mardi 23 septembre 2014

CONTRE LA GUERRE 1915-1918

CONTRE LA GUERRE 1915-1918
Version française - CONTRE LA GUERRE 1915-1918 – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Contro la guerra 1915-1918 – anonimo - 1918



Tu avais un papa si bien
Il te voulait tant de bien
En partant, il t'a embrassé fort
Contre lui, il t'a serré
Après un an de tranchée
On t'apprit qu'il était mort.

Fais dodo, enfant blond
Jamais plus, ton père ne reviendra.
Et quand au bout du monde
Prêcher, tu t'en iras
Ironie suprême,
Fils d'un héros, tu seras.



Gentilz gallans de France - Gentils Galants de France

Gentilz gallans de France - Gentils
 Galants de France

Chanson française – Gentilz gallans de France - Gentils Galants de France – anonyme - 1504






Gentil galant







Donc, mon ami Lucien l'âne, il te souviendra que je t'avais parlé d'une canzone où il était question de « gentils galants » et j'avais promis de la faire connaître ici. La voici dès lors. Mais avant de te la présenter, je voudrais te donner quelques indications. Et en premier lieu, essayer de te situer l'origine. Comme tu le verras ci-après, je la propose dans deux versions : une version dans un français un peu étrange pour nous, le français du temps de la Renaissance et une version contemporaine.


Je verrai cela dans le texte, mais j'aimerais que tu précises tes indications, qui me paraissent fort générales.


En premier lieu, je voudrais te faire remarquer qu'il s'agit de l'histoire assez classique elle aussi de la femme, la fiancée… qui demande des nouvelles de son ami parti à la guerre et qui apprend son tragique destin. Si elle n'est pas en soi explicitement une « canzone contro la guerra » ; elle en dénonce les effets dévastateurs. Ensuite, en ce qui concerne son origine, les choses ne sont pas claires et je ne suis pas historien, ni musicologue. Disons que j'ai pu en repérer deux datations l'une du XIVième siècle, l'autre de 1504. Quant à la version contemporaine de Luc Arbogast, on peut en juger par la vidéo jointe. (
Version contemporaine Luc Arbogast : https://www.youtube.com/watch?v=oxSi6KIZBFM)

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



« Gentilz gallans de France,
Qui en la guerre allez,
Je vous prie qu’il vous plaise
Mon amy saluer.

— Comment le saluroye
Quant point ne le congnois?
— Il est bon a congnoistre,
Il est de blanc armé;

Il porte la croix blanche,
Les esperons dorez,
Et au bout de sa lance
Ung fer d’argent doré.

— Ne plorez plus, la belle,
Car il est trespassé:
Il est mort en Bretaigne,
Les Bretons l’ont tué.

J’ay veu faire sa fousse
L’orée d’ung vert pré,
Et veu chanter sa messe
A quatre cordelliers.

Version française contemporaine.


« Gentils galants de France,
Qui en la guerre allez,
Je vous prie qu'il vous plaise
Mon ami saluer.

- Comment le saluerai-je,
Quand point ne le connais ?
- Il est bon à connaître,
Il est de blanc armé.

Il porte la croix blanche,
Les éperons dorés
Et, au bout de sa lance,
Un fer d'argent doré.

- Ne pleurez plus la belle,
Car il est trépassé ;
Il est mort en Bretagne,
Les Bretons l'ont tué.

J'ai vu faire sa fosse
A l'orée d'un vert pré.
Et vu chanter sa messe
A quatre cordeliers. »


LE DÉSERTEUR - Il disertore

LE DÉSERTEUR


Version française – LE DÉSERTEUR – Marco Valdo M.I. – 2014
d'après la version italienne d'une
Chanson piémontaise – Il disertore – Cantovivo – 1979

Chveik le soldat












La création populaire, dans ses moments les plus représentatifs tels les rites, les traditions liées aux cycles annuels, les danses, les ballades, exprime une inégalable capacité d'unir au sens de l'histoire une très riche dimension poétique, magique, imagine.
En présentant ce disque de chants, danses et ballades principalement piémontaises et occitanes, nous voulons reproposer l’esprit et les structures originaux de chaque musique, en intervenant dans une certaine mesure, dans le respect de la tradition populaire avec nos élaborations et nos arrangements.
« Le Déserteur » est une vieille ballade dont on connaît beaucoup de variantes surtout en Piémont et en France. Nous avons marié un texte piémontais à une musique de provenance française.

Comme pour la Ballade du volontaire (reproposée en italien du duo Centanaro/Winderling) [[48156]] le mobile de la désertion ou de la trahison est – pour des raisons de « censure » – transposé en événements amoureux ou plus inconsistants (aller saluer les parents), qui justifient le meurtre du capitaine, autrement inexplicable.

En outre, il me reste un doute relatif à l'exécution du déserteur, car je n’ai pas compris si on l'a fusillé (Oh tire fort jusqu'à ce que je tombe mort) ou si on l'a pendu (allez dire à mon père que je n'ai pas été pendu), mais le protagoniste ne le savait peut-être pas lui-même, qui, à propos, est celui qui, comme dans d'autres versions de la complainte, raconte à la première personne les événements.

(Gianfranco Robiglio)




Mon ami Lucien l'âne, voici une canzone issue du folklore, c'est-à-dire une chanson venue de lieux et de temps où les chansons, chants, lais, ballades… se transmettaient et circulaient de bouche à oreille, où l'essentiel de la « culture » était oral.


Oh moi, la chanson folklorique, je la connais bien ; elle est dans mes oreilles depuis si longtemps. Ce qui doit d'ailleurs être le cas de presque tout le monde. Par parenthèse, dit Lucien l'âne, en clignant de l’œil, ce doit encore être le cas aujourd’hui et d'autant plus qu'il y a des amplificateurs de portée kilométrique et même, continentale ou mondiale. Mais veux-tu bien m'en dire un peu plus à propos de cette canzone...


Maintenant, j'en viens à cette histoire de déserteur… Un sujet que l’on rencontre souvent dans les Chansons contre la Guerre et pour cause. Il doit y en avoir beaucoup des déserteurs et de toutes sortes et de toutes les époques. Cela dit, celui-ci est quand même assez particulier en ce qu'on le retrouve dans une série de canzones - c'est un archétype et apparemment, la canzone de référence serait précisément une canzone du 15ième siècle, intitulée La Chanson du Déserteur [[963]]… dont seraient issues une série de canzones racontant à peu près la même histoire.


Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as bien fait de dire « apparemment », car je me souviens qu'il y avait déjà des canzones qui racontaient des choses similaires dans les légions romaines, en Gaule, en Hellénie, en Ionie, en Perse, en Égypte et j'imagine bien en Chine.


C'est plus que vraisemblable, Lucien l'âne mon ami, car partout où il y a des armées, des guerres et toutes ces sortes de choses, il y a ipso facto des déserteurs et tout ce qui s'ensuit. Sinon comment expliquer les sanctions terribles qui sont promises à ceux qui désertent… pour autant qu'on les attrape, ce qui n'est pas toujours le cas. Heureusement !


Oui, oui, on ne les attrape pas toujours… Je pense, comme toi (ainsi que ton sourire malicieux me le révèle) à ce Brave soldat Chveik [[8859]] qui, sur l'ordre exprès du lieutenant « Chveik, en avant ! », partit à l'assaut, traversa les rangs ennemis, sortit de l'autre côté du champ de bataille et disparut à jamais dans la grande mer des civils.
« Surtout, ne me reconnaissez pas
J'étais Chveik le soldat
Et surtout, oubliez-moi,
J'étais Chveik le soldat. »

Donc, pour y revenir, cette canzone est la fille d'une longue tradition. Ce qui a été relevé par Gianfranco Robiglio. Mais avant d'en finir, je voudrais te dire deux mots à propos de la version que je propose… et spécialement du « Gentil Galant » , qui ne figure pas dans les autres versions – françaises, piémontaises ou italiennes. Certes, dans la version piémontaise et la version italienne, il est question d'un « bel galant »… Ce qui pourrait être et est assez proche, mais pas suffisamment… Car le « gentil galant » se raccroche à une autre canzone de la tradition qui s'intitule exactement : « Gentils Galants de France » et se rapporterait à une bataille du XIIIième siècle, le texte étant lui-même daté du XIVième.
et il existe une version plus contemporaine, elle aussi intitulée pareillement. Je m'empresserai d'ailleurs de te la proposer prochainement.


En attendant les « gentils galants de France », je te rappelle, Marco Valdo M.I. mon ami, qu'il nous revient, tout comme à des canuts, de tisser le linceul de ce vieux monde plein de guerres, de combats, d'exécutions, d'assassinats et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Gentil galant s'en est allé pour l'amour d'une blonde
Pour un seul baiser d'amour que le galant a demandé
Que le galant a demandé et la belle a refusé
En fille prudente, en fille honnête

Gentil galant pour son amour s'en est allé soldat
S'en est allé soldat et puis déserta
Gentil galant s'en va promener, l'a vu son capiston
« Holà soldat que fais-tu là loin du bataillon ? »

Gentil galant dégaine son épée et frappe le capiston
« Aie, je l'ai occis par erreur et ils me tueront.
Ne dites rien à ma mère, soldats de mon pays,
Dites-lui, si vous voulez, que je suis parti.

Quand je serai mort, allez dire à mon père
Que je n'ai pas été pendu et que je suis en terre
À Marguerite, portez mon cœur.
Elle dira : - Holà quel grand malheur, on a tué mon cœur ! »

Et quand d'une serviette blanche, les yeux on me bandera
Le soldat qui le fera sera le plus brave des soldats
Le plus brave des soldats, ce sera
Oh ami, mon ami très cher, ne me rate pas.

Oh tire juste, tire sans remords
Oh tire fort jusqu'à ce que je tombe mort.


ADAMELLO

ADAMELLO


Version française – ADAMELLO – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Adamello – anonimo – 1918

Adamello, guerre blanche








Le massif d'Adamello-Presanella est un massif des Préalpes orientales méridionales. Il s'élève en Italie (entre le Trentin-Haut-Adige et la Lombardie). La Cima Presanella est le point culminant du massif. Le Monte Adamello est le deuxième plus haut sommet. Le massif abrite d'importants glaciers.
Durant la guerre 1915-1918 (l'Italie n'entre en guerre qu'en 1915), la ligne de front s'établit sur l'Adamello et la confrontation dans les neiges éternelles reçu le nom de « guerre blanche ». Comme pour le reste du front, le nombre de victimes fut énorme.
Ici, c'est un mutilé qui remémore son parcours.




Adamello Adamello Adamello,
Pour venir te conquérir
Traversant les lacs Pian de Neige
Sous le feu, la mitraille et le canon.

Traversant péniblement
J'ai senti une balle me blesser,
Des camarades brancardiers me secourent
Et à quatre, me portent à l'hôpital.

À l'hôpital, à peine arrivé
L'infirmier m'a endormi
Et après le rêve, je me suis réveillé
Une jambe manquait, je l'ai senti

Plaignez-moi dames et messieurs,
Jambe de bois ne peut cheminer
À vingt ans, j'étais bon à la mine
Maintenant, je suis une belle ruine.