dimanche 24 juillet 2016

Ni gauche, ni centre, ni droite

Ni gauche, ni centre, ni droite




Texte : Henri Tachan (Montluçon, le 16 avril 1976)




Henri (Tachan) et Léo (Ferré)




Quand je suis au micro, ce n’est pas un « meeting ».
Dans mes chansons, crénom, ni messages ni consignes,
Je ne veux pas refaire votre monde, je veux rêver le mien
Et quand je vous raconte mes révoltes, mes chagrins,
Ne vous croyez donc pas obligés d’adhérer ;
Dans mon parti, il n’y a que moi et c’est déjà le merdier!
Ni gauche, ni centre, ni droite,
Je suis seul sur le « ring »
Avec ma gauche, ma droite,
Sans soigneur ni « doping »,
Ni gauche, ni centre, ni droite,
Je suis seul sur le « ring »
Avec mon corps qui boite.
La Mort qui me fait signe !

Croyez-moi, ce choix-là n’est pas des plus faciles :
Les moutons de Panurge me traitent d’inutile,
Les miliciens rasés, de révolutionnaire,
Les militants de choc, de rêveur littéraire,
Il n’y a rien qui irrite tant tous les troupeaux honnêtes
Que de ne pas pouvoir me coller d’étiquette !
Ni gauche, ni centre, ni droite,
Ni blabla, ni béquilles,
Ni rouge, ni blanc, ni noir,
Ni fusil, ni faucille,
Ni gauche, ni centre, ni droite,
Je suis seul sur le « ring ».
Avec mon corps qui boite
La Mort qui me fait signe !

L’engagement politique, pour moi, c’est comme la foi :
Tu crois en Dieu, Bon Dieu, ou bien tu n’y crois pas.
Je crois parfois en l’homme dans mes moments de fièvre,
Mais dedans mon terrier, mi-sanglier mi-lièvre,
Loin des meutes de chiens, des cors et des clameurs,
Je suis gibier d’abord, vous n’êtes que chasseurs !
Ni gauche, ni centre, ni droite,
Ni slogans, ni insignes,
Ni rouge, ni blanc, ni noir,
Ni complice, ni consigne,
Ni gauche, ni centre, ni droite,
Je suis seul sur le « ring »,
Avec mon corps qui boite.
La Mort qui me fait signe!

Voilà onze ans bientôt que je chante « au secours! »,
Que je chante « ma révolte ! », que je chante « mon amour! »
Voilà onze ans bientôt, que d’hivers en automnes,
Je me bats par instinct à côté de ma lionne,
Que je remets cent fois sur le papier l’ouvrage,
Que cent fois sans raison, je refais le voyage !
Ni gauche, ni centre, ni droite,
Je suis seul sur le « ring »
Avec ma gauche, ma droite,
Sans soigneur, ni « doping »,
Ni gauche, ni centre, ni droite.

Je suis seul sur le « ring »,
Avec mon corps qui boite.
La Vie qui me fait signe !




Dans les Orchestres militaires


Dans les Orchestres militaires

Chanson française – Dans les Orchestres militaires – Henri Tachan – 1975

Paroles: Henri Tachan
Musique: Yves Gilbert







Dans les orchestres militaires,
Il n’y a pas de cordes, il n’y a pas de cordes,
Dans les orchestres militaires.
Notre mandoline est morte.

Il n’y a que des cuivres pour faire des zimboumboums !
Des tagadatsointsoins et des broums !
Il n’y a que des cuivres pour faire des Pont d’Arcole,
Des cuivres pour nous passer à la casserole !

Dans les orchestres militaires,
Il n’y a pas de cordes, il n’y a pas de cordes,
Dans les orchestres militaires.
Notre mandoline est morte.

Il n’y a que des tambours en peau de pauvre soldat,
Des faux tam-tams, des tambourins au pas,
Il n’y a que des tambours de garde même pas champêtres
Qui font vibrer les cons à leur fenêtre !

Il n’y a que des fifrelins de mascarade,
Des flûtes de pan ! des pipeaux d’estocade,
Il n’y a que des fifres pour faire du berger,
En cas de guerre, un mouton enragé !

Dans les orchestres militaires,
Il n’y a pas de cordes, il n’y a pas de cordes,
Dans les orchestres militaires.
Notre mandoline est morte.

Il n’y a que des vents qui se lèvent à l’aurore
Pour jouer la Marche cadencée de la Mort,
Il n’y a que des vents pour claquer les drapeaux
Et faire bomber le torse aux généraux !

Dans l’orchestre de mon cœur,
Il y a une corde, il y a une corde,
Dans l’orchestre de mon cœur,
Il y a une petite corde qui pleure.