Nelle accuse
Chanson
française – Nelle
accuse –
Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 96
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, III)
Ulenspiegel le Gueux – 96
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, III)
ÉLECTRE |
Dialogue
Maïeutique
Mon
ami Lucien l’âne, voici
une chanson qui raconte un moment effroyable
et proprement tragique, une péripétie aussi tragique que celles des
grandes tragédies grecques que tu dois bien connaître.
Oh,
Marco Valdo M.I., mon ami, tu ne crois pas si bien dire. Et ça
m’intéresse tout particulièrement, car la grande tragédie
grecque, je la connais et depuis tellement longtemps. En fait, depuis
sa création. Les tragédies grecques, je les ai vues jouées aux
Dionysies, il y a maintenant environ deux millénaires et demi.
L’histoire épouvantable des Atrides m’est restée en mémoire et
singulièrement, le personnage d’Oreste, fils d’Agamemnon.
Donc,
reprend Marco Valdo M.I., dès lors tu imagines bien que cette
chanson est vraiment terrible, qu’elle
raconte un crime épouvantable et tout comme Électre, sœur
d’Oreste, accusera les assassins de son père Agamemnon, qui sont
sa mère et l’amant de celle-ci, ici, Nelle accuse son père –
que sous connaissons sous le nom d’Hans
le Blême,
de l’assassinat d’Hilbert. Elle le fait avec un grand sens du
tragique et un courage fantastique. Car, très jeune encore, elle
doit – elle pauvre fille –
affronter l’arrogant cavalier, qui fait partie de la noblesse du
comté et qui jusque-là, était de la suite du Bailli. En plus, elle
doit le faire malgré le fait que sa mère Katheline, dans sa folie,
veut à toute force protéger son amant ignoble. Et tout ce virulent
débat se déroule sur la place publique du village, devant toute la
population qui telle le chœur antique intervient dans le déroulement
de la scène en criant « Justice ! Justice ! ».
Voyons
ça, dit Lucien l’âne, et puis, tissons le linceul de ce vieux
monde suicidaire, mortifère, injuste et cacochyme
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
« Messire,
demande le Bailli, connaissez-vous cette femme ? »
« Je
ne la connais pas. Une folle, sans doute. »
Relevant
Katheline en sang, Nelle s’enflamme
Et
s’encolère toute.
« Je
demande à mourir, dit Nelle, si
Cet
homme ne connaît pas ma mère,
S’il
n’a pas tué le chien de Claes, et si
Il
n’a pas assassiné son ami Hilbert. »
Et
Katheline dit : « Donne-moi le baiser de paix,
Hans
mon bel aimé ! » et son genou, elle embrassait.
Le
Bailli dit : « Monsieur, quel est cet homme tué ? »
« En
vérité, je ne le sais pas, elle l’a inventé. »
Et
le Bailli interpelle Nelle : « Dis la vérité,
Jeune
femme, quel est cet homme assassiné ?
« Hilbert,
fils de Willem Ryvisch, écuyer
Pour
les sept cents carolus de Claes, fut poignardé. »
« Tu
mens ! », crie le gentilhomme du haut de sa hauteur.
« Certes
non ! Tu es blême et tu frissonnes,
Regardez,
il tremble de toute sa personne
Et
ce n’est pas de froid, mais de peur.
Toi
qui séduisis ma mère,
Toi
qui réduisis Till à la misère,
La
mort de Soetkin est ton œuvre,
À
présent, tu files comme la couleuvre.
Toi,
qui es venu chez nous avec un ami,
Toi
qui voulus me l’imposer comme mari,
Moi,
qui d’Hilbert n’ai pas voulu,
Je
te demande : qu’est-il devenu ? »
Alors,
solennel, le Bailli dit :
« Femmes,
allez apaisées !
Messire,
par justice, rendez-moi votre épée ! »
Le
drôle refuse : « Je suis noble, ce n’est pas permis ! »
L’épée
rendue malgré lui,
Le
cavalier blême descend de cheval
Et
entre deux sergents conduit,
À
la prison commune, on l’installe.
Ainsi,
à la Justice, l’accusé
Ce
jour-là est remis.
Il
passe au chaud la nuit
Empêché
de s’échapper.