LE
TILLEUL
Version
française – LE TILLEUL – Marco Valdo M.I. – 2015
Li Tiyou do vî Payis
Voici,
Lucien l'âne mon ami, toi qui – selon la déclaration
universelle des droits de l'âne (et de tous les êtres vivants)
[[49337]] – est athée, une chanson où le protagoniste, celui qui
parle, celui qui chante est Dieu lui-même. Cependant, elle devrait
te plaire.
D'abord,
Marco Valdo M.I. mon ami l'homme, je voudrais avant de laisser aller
les choses plus loin éclairer un peu cette affirmation qui me fait
athée. Non pas comme on va le voir que je sois de la moindre manière
déiste ou croyant ou je ne sais quoi du genre, telle n'est pas la
question. Cependant, pour la bonne compréhension des choses, il
faut savoir que je ne suis athée que par ricochet ; en ce sens
que je ne le suis que parce que des gens ont inventé des dieux, puis
surtout, ceux qui ont inventé un Dieu (ce sont les pires),
constatant que moi et bien des autres, on ne partage pas leur délire
qu'ils appellent « croyance en Dieu», nous ont forgé ce
nom d'athée. Et comme les Gueux d'Ulenspiegel, nous nous sommes fait
un nom de cette appellation. Et comme les Gueux, nous dirons :
« Athée est fier de l'être ». Au passage, je te
rappelle que Claes, le propre père de Till fut brûlé
sur un bûcher, car il ne croyait pas comme eux. Mieux
encore, cet Uylenspiegel
[https://fr.wikipedia.org/wiki/Uylenspiegel]
est une sorte de cousin bruxellois de l'Asino
[https://it.wikipedia.org/wiki/L'Asino
], qui dérida Rome au tournant du siècle précédent et mena franc
du col le combat contre Mussolini et sa clique. Il y a une deuxième
raison au fait que je sois désigné comme athée et la voici. C'est
à cause de ma volonté de ne pas perturber ces pauvres gens qui
croient à un Dieu qu'ils font à leur image… Imagine que je ne
sois pas athée, il faudrait donc qu'il y ait pour moi un Dieu à mon
image… Tu vois d'ici la tête du Pape, celle de Mahomet ou de
Jéhovah, selon que je me rallierais à l'une ou l'autre de ces
coteries religieuses. Cela dit, parle-moi de cette nouvelle chanson…
Et
bien, voilà… Donc, c'est Dieu lui-même qui interpelle les
humains. Il leur dit, et il faut le comprendre, car il a raison, que
le pouvoir et a fortiori le pouvoir divin (absolument absolu) ne peut
en aucun cas avoir forme humaine, ni être régi par quelqu'un qui
serait à l'image de l'homme. Ce serait trop dangereux et pour tout
dire, catastrophique. Tel est le sentiment de ce Dieu, qui de fait
est un tilleul.
J'aime
assez m'endormir sous les grands bras de grands tilleuls, surtout
quand c'est le temps des fleurs… Alors, j'attends avec une certaine
impatience la chanson. Et ensuite, si tu le veux bien, nous
reprendrons notre tâche et recommencerons à tisser le linceul de ce
vieux monde arboricide, guerrier, fanatique, humain, trop humain et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
|
Des
chiens furieux, un rat çà et là,
Restes de toutes les civilisations
Qui croissent,
Puis brillent,
Puis gonflent,
Puis explosent.
Restes de toutes les civilisations
Qui croissent,
Puis brillent,
Puis gonflent,
Puis explosent.
Je sais cela, messieurs,
Je suis celui que vous appelez Dieu.
Vraiment, vous avez cru aussi
Que je pouvais être votre ami ?
Aucune personne avec ce pouvoir souverain
Ne voudrait jamais faire le bien.
C'est une loi de toute la création,
Le pouvoir a le mal intégré dans son fond.
Et puis le bien, c'est votre idée,
Le
mari violent.
La mère qui tue son enfant.
L'évêque corrompu et corrupteur.
Le maire prévaricateur.
Le soldat frappé et tué,
L'autre soldat qui l'a abattu.
Les femmes et leur douleur
Violées dans leur sang et dans leur cœur.
Tout ceci vous l'avez voulu,
Croyez-vous que le bien vous ait aidé ?
La mère qui tue son enfant.
L'évêque corrompu et corrupteur.
Le maire prévaricateur.
Le soldat frappé et tué,
L'autre soldat qui l'a abattu.
Les femmes et leur douleur
Violées dans leur sang et dans leur cœur.
Tout ceci vous l'avez voulu,
Croyez-vous que le bien vous ait aidé ?
Regardez ce chêne millénaire
Détruit par votre guerre.
Vous pleuriez mille fils morts,
Cet arbre devait vivre encore.
Vous croyiez que j'étais fait
À votre image et à votre ressemblance ;
Vous l'avez lu dans ce livre contrefait
Que vous avez écrit vous-mêmes.
Je n'ai jamais eu de fils, et puis même,
Moi qui suis un tilleul, comment l'aurais-je fait ?