jeudi 19 juin 2014

CHANSON ENRAGÉE

CHANSON ENRAGÉE

Version française – CHANSON ENRAGÉE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Canzone arrabbiata – Anna Melato – 1961 ‎
Paroles et musique de Nino Rota





Je vais et je chante 

La rage que j'ai.






Originairement écrite pour le film des « Fantômes à Rome » d'Antonio Pietrangeli et réutilisée dans
colonne sonore du « Film d'amour et d'anarchie ou bien : ce matin à 10 heures, rue des Fleurs, dans la maison de tolérance bien connue… », réalisé en 1973 par Lina Wertmüller.
Anna Melato est accompagnée par l'orchestre dirigé par Carlo Savina.



En 1932, un paysan lombard, Antonio Soffiantini dit Tunin (Giancarlo Giannini), après le meurtre de la part des carabiniers d'un de ses compagnons anarchistes, se rend à Rome pour assassiner Mussolini. Dans la capitale, il entre en contact avec Salomé (Mariangela Melato), une prostituée amante d'un anarchiste du groupe, qui le reçoit dans la maison close où elle travaille en le présentant pour son parent. Là, Tunin tombe amoureux d'une autre prostituée, Tripolina (Lina Polito), auquel il dévoile la raison qui l'a amené à Rome. Le matin de l'attentat, il se réveille en retard. Angoissé, il perd la raison et commence à tirer sur les forces de l'ordre qui étaient dans le bordel seulement pour un contrôle de routine.
Arrêté et battu par la police politique, Tunin meurt en prison mais sa mort est déguisée en suicide. (it.wikipedia)
Après le grand succès international de « Mimì metallurgico ferito nell'Onore » (« Mimi métallurgiste frappé dans son honneur »), Lina Wertmüller repropose le prodigieux masque avec des yeux écarquillés de Giancarlo Giannini (dans beaucoup de premiers plans) dans un autre rôle de héros malheureux : elle lui remplit le visage de taches de rousseur, le place, comme un poussin dépaysé, dans un bordel romain, symbole d'une Italie divisée dans des dialectes, et en fait une icône en piteux état mais puissante de la lutte antifasciste. C'est typique du cinéma de la réalisatrice de faire des oeuvres formellement raffinées, grâce aussi à son mari décorateur/costumier Enrico Job, dans lequel elle place des personnages immondes et aux moeurs vulgaires ; la première partie, située dans la maison de tolérance, on se divertit parmi tant de prostituées triviales (parmi lesquelles grande Mariangela Melato, putain « camarade » de Bologne) retirée, jusqu'aux poils et aux pores de la peau, dans toute leur joyeuse véracité, avec modalités plus felliniennes (ce n'est pas par hasard qu'il y a Nino Rota pour la musique) que son œuvre précédente (qui était « germaine ») ; la partie centrale se plonge, avec une tendresse unique, dans la romantique histoire d'amour ; celle finale, fait triompher l'Idéal, la politique des malheureux avec les couilles pleines de Duce, en un cri désespéré et tragique, illustré par une citation d'Errico Malatesta (« Ces assassins sont même des saints et des héros… et ils seront célébrés le jour où on oubliera le fait brutal pour se rappeler seulement l'idée qui les éclaira et le martyre qui les rendit sacrés »). ...
Le personnage d'Antonio Soffiantini, dit Tunin, interprété de Giancarlo Giannini, est probablement inspiré de la figure et de l'aventure de l'anarchiste Michele Schirru qui en 1931 arriva à Rome de New York avec l'idée de tuer le Duce ; il tomba amoureux d'une danseuse, fut arrêté avant même qu'il put mettre au point son plan, il tenta le suicide et donc, il fut fusillé « pour ne pas avoir commis le fait »…
Je renvoie à ce propos aux chansons
Kenze neke, du groupe homonyme de Siniscola, et à Antonio Soffiantini, detto Tunin‎, elle aussi interprétée par Anna Melato.






À propos d'attenter à la vie de Mussolini, de Michele Schirru et d'autres, juste une petite suggestion, dit tout bas Lucien l'âne. Lisez la canzone [[35005]] de mon ami Marco Valdo M.I. ; elle résume très bien l'affaire.




Je chante pour qui n'a pas de chance
Je chante pour moi
Je chante par rage à cette lune
Contre toi
Contre qui est riche et ne le sait pas
Qui salira la vérité
Je vais et je chante
La rage que j'ai.

Je pense à tant de gens dans l'obscurité
À la solitude de la cité
Je pense aux illusions de l'homme
Tous ces mots qui l'assomment.

Je chante pour qui n'a pas de chance
Je chante pour moi
Je chante par rage à cette lune
Contre toi
Je chante ce soleil qui viendra
Qui se couchera, qui renaîtra
Aux illusions déjà
À la rage qui me tient là.

Je pense à tant de gens dans l'obscurité
À la solitude de la cité
Je pense aux illusions de l'homme
Tous ces mots qui l'assomment.


Je chante pour qui n'a pas de chance
Je chante pour moi
Je chante par rage à cette lune
Contre toi
Je chante ce soleil qui viendra
Qui se couchera, qui renaîtra
Aux illusions déjà
À la rage qui me tient là.

ALLER SIMPLE

ALLER SIMPLE

Version française – ALLER SIMPLE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Solo andata - Canzoniere Grecanico Salentino – 2014
http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47549
Paroles de Erri De Luca
Musique de Daniele e Mauro Durante
Videoclip d'
Alessandro Gassmann







La Méditerranée porte dans ses bras

Les migrants d'Afrique et d'Orient






« ALLER SIMPLE » naquit de la collaboration entre Erri De Luca et le Canzoniere Grecanico Salentino. L'historique groupe de musique populaire a mis en musique, en réinterprétant de façon prenante les sonorités traditionnelles des Pouilles, un poème de l'auteur napolitain. La fusion a été ensuite mise en valeur dans un beau film d'Alessandro Gassmann. Le projet artistique a reçu le soutien d'Amnesty International, dont Gassmamn est témoin.

Le clip a été tourné à Sbiaggiabella (Lecce). De la mer sombre et agitée émergent les figures de quelques migrants, qui avec des brasses essoufflées rejoignent le rivage. Le tout se passe sous les yeux d'un vieux pêcheur, interprété par Manrico Gammarota, qui, face à l'élan désespéré des naufragés, reconnaît l'humanité de sa mère, migrante elle aussi, qui remonte à la surface du passé en créant un pont imaginaire entre histoire et futur. « Dans le vidéo, la mer nous montre son côté assassin, violent. Une image très différente de celle communément associée à Salento », dit Gassmann. « Avec ce travail, j'ai voulu parler d'un thème qui m'est cher ».

« En Italie, les portes pour les migrants sont fermées seulement au niveau des palais du pouvoir, dans les hautes sphères », a commenté Erri De Luca. « Sur le terrain, les gens comprennent très bien qui sont ces personnes : de nouveaux citoyens, de nouvelles énergies qui viennent secouer à une société vieille et fatiguée. Je pense que les descendants de ceux qui ont débarqué à Lampedusa deviendront nos présidents, et seront orgueilleux de leurs grands-pères ».

Nouvelle du jour : il y a au moins dix victimes d'un naufrage qui s'est produit à 40 milles des côtes libyennes. Une quarantaine d'autres naufragés seraient disparus. Un canot pneumatique chargé de migrants s'est renversé et a coulé. Le naufrage remonte à hier après-midi. Entre temps plus de 260 migrants ont débarqué la nuit passée dans le port de Catane où ils sont arrivés sur un cargo battant pavillon d'Antigua-et-Barbuda, qui les avait secourus dans le canal de Sicile. Cinq personnes ont été hospitalisées. Les immigrés extracommunautaires, pour la plupart érythréens, ont été conduits dans des installations sportives communales, dont la Palanitta, de laquelle un bon nombre se seraient déjà éloignés.



Nous sommes les innombrables
Infinie nation des grains de sable
Nous pavons de corps votre mer
Pour atteindre la terre

Vous ne pouvez pas nous compter :
À nous dénombrer, nous augmentons,
Enfants de l'horizon
Qui nous déverse en quantités

Aucune police ne peut nous subjuguer
Plus qu'on nous a déjà outragés
Esclaves, nous ferons les enfants que vous ne faites pas
Nos vies, sont les aventures que vous ne vivrez pas

Nous rapportons Homère et Dante,
Le pèlerin et l'aveugle
L'odeur que vous perdîtes
L'égalité que vous avez réduite

De partout, de toute l'immensité
Nous arrivons à millions de pas
Pieds, nous portons votre poids
Nous déneigeons, nous peignons vos prés

Nous sommes les journaliers
Nous ramassons les tomates et le crachat
Nous sommes les pieds
Et nous connaissons le sol pas à pas

Nous sommes le rouge et noir de la terre
Un outre-mer de sandales défoncées
Le pollen et la poussière
Dans le vent de la soirée

Un de nous, c'était son tour,
A dit « Vous ne vous débarrasserez pas de moi
Très bien, je meurs, mais dans trois jours
Je ressuscite et me revoilà »
La Méditerranée porte dans ses bras
Les migrants d'Afrique et d'Orient
Au creux des vagues sombrant.
Le sac de graines emportées de là-bas
Parmi les algues et les cheveux dispersées
La terre ferme d'Italie est terre fermée.
On les laisse se noyer pour nier tout cela .