mercredi 8 janvier 2014

L'ORCHESTRE PASSE

L'ORCHESTRE PASSE

Version française – L'ORCHESTRE PASSE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Passa la banda – Giuseppe «Peppe» Giuffrida – 2012


Paroles et musique de Peppe Giuffrida, auteur-compositeur, compositeur guitariste, percussionniste de Catane.
Dans le court-métrage « La ricotta e il caffè», de Sebastiano Rizzo, consacré à la figure de l'écrivain, journaliste, dramaturge, essayiste et scénariste catanais Giuseppe « Pippo » Fava, tué par la mafia en 1984, le 5 janvier, il y a exactement 30 ans aujourd'hui.




« Quelquefois il faut m'expliquer ce qui nous le fait faire, par Dieu. Car, on sait comme ça finit l'une ou l'autre fois : un demi-million à n’importe quel gamin et il t'attend au bas de chez toi… » Pippo Fava.

« La ricotta e il caffè» est le titre du court-métrage d'où est extraite cette intense chanson de Peppe Giuffrida [LA RICOTTA E IL CAFFÈhttp://www.youtube.com/watch?v=NEVkAn4iIUc
]… Le bon café qui plaisait tant à Pippo Fava ; la ricotta qui lui fut remise, en grande quantité, avec une caisse de champagne, de la part de l'entrepreneur Gaetano Graci, quelques jours avant que le journaliste catanese fut tué par Cosa Nostra. Déjà, la ricotta et le champagne (« Monsciandò », le Moët & Chandon, marque préférée des boss), deux gourmandises qu'on imagine justement pas mises ensemble et qui produiraient une acidité insoutenable…
Un avertissement, donc, en pur style mafieux…
Et le tueur en effet ne se fit pas attendre. Fava fut assassiné car avec le journal par lui fondé et dirigé, « I Siciliani », il avait rompu le silence sur les rapports entre mafia, politique et grand entrepreneuriat. « Les quatre cavaliers de l'apocalypse mafieuse » fut le titre explicite de l'enquête sur ces connivences, publiée dans le premier numéro du mensuel, dans laquelle appraissaient explicitement les noms des cavaliers du travail Mario Rendo, Francesco Finocchiaro, Carmelo Costanzo et Gaetano Graci (celui de la ricotta avec le champagne) auprès de celui du boss Nitto Santapaola. (tiré de Vittime Mafia - Per non dimenticare – Victimes Mafia – Pour ne pas oublier)
À 21h30, le 5 janvier 1984, Giuseppe Fava se trouvaient dans la rue du Stade et allait chercher sa nièce qui jouait dans «Pensaci, Giacomino! » au Théâtre Verga. Il venait de quitter la rédaction de son journal. Il n'eut pas le temps de descendre de sa Renault 5 qu'il fut abattu de cinq projectiles calibre 7.65 à la nuque. Initialement, l'homicide fut étiqueté comme délit passionnel, tant par la presse que par la police. On dit que le pistolet utilisé n'était pas parmi celles-là habituellement des employées en délits à imprime mafieux. On commencer même à fouiller parmi les papiers de « les Siciliens », dans cherche d'épreuves : une autre hypothèse était le mobile économique, pour les difficultés dans lesquelles il versait la revue.

Même les institutions, in primis le maire Angelo Munzone, accréditèrent cette thèse, jusqu'à éviter d'organiser une cérémonie publique en présence des plus hautes autorités citadines. Les premières déclarations officielles furent déplorables. Le député Nino Drago demanda la clôture rapide des enquêtes car « autrement les cavaliers pourraient décider de transférer leurs usines au Nord ». Le maire réaffirma que la mafia à Catane n'existait pas. [...]
L'enterrement se tint dans la petite église de Saint Maria della Guardia à Ognina et peu de personnes rendirent le dernier hommage au journaliste ; ce furent surtout des jeunes et des ouvriers qui accompagnèrent le cercueil. [.] (d'it.wikipedia)

Le procès pour l'assassinat de Giuseppe Fava s'est conclu presque 20 ans après, en 2003, lorsque la Cour de Cassation a confirmé la prison à vie en envoyant, le boss Nitto Santapaola, dit «Il Licantropo – le Loup-garou » ou «Il Cacciatore – le Chasseur » (voir la quatrième strophe de la chanson), et pour l'exécuteur, Aldo Ercolano, catanais et mafieux aussi lui, auteur de dizaines de homicides.

Ognina, également citée dans la quatrième strophe, est un quartier de Catane. À l'origine, c'était un bourg marin, mais dans les années les 50 et 60 (les années de « «Le mani sulla città – les mains sur la ville ») et ensuite dans les ans 70 et 80, Ognina fut l'objet d'une grande « bétonisation » - immeubles, boulevard de ceinture et même un pont (démoli récemment) - gérée en grande partie de la mafia et de ses « cavaliers de l'Apocalypse », les entrepreneurs proches des « cosche » (bandes mafieuses).
Giuseppe Fava ne fut pas seulement un courageux journaliste mais aussi un écrivain passionné ; son roman « «Passione di Michele – La Passion de Michele », une histoire d'émigration en Allemagne, que Fava lui-même transforma en scénario pour le film de l'Allemand Werner Schroeter intitulé « Palerme oder Wolfsburg », qu'en Italie personne n'a jamais vu, malgré qu'en 1980, il se soit adjugé l'Ours d'Or au Festival du cinéma de Berlin…






Sa dernière interview :
Le 28 décembre 1983 donne sa dernière interview à Enzo Biagi dans l'émission Filmstory, transmise sur RAI Uno, sept jours avant son assassinat. Il disait :



« Je me rends compte qu'il existe une énorme confusion sur le problème de la mafia. Les mafieux siègent au Parlement, les mafieux parfois sont ministres, les mafieux sont des banquiers, les mafieux sont ceux qui à cet instant sont aux sommets de la nation. On ne peut pas définir mafieux le petit délinquant qui vient et impose la taille sur une petite activité commerciale, ce sontdes affaires de petite criminalité, qu'on trouve je crois dans toutes les villes italiennes, dans toutes les villes européennes. Le phénomène de la mafia est beaucoup plus tragique et important… »
("I mafiosi stanno in Parlamento" - « Les mafieux sont au Parlement)







Museaux noirs, murs noirs
Noire est la cité
Les yeux des gens sont noirs
Quand ils sont sans pitié



Assassins et geôliers
Dans le même café
Constructeurs, cavaliers
Sans âme, sans pitié


Un garçon à la barbe
Et un peu digne
Disait véritable
Une étrange fable

Autoroutes, tribunaux, quartiers
Et un pont à Ognina
Aux mains du chasseur de Catania
Tout et quatre sociétés

Les années Septante
Et les dix années suivantes
La bande passe
La bande tire

C'était le cinq janvier
Une Cinq, sa voiture
Cinq les coups dans la cible
Un seul homme décédé

Quatre à tendre le guêpier
Un seul tueur
Tous absous, pas par erreur
L'Honorable Société

Qui a tiré est sicilien
Qui l'a voulu est sicilien
Même le mort est sicilien
Comme moi sicilien

Restez bien où vous êtes
Que personne ne parle
Car peut faire mal le silence
Et même le temps oublie

Quatre chats à un enterrement
La ville s'est terrée
Sous un journal qui ment
La vérité est enterrée

Les années Septante
Et les dix années suivantes
La bande passe
La bande tire

C'était le cinq janvier
Une Cinq, sa voiture
Cinq les coups dans la cible
Un seul homme décédé

Quatre à tendre le guêpier
Un seul tueur
Tous absous, pas par erreur
L'Honorable Société

Qui a tiré est sicilien
Qui l'a voulu est sicilien
Même le mort est sicilien
Comme moi sicilien

L'orchestre joue, joue l'orchestre
Passe la Sainte et les gens s'inclinent
La bande tire, tire la bande,
Il y a le mort les gens s'éloignent


Passe l'orchestre, l'orchestre passe
La fleur à la bouche, la balle en poche
La fleur tombe, elle est tombée cette fleur
Crie Catania, car demain on meurt
On meurt
On meurt
On meurt
On meurt…