dimanche 31 janvier 2021

L’ÉTÉ SUR UNE PLAGE BONDÉE

 

L’ÉTÉ SUR UNE PLAGE BONDÉE



Version française – L’ÉTÉ SUR UNE PLAGE BONDÉE – Marco Valdo M.I. – 2020

Chanson italienne – Summer on a spiaggia affollataIosonouncane – 2010


Texte et musique de Jacopo Incani, à la scène Iosonouncane


Le titre fait référence au célèbre Summer on a Solitary Beach de Franco Battiato, mais ici la plage qui assiste au débarquement d’un bateau de migrants est bondée de vacanciers indifférents à ce qui se passe, ou tout au plus dégoûtés par le spectacle qu’ils suivent en direct à quelques pas d’eux.



 

ULYSSE ET NAUSICAA

 

 


 Dialogue maïeutique


Je vais, Lucien l’âne mon ami, commencer par une explication rétrospective et parler de la chanson qui a servi de base à cette parodie et qui n’est pas celle qui est signalée par le commentaire italien qui évoquait Franco Battiato et sa chanson « Summer on a Solitary Beach ».


Il me semble pourtant, dit Lucien l’âne, que le titre « Summer on a spiaggia affollata » renvoie assez clairement à « Summer on a Solitary Beach ».


Sans aucun doute, reprend Marco Valdo M.I., mais pour ce qui est de la chanson, en vérité, je suis plus persuadé qu’il s’agit ici de l’œuvre impérissable d’Edoardo Vianello et sa tout aussi fameuse interprétation de « Pinne, fucile e occhiali », un estival succès (?) de 1962.


Comment, dit Lucien l’âne, moi, je veux bien te croire, mais il faut quand même que tu me l’expliques.


Ça, c’est facile, dit Marco Valdo M.I., l’une et l’autre commencent quasiment mot pour mot de la même façon. Je t’épargnerai le reste du texte de la chanson de Vianello et son interprétation stupéfiante.

Vianello – 1962 :

« Con le pinne, fucile ed occhiali 

(Avec les palmes, le fusil et les lunettes)


quando il mare è una tavola blu »

 (Quand la mer est un tableau bleu)

et

Iosonouncane – 2010

« Pinne fucile ed occhiali 

(Palmes, fusil et lunettes)


il Mediterraneo è una tavola blu
 

(La Méditerranée est un tableau bleu).


C’est à l’évidence une réminiscence et non un plagiat. C’est une citation parodique qui renvoie à une certaine « Italie », une sorte de portrait flash de l’été sur les plages. Du reste, toute la chanson – celle de Iosonouncane – 2010 – est une chanson-reportage d’un après-midi sur une plage où des migrants viennent s’échouer. C’est un spectacle que l’on voit depuis tant d’étés.


Oui, dit Lucien l’âne, Ulysse lui-même échoua sur une plage, mais comme le raconte Homère, Ulysse fut recueilli et soigné par une pléiade de jeunes suivantes qui entouraient une princesse. Elle s’appelait Nausicaa, elle était fille de roi et elle aurait volontiers gardé son réfugié à demeure.


Oui, certes, je sais tout cela aussi, Lucien l’âne mon ami. Actuellement encore, des myriades de princesses modernes se déshabillent encore sur les plages, mais elles sont moins hospitalières. Sans doute, n’ont-elles pas lu l’Odyssée.


Ah, dit Lucien l’âne, ce manque de civilité est un manque de culture. Que penserait Sappho, qui vivait à Mytilène sur l’île de Lesbos, des naufrages d’aujourd’hui ? Après pas loin de deux mille huit cents ans, elles auraient quand même pu apprendre les bonnes manières. Toutes ces Circés envahissent les plages, c’est un « must » de nos étés. Mais là aussi, à l’inverse de l’enchanteresse, elles n’entendent pas vraiment accueillir dans leurs bras ces étrangers venus par la mer. Enfin, tissons le linceul de ce vieux monde maritime, solaire, venteux et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





Palmes, fusil et lunettes

La Méditerranée est un tableau bleu

L’Italie se traîne le long des autoroutes

Une foule sauvage envahit la plage et s’émeut

Elle discute et commente

En direct et en chair et en os, la vision

Des décès vus à la télévision.

Puis, finalement

La barque bondée chavire doucement

Et coule soudainement

Les parasols rugissent de joie et saluent ceux

Qui regardent la télé chez eux.

Salut à vous, salut mes chéris,

Salut à tous ceux qui me connaissent,

Salut à tous ceux qui me connaissent.

Et un salut particulier pour ce cher ami.

Oh, regardez ! Ils ne savent pas nager !

Ils ne savent pas nager !

Quelle histoire !

Mais c’est normal, ce sont des noirs.

Sur l’estran, les naufragés de la mer

Reposent privés de crème solaire

Entre les ballons des petits

Et les mères en bikini.

Une de ces femmes modernes crie fort :

« Ne dérangez pas monsieur ! Il dort. »


« Oh, il ne pouvait pas trouver un autre endroit pour s’étendre ?

Maintenant, ce n’est plus comme avant, il y a des chiens et des porcs ! »

Le soir descend sur les corps échoués

Avec en écho les chœurs du monde.

Le soir descend sur les corps échoués

Avec en écho les chœurs du monde.

Le soir descend sur les corps échoués

Avec en écho les chœurs du monde.

Le soir descend sur les corps échoués

Avec en écho les chœurs du monde.

En écho les chœurs du monde.

En écho les chœurs du monde.

En écho les chœurs du monde.

En écho les chœurs de tout le monde.

En écho les chœurs de tout le monde.

En écho les chœurs de tout le monde.

En écho les chœurs de tout le monde.


Maman, je ne sais pas nager ! Maman ! Maman ! Maman, je ne sais pas nager !

Bois, nègre ! Bois, nègre ! Bois, nègre ! Bois ! Nègre !

Maman, je ne sais pas nager ! Au secours, maman ! Je ne sais pas nager !

Buvez ! Tu es un nègre, et alors bois ! Bois, nègre ! Bois, nègre !

Maman, je ne sais pas nager ! Je ne sais pas nager !

C’est mieux ! Tu es un nègre ! Bois, c’est mieux ! Bois, nègre !

Je ne sais pas nager, maman, je ne sais pas nager !

vendredi 29 janvier 2021

EN ROND AUTOUR DU MENDIANT DE LUOSSA

 

EN ROND AUTOUR

 

DU MENDIANT DE LUOSSA


Version française – EN ROND AUTOUR DU MENDIANT DE LUOSSA – Marco Valdo M.I. - 2021

d’après la version italienne de Riccardo Venturi ATTORNO AL MENDICO DI LUOSSA et un peu les autres,

d’une chanson suédoise – Omkring tiggarn från LuossaDan Andersson – 1917

Musique : Gunde Johansson (1922 – 1995)
Paroles : Dan Andersson (1888 – 1920)
dans son anthologie Svarta ballader (Ballades noires)





Dan Andersson

Plus d’un siècle après sa mort tragique à l’âge de 32 ans, Dan Andersson jouit toujours d’une grande popularité, non seulement auprès du peuple suédois, mais aussi auprès de leurs voisins finlandais. Ses poèmes, qui traitent souvent de la dure vie des petites gens, ont touché et inspiré de nombreux musiciens et paroliers dans les deux pays, comme le montre le nombre de traductions et d’interprétations disponibles de cette triste et compatissante histoire du mendiant de Luossa.

Le mot Luossa fait référence à une localité de Skattlösberg, le village natal de Dan Andersson, dans la province de Dalécarlie, au centre de la Suède. Dans différentes langues samis, le mot luos(s)a fait référence au saumon.



 

FIN DE JOUR 1899

Akseli Gallen-Kallela





Note du traducteur italien – Riccardo Venturi

Quelques mots du traducteur. Dans ce site, on traduit des chansons, des chants, des chansonnettes de toutes sortes ; il n’est pas rare qu’on y rencontre également la Poésie, celle avec un “P” majuscule, qu’elle ait été revêtue ou non d’une mélodie. J’ignore si certains un poème de Dan Andersson a jamais été traduite en italien ; mais, quoi qu’il en soit, lorsque Juha Rämö m’en a proposé un avec quelques versions (en anglais, allemand et finnois), je me suis dit qu’une tentative en italien devait être faite. À cet égard, les belles versions artistiques en anglais et en allemand sont inutilisables : elles seraient sorties non pas comme des versions de Dan Andersson, mais de ses traducteurs (comme la traduction de Dylan Thomas dans une langue donnée à partir des traductions d’Eugenio Montale – à vrai dire, il n’en a fait qu’une). Aux traductions en finnois, je n’ai évidemment pas accès à un niveau aussi élevé. Je me suis donc jeté dans le suédois solennel, archaïque et imaginatif de Dan Andersson – très riche, entre autres choses, d’éléments souvent inextricables ; et il en est ressorti cette chose, qui n’est pas « d’arte » et n’a pas de métrique, bien qu’ici et là elle ait soutenu un léger semblant de rythme. (R.V.)



Dialogue maïeutique


Comme tu peux le voir, Lucien l’âne mon ami, si tu lis la note du traducteur italien, c’est une chanson venue du nord-ouest de l’Europe et qui a tout l’allure d’être une œuvre poétique importante dans cette partie du continent. Elle l’était en tout cas suffisamment pour qu’elle ait été traduite ou accommodée dans les langues les plus en usages dans ces régions – selon la notice de Riccardo Venturi, au moins en finnois, en anglais et en allemand, toutes traductions et versions faites à partir de l’œuvre originelle, elle-même écrite en suédois assez ancien et original. C’est un correspondant finnois – Juha Rämö – qui l’a proposée aux Chansons contre la Guerre dans ces diverses versions nordiques.


Originelle ?, dit Lucien l’âne un peu dubitatif, n’est-ce pas plutôt, originale qu’il faudrait dire.


Oh, Lucien l’âne mon ami, je connais fort bien cette proximité des deux mots qui parfois se confondent. Cependant, si j’ai dit originelle, c’est précisément pour distinguer l’origine de la chanson de son auteur, auquel aurait renvoyé le mot « original ». Ici, il s’agit de remonter à l’origine des traductions, accommodations, transpositions, versions et que sais-je encore ? Il faut bien distinguer ces deux « origines ».


De fait, dit Lucien l’âne, c’est important ce genre de transferts d’une langue à l’autre, d’une culture à l’autre, d’une poésie à l’autre, mais sans te contrarier, je ferai remarquer que pour nous, c’est de la routine. Pour moi, de m’être baladé dans tant de régions autour de la mer, où au cours des temps, fleurirent tant de langues qui se traduisaient l’une l’autre ou plutôt, dont les habitants des contrées parfois proches, parfois lointaines, parfois hors de portée de la connaissance directe, s’efforçaient de comprendre les récits. C’est ainsi qu’un même récit voyageait d’une version à l’autre, se perdait, reparaissait après de longues vacances. Pour ce qui nous concerne plus directement, je signale que nous avons fait plus de mille versions en langue française de chansons venues d’une langue étrangère et que l’ensemble des contributions du genre aux Chansons contre la Guerre comporte plusieurs dizaines de milliers de versions en de multiples langues de chansons venues elles-mêmes de versions originelles.


D’accord, Lucien l’âne mon ami, tout cela est vrai et passionnant. Cependant, je voudrais ajouter un ou deux compléments à la « note du traducteur ». J’en viendrai ensuite à la chanson elle-même.


Certes, Marco Valdo M.I. mon ami, il faudra que tu en viennes à la chanson elle-même, sans cela, je ne saurai pas ce qu’elle colporte d’extraordinaire, comme j’espère qu’elle en est comblée.


D’abord, Lucien l’âne mon ami, je pense utile de préciser qu’une chanson, pour autant qu’elle ait quelque chose qui soit d’une manière ou d’une autre contre la guerre, n’a pas nécessité de contenir quoi que ce soit d’extraordinaire, même banale, il lui suffit d’être une chanson – avec ou sans musique, et inversement. Ainsi, je reviens à mon intention d’un commentaire préliminaire, qui commente celui du commentateur italien, à propos de sa remarque concernant les traductions à partir de traductions. Cette méthode, disons des « langues relais », des langues intermédiaires, est pourtant l’instrument fondamental et indispensable dans un monde où il existe des centaines ou plus (je ne sais trop) de langues différentes. C’est elle d’ailleurs qui fait la force des Chansons contre la Guerre et c’est grâce à elle que pour ma part j’ai pu proposer des versions françaises – en prenant la plupart du temps appui sur l’italien comme langue-relais – de chansons allemandes, anglaises, espagnoles, catalanes, juives en yiddish ou en hébreu, arabes, turques, grecques, persanes, russes, polonaises, tchèques, finnoises, suédoises, néerlandaises, tanzanienne (en swahili) et peut-être d’autres encore.


Ah, dit Lucien l’âne, venons-en maintenant à la chanson.


Oh, la chanson ?, dit Marco Valdo M.I., je pense qu’il vaut mieux la voir telle qu’en elle-même. Elle renvoie à des soirées villageoises du centre de la Suède, il y a un siècle. Tout le village (ou presque) est là pour entendre ce mendiant voyageur, cet aède, ce colporteur de chansons. Si tu avais lu Le Voyage en Laponie de Carl von Linné, tu saurais comme dans la Suède profonde, il y avait peu de distractions. Bref, comme dans toutes les campagnes profondes, on s’y ennuyait ferme et une soirée de poésie était la bienvenue. C’est à pareille soirée que convie la chanson.


Je verrai donc la chanson telle qu’en elle-même, dit Lucien l’âne. J’imagine pourtant que c’était un peu aussi ce qui expliquait le succès de ton Arlequin amoureux et de ses petits personnages, lui aussi mendiant, lui aussi conteur d’histoires. Dans – pour prendre un exemple – Arlequin et l’Histoire, ne dit-il pas :


« À l’Histoire, il n’y a pas d’échappatoire !
L’Histoire, c’est toute une histoire ;
Mais l’Histoire, Matthias, ne se soucie pas de toi,
L’Histoire ne te connaît pas.
Le sergent-recruteur, lui, se souvient de toi.
Longtemps après, il te retrouvera.
Matĕj, Matthias, Mathieu le déserteur,
Cache-toi dans le trou du souffleur. »


Quant à nous, tissons le linceul de ce vieux monde déboussolé, apeuré, terrorisé, mercantile et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



En rond, autour du mendiant de Luossa, assis

Au feu de camp, ils écoutaient sa chanson.

De choses extraordinaires, de mendiants, de vagabonds,

Et de son grand désir, il chanta toute la nuit :

« Il y a quelque chose au-delà des montagnes, des fleurs et des chants,

Quelque chose derrière les étoiles, derrière mon cœur brûlant.

Écoutez – Quelque chose ici murmure, m’attire et me supplie :

Viens à nous, car cette terre n’est pas ton hoirie ! »


J’écoutais les vagues battre doucement sur le rivage,

Je rêvais de me reposer dans les océans les plus sauvages.

Et en esprit, je désirais des terres inconnues et vagues,

Là où la chose qui nous est le plus chère s’est perdue.

Fruits de l’éternel désir, de mères pâles sommes nés

Et de leurs pénibles douleurs jaillit notre vagissement furieux.

On nous lança dans les montagnes et les plaines à culbuter et jouer,

Aux élans, aux lions, aux papillons, aux mendiants et aux dieux.

Assis tranquillement à côté d’elle qui était mon cœur,

Elle qui tendrement entretient notre maison de ses mains.

J’entendis mon cœur s’écrier : Ce que tu possèdes n’est pas tien !

Et l’esprit m’emporta, pour chercher le bonheur.


Ce que j’aime est loin. Loin, caché, obscur.

Ma vie est un chemin merveilleux et dur.

Je veux crier dans ce bruit, dans ce brouhaha :

« Que disparaisse la Terre, j’aspire à ce que personne n’a ! »

Frères, par-delà des monts, suivez les froides et calmes rivières,

Là-bas où la mer dort et se tait dans son lit, par les crêtes, couronnée,

Quelque part au-delà du ciel, il y a ma maison, il y a ma mère,

Là-bas habillée de roses, dans les brumes d’or poudrées.


Que les eaux glacées et salées fraîchissent mes joues de fièvre,

Que je sois loin de la vie avant que vienne le matin !

Je ne fus jamais de ce monde. Dans ses tribulations sans fin,

Je passais sans paix sans foi, mais l’amour toujours aux lèvres.

Sur le rivage, des coquillages épars, une tonnelle de roses

Où, doucement, se défont les épaves, l’harassé trouve la pause.

Une chanson jamais entendue, comme l’écho d’un violon résonne

Sous la voûte où réside une béatitude toujours jeune.

lundi 25 janvier 2021

LE BIG BANG

LE BIG BANG


Version française – LE BIG BANG – Marco Valdo M.I. – 2021

d’après la version italienne – IL BIG BANG – Riccardo Venturi,- 2021

d’une chanson polonaise – Wielki wybuchGrzegorz Dąbrowski – 2020


Paroles et musique : Grzegorz « Dr Grzechu » Dąbrowski
interprétée par l’auteur sur un luth de la Renaissance en octobre 2020.

Inédit – Transcrit à l’oreille par YT.


 

BIG BANG ?




Dialogue maïeutique



Aujourd’hui, Lucien l’âne mon ami, nous avons droit à une chanson qui traite du Big Bang.


Une chanson qui traite du Big Bang, dit Lucien l’âne, mais nous en avons déjà eu une, si je me souviens bien et même, si je ne me trompe pas, elle était de ta composition.


En effet, Lucien l’âne mon ami, tu as raison et nous en avions longuement conversé. C’était Le Big Bang : En avant ! Elle relatait une conférence faite par deux scientifiques à ce sujet. Cette fois-ci, la circonstance est différente. Si la première décrivait le phénomène du Big Bang et en esquissait les implications en même temps qu’elle exposait le travail et les efforts des chercheurs :


« Avec en prime la conscience,
On exprime, on donne du sens.
Rares et fragiles
Bâtisseurs de villes,
Faiseurs de sciences,
En avant, y a pas d’avance ! »


Dis-moi, Marco Valdo M.I., alors, qu’est-ce qui caractérise la nouvelle chanson, celle que tu viens de traduire ?


Eh bien, Lucien l’âne mon ami, précisément, ce qui la caractérise en premier lieu, c’est elle est une chanson polonaise et c’est que je viens d’en faire une version française.


Effectivement, dit Lucien l’âne, il n’y a pas beaucoup de chansons polonaises dont on a fait des versions françaises et surtout, des chansons récentes et en plus, sur un sujet comme le Big Bang.


Mais, Lucien l’âne mon ami, il est d’autres caractères qui différencient cette chanson de Le Big bang, en avant ! Il y a par exemple le fait que ce n’est pas une chanson qui traite du Big Bang comme phénomène physique qui expliquerait l’apparition de notre univers, tel que nous pouvons le connaître à présent. Elle considère, cette chanson polonaise, le Big Bang comme un donné, elle le tient pour acquis, pour l’origine du monde et elle regarde l’effet qu’il peut avoir sur la vie des gens. Je dirais que c’est une chanson philosophique et à mon sens, un peu à la manière de la Guerre de Cent Mille Ans qui repérait les traces de la guerre jusqu’au cœur du cœur de chacun disant :


« L’ennemi est en toi aussi,
il est caché en toi ici.
La guerre traverse le civil
la guerre traverse la ville »,


elle montre combien jusque dans la vie quotidienne, ce Big Bang nous a fait êtres de matière, mais aussi, en même temps donné à chacun une dimension universelle :


« Le Big Bang est le plus vieux des livres,

Le Big Bang nous a permis de vivre,

Il est aussi grand que notre ego,

Chaque personne est un ego

Chaque Ego est le monde entier,

Son existence est un monde entier. »


J’aime bien ce « plus vieux des livres », car c’est en lui qu’on lit notre histoire qui se confond avec celle du monde – dont elle n’est qu’une infime partie, dit Lucien l’âne, et si je suis bien ton explication, c’est une chanson athée, qui voit le monde par tous les bouts.


« Avec des orgues et “que ça danse…”
La poésie est dans la rue
S’il faut tirer par tous les bouts
Amis tirons les quat' cents coups »


Oui, sans doute, dit Marco Valdo M.I., elle prend en compte l’univers entier et le tout de l’individu, elle affirme le soi et en même temps, le nous. Telle est sa philosophie qui, remarque bien, plaide pour l’avenir pacifié :


« Nous ne devons pas ruiner,

Ni tarir la source de notre sang,

Éveillons-nous et sourions

Et vivons. »


En attendant, conclut Lucien l’âne, tissons le linceul de ce vieux monde divisé, autodestructeur, assoiffé, avide, ardent et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le Big Bang nous a unis pour toujours,

Le Big Bang nous a offert nos jours,

Le Big Bang est le plus vieux des livres,

Le Big Bang nous a permis de vivre,

Il est aussi grand que notre ego,

Chaque personne est un ego,

Chaque Ego est le monde entier,

Son existence est un monde entier.

Tous dans ce monde,

Nous nous connaissons depuis des années.

Tous dans ce monde,

Nous nous connaissons depuis des années.

Nous pouvons nier un fait, un autre fait,

Nous pouvons tourner le dos à celui-là,

Nous pouvons détester et crier à pleine voix :

« Ici se trouve la raison, et ce sont eux les mauvais ! »



Mais souvenons-nous que l’ennemi est en nous.

En le combattant,

Le plus souvent, nous nous détruisons.

L’ennemi est en nous.

En le combattant,

Le plus souvent, nous nous détruisons

Nous n’éteindrons pas le soleil,

Il est trop haut dans le ciel,

Même si avant le Big Bang,

Il était si proche de nous ;

Même si avant le Big Bang,

Il était si proche de nous

Tout comme un papillon,

Posé sur un buisson,

Comme la lune, comme le vent,

Nous ne devons pas ruiner,

Ni tarir la source de notre sang,

Éveillons-nous et sourions

Et vivons.



Le Big Bang nous a unis pour toujours,

Le Big Bang nous a offert nos jours,

Le Big Bang est le plus vieux des livres,

Le Big Bang nous a permis de vivre,

Il est aussi grand que notre ego,

Chaque personne est un ego,

Chaque Ego est le monde entier,

Son existence est un monde entier.

Dans ce monde, nous nous connaissons tous

Depuis des années.

Dans ce monde, nous nous connaissons tous

Depuis des années.