accrocherait,
Ou dans un cinquième, il s’asphyxierait.

Puisque tu peux l’empêcher de souffrir,
Ton pe
tit qui est tout prêt à venir,
Fill
e, pourquoi donc ne le ferais-tu pas ?
Tu v
ois, l’étang est à deux pas.
Eh ! bien, sit
ôt que ton petit viendra,
Pauvre fille, envoie-le retrouver mes petits chats !… »