samedi 15 décembre 2018

JANAVEL


JANAVEL


Version française – JANAVEL – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson italienneJanavelCantambanchi1982
Texte extrait de La Beidana, revue de culture et d’histoire des Vallées Vaudoises.
Texte
réarrangé à l’écoute par B.B.









Giosuè Janavel, italianisé en Gianavello (Rorà, 1617 – Genève, 5 Mars 1690), était un condottiere italien, appartenant à la communauté vaudoise. Il fut un des protagonistes des Pâques piémontaises de 1655, et écrivit les instructions pour le Glorieux Retour au pays des Vaudois de 1689.

La beidana – que mon très cher ami de Luserna forge encore aujourd’hui, avec la même technique qu’alors – est le symbole de la résistance vaudoise contre les persécutions, un instrument agricole (assez proche de la machette) transformé en arme de défense et enrichi pour cela de symboles et de valeurs. Mais Giosuè Janavel savait bien que le fer de l’épée et le courage n’étaient pas suffisants, il fallait aussi l’astuce, la stratégie et les armes à feu.
Et ce fut justement lui, Janavel, qui pendant les « Pâques piémontaises » du 1655, tint tête avec une poignée de compagnons à 600 soldats du régiment du comte Cristoforo de Lucerna. Des rochers au-dessus de Rorà – où il avait sa maison-refuge – Janavel et les siens tinrent en échec leurs agresseurs avec leurs très longues couleuvrines. Janavel était un irréductible et continua la guérilla contre la Savoies durant des années, tant que sa tête fut mise en jeu en échange de la paix ; en 1663, Janavel et ses partisans acceptèrent volontairement l’exil en Suisse pourvu que le duc Carlo Emanuele II mette fin aux incursions contre la population civile…
Mais les Savoies ne tinrent pas leur parole et Janavel fut bien vite rejoint en Suisse par les réfugiés vaudois chassés des vallées par Vittorio Amedeo II. En 1689, tout en étant trop vieux et en trop mauvais état pour combattre, Janavel écrivit les instructions militaires qui permirent aux Vaudois la « Glorieuse Rentrée », le retour dans les terres qu’ils avaient été forcés d’abandonner peu avant.

Le « Lion de Rorà », le « Capitaine des Vallées » s’éteignit à Genève, en exil, le 5 Mars 1690. Pour qui serait intéressé, je renvoie à la biographie de Janavel écrite par Ferruccio Jalla. (B.B. - traduit de l’italien)



Janavel chevauche
Un aigle, un ours,
Une licorne (1)
Combattant tout seul
Bartolomeo Malingre,
Comte de Bagnolo.

Vers les Vallées,
Montent les soldats,
Les bataillons en armes
Occupent Rorà,
La Tour (2),
Luserna San Giovanni.
Ils
baignent de sang
Le granit, le quartz,
Le foin, les gentianes
Et le sang des Vaudois
Colore la neige
Aux Pâques piémontaises

Ces Cavaliers irlandais (3)
Écorchent les femmes,
Écartèlent les enfants,
Les brûlent sur l’aire
Au nom de Dieu et du duc de Savoie.

Janavel traqué
Comme un loup
sur ses montagnes
vieilli et fatigu
é
Dort sur la paille
Sa couleuvrine à son côté.
Les armées savoyardes
Tuent trois mille Vaudois
Et par milliers comme des animaux
Les tiennent à pourrir des années
Dans les forteresses ducales.

Janavel déchau
ssé
Traverse les Alpes
vers l’exil.
Lion de guerre,
Il ne voit pas la paix
Sur sa terre,
Il ne voit pas la paix
Sur sa terre.

Janavel chevauche
Un aigle, un ours,
Une licorne (1)
Combattant tout seul
Bartolomeo Malingre,
Comte de Bagnolo.



(1) Symboles héraldiques de la Savoie et des seigneurs qui combattaient contre les Vaudois.
(2) Tour est le nom en
piémontais de Torre Pellice.
(3) Durant les persécutions contre les Vaudois, furent employées des troupes mercenaires composées de catholiques irlandais, chassés
de leur pays par le puritain Cromwell et engagés par le marquis de Pianezza avec la promesse qu’ils auraient les terres prises aux Vaudois dans la vallée Pellice.