Le Combat de Lamme
Chanson
française – Le
Combat de Lamme
–
Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 65
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXVII)
Ulenspiegel le Gueux – 65
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXVII)
Dialogue
Maïeutique
« Le
Combat de Lamme » ?,
s’exclame
Lucien
l’âne.
Tu ne vas quand même pas me dire que Lamme va se battre et qu’il
va le faire devant un public comme un lutteur de foire ; tu
ne vas quand même pas prétendre qu’il se bat à mains nues tel un
sumo contre un adversaire de la taille d’un ours.
Eh
bien, si !, réplique Marco Valdo M.I., c’est
très exactement ce que raconte cette canzone. Lamme exerce l’art
du sumo ou de la boxe française et mieux encore, il sort vainqueur
de cette étonnante confrontation. Que la chose désarçonne un peu,
je l’admets, mais il faudra bien s’y faire. C’est la stricte
vérité, c’est la réalité, mais comme tu l’as anticipé, c’est
une vérité, une réalité en trompe l’œil.
En
trompe l’œil ?, demande Lucien l’âne. Comment ça, en
trompe l’œil ? Il n’y a pas de combat ? Lamme n’est
pas le vainqueur ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
Et d’ailleurs, pourquoi se bat-il, ce patapouf de Lamme ? Et
contre qui ? Je me le demande.
À
tant de questions, Lucien l’âne mon ami, je ne peux répondre d’un
coup. Je commencerai par le plus facile. Lamme va vraiment se battre
en un faux combat contre un batelier gigantesque qui est connu sous
le nom de Pierre le Fort, c’est tout te dire. Un personnage énorme
et
d’une
force légendaire, capable de porter une charrette pleine sur ses
épaules. Pourtant,
notre bonhomme va l’attaquer tout soudainement et le jeter à
terre, l’immobiliser et l’obliger à demander grâce devant une
foule de badauds ébahie. Voilà le résumé de la chanson, le
compte-rendu quasiment sténographique de cet impérissable exploit.
Moi,
je veux bien, dit Lucien l’âne, mais ça ne me paraît pas
vraisemblable. On dirait un match de catch truqué. Voilà ce que
j’en pense.
Et
tu
penses bien, Lucien l’âne mon ami, car c’est parfaitement ça.
Même Lamme lui-même n’y comprend goutte et n’est pas certain de
ne pas être en train de rêver.
Donc,
c’est bien un combat pour du rire, comme disent les enfants de chez
nous. Mais
pourquoi soudain, Lamme le pus pacifique des hommes se lance-t-il à
l’assaut de cette montagne de muscles lui qui a tout d’un Bouddha
graisseux ?
Ce
mystère, Lucien l’âne mon ami, je m’en vais te le dévoiler
illico, même si ce faisant, j’enlève beaucoup de charme à la
chanson. Pour ne pas trop abîmer le secret, je te dirai de réfléchir
au chant de l’alouette et à la réponse du coq.
« Alors
chante l’alouette primesautière,
Alors
répond le coq altier ; »
Ce
sont, comme tu le sais, les signes de reconnaissance des partisans du
Taiseux et il s’agit tout simplement à ces conjurés de se
rencontrer sans susciter de suspicion. Ce pourquoi ils doivent se
rencontrer est explicité dans une autre chanson que je dois encore
écrire.
Et
pourquoi, Marco Valdo M.I. mon ami, Lamme gagne-t-il de haute lutte
cette bagarre de Titans ? Peux-tu me le dire ?
Bien
sûr, Lucien l’âne mon mai, mais ce sera dit dans l’autre
chanson.Il te suffira de faire attention.
Fort
bien, conclut Lucien l’âne, je ferai attention à ça et en
attendant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux
monde musclé, lutteur, bagarreur, truqué, sportif et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Divisant
son armée en deux corps,
Albe
fait marcher le premier
Vers
le Luxembourg qui est un duché,
L’autre
vers Namur et son fameux fort.
Marchant
au bord de Meuse,
Till
scrute tous les bateaux,
Il
repère vite la sirène joyeuse
Qui
rit à la proue d’un cent tonneaux.
Alors
chante l’alouette primesautière,
Alors
répond le coq altier ;
Jef
et Jean, baissant les oreilles, se mettent à braire ;
Till
gesticule, s’agite et se met à brailler.
Sur
le fleuve, un batelier gagne le bord,
Brait
et se moque de Till, Lamme et des ânes.
Oh,
dit une femme, c’est Pierre le Fort,
Il
lève sur son dos le cavalier et l’âne.
Hi
han ! Hi han ! Hi han !
Sur
le pont monte et brait un enfant.
Hi
han ! Hi han ! Hi han !
La
femme s’effraie, Till rit à pleines dents.
Ce
Pierre si fort, dit Till
N’est
pas de taille à lutter
Contre
Lamme mon ami fort civil.
Hi
han ! Font l’enfant et le batelier.
Tu
fais le fort, Pierre ?
Si
tu l’oses, viens à terre !
Moi,
je suis Till Ulenspiegel
Et
lui, c’est Lamme, mon ami éternel.
Hi
han ! Hi han !, répond le batelier.
Venez,
venez avec moi, batailler.
Venez
sur mon bateau jouer du pied et du poing,
Ces
hommes et ces commères seront témoins.
Moi,
je suis Pierre et je n’ai peur de rien.
Till
fait monter Lamme sur le bateau
Et
Pierre dit : « Grosse baleine, vaurien ! »
Lamme
furieux se lance sur lui aussitôt.
Et
Lamme frappe et frappe encore,
Et
le batelier tombe comme mort.
Lamme
le prend à la gorge et dit :
« Demande
grâce ! » et le batelier le dit.