samedi 16 mai 2020

LE TESTAMENT DE MARIO


LE TESTAMENT DE MARIO


Version française – LE TESTAMENT DE MARIO – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienneIl TestamentoAppino – 2013













29 novembre 2010. Il y a dix ans. Le réalisateur de Viareggio Mario Monicelli est hospitalisé à l’hôpital San Giovanni de Rome pour un cancer de la prostate en phase terminale. Il a 95 ans et a presque complètement perdu la vue. Laissé seul dans la pièce, il se traîne à la fenêtre et se jette dans le vide.

« Je ne sais pas ce qui sera dit demain sur ce qui s’est passé – c’est le commentaire brûlant du réalisateur Giovanni Veronesi – mais une chose doit être dite : je n’ai jamais entendu de quelqu’un qui se serait suicidé à l’âge de nonante-cinq ans. C’était vraiment spécial. »

Tomaso Monicelli, le père de Mario, journaliste et dramaturge, s’est également suicidé en 1946. À propos de la mort de son père, Monicelli avait dit : « J’ai compris son geste. La vie ne vaut pas toujours d’être vécue ; si elle cesse d’être vraie et digne, elle n’en vaut pas la peine. J’ai trouvé le cadavre de mon père. Vers six heures du matin, j’ai entendu un coup de feu, je me suis levé et j’ai forcé la porte de la salle de bain. Entre autres choses, une salle de bain très modeste » .


Quelques mois auparavant, Mario Monicelli avait donné une interview dans laquelle il déclarait : « Ne jamais avoir d’espoir. L’espoir est un piège, c’est une chose infâme inventée par les responsables. »

En définitive, le geste de Mario Monicelli est un geste de liberté, contre ceux qui « ne me laissent pas faire autrement », comme l’écrit Appino dans cette belle chanson, contre ceux qui veulent décider de notre vie et de notre mort.


Dialogue Maïeutique (Court)

Ah, ajoute Marco Valdo M.I., figure-toi que j’ai dû un peu préciser le titre de ma version en langue française et l’intituler « LE TESTAMENT DE MARIO », car le titre qui correspondait au titre italien « Il Testamento » était déjà pris et l’antériorité de la chanson de Georges Brassens, intitulée : « Le Testament » ne fait aucun débat. Il n’y aura dès lors aucune confusion possible.

De mon côté, dit Lucien l’âne, je voudrais juste signaler que cette version française a été faite sur la suggestion de Lorenzo Masetti, suite à la lecture de « Euthanasiez-moi », qui faisait référence à la chanson « Déshabillez-moi », que le même Lorenzo avait traduite en italien. Pour le reste, tissons le linceul de ce vieux monde réactionnaire, pandémique, exotique et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



J’ai dix strophes pour laisser un beau souvenir ;
J’ai dix étages qui m’attendent là en bas ;
Certes, peu de gens peuvent comprendre ça,
Mais en vérité, je suis heureux de mourir.


J’ai fait tout ce que je devais faire
Et j’ai foiré pour le plaisir de foirer.
J’étais volubile quand il valait mieux se taire
Et j’ai dormi seulement pour recommencer.


J’ai été seul tout le temps nécessaire
À regarder les autres et je n’étais pas un solitaire
Et j’ai cru à tous autant que j’ai pu.
Je me suis toujours relevé après être chu.


J’ai trompé seulement les plus puissants ;
Je leur ai toujours préféré les mendiants.
Je me fichais des jugements des gens,
Car personne ne juge, s’il est un peu intelligent.


J’en ai aimé beaucoup, car je le voulais.
J’en ai détesté tant, eux aussi par amour, mais
Si j’ai préféré le Christ à son père,
Qu’aucun Dieu ne vienne me mettre en terre.


J’ai choisi tout ce que j’ai été
Et j’ai payé bien content de payer,
Car le choix au fond est la seule ligne
Qui rend cette vie plus ou moins digne.


Et donc, je choisis de sauter de la corniche
Comme un cerf-volant, une mouette, un faucon,
Comme une phalène, une pipistrelle, un avion
Qui vole haut, mais maintenant je m’écrase.


Et si je t’ai choisie pour des raisons mystérieuses,
Nous avons passé ensemble des journées merveilleuses
Et tu le sais bien que je le fais par nature,
Ne plus te revoir est mon unique fêlure.


Aux bienpensants qui le trouvent immoral,
À ceux qui le liront dans le journal,
Aux dames à la bouche pleine et au grand coeur,
À ceux qui ne me laissent pas le faire à mon heur,


J’ai choisi exactement ce que je suis
Sans le choix, moi, ma vie je l’abandonne.
Sauf ma douleur, j’ai tout choisi,
Et je vais la tuer ; et il n’y a rien à comprendre.