Le Retour du Printemps
Chanson
française – Le Retour du Printemps
– Marco Valdo M.I. – 2015
ARLEQUIN
AMOUREUX – 9
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Lucien
l'âne mon ami, revoici
donc notre ami Matthias,
alias Matĕj, Matys, Matysek, Mathieu, Arlecchino
le déserteur, cet Arlequin amoureux dont j'ai – peut-être
imprudemment entrepris de conter l'histoire.
Pourquoi
imprudemment ? Ça, je me le demande, car à mon sens, dans ces
sortes de sagas en chansons, tu t'en tires assez bien. Je
comprendrais ton inquiétude si c'était la première fois que tu te
lançais dans pareille aventure au long cours.Mais enfin,
rappelle-toi, il y eut successivement Le Cahier Ligné, Dachau
Express, Les Histoires d'Allemagne, Le Livre Blanc et in fine, cet
Arlequin Amoureux. Il te suffit de poursuivre ton chemin sans te
retourner et j'en suis persuadé : à la fin de ce voyage en
écriture, il y aura une fort belle histoire.
Admettons.
Mais avant d'aller à l'épisode suivant, je m'en vais, comme dans
les feuilletons, faire un petit récapitulatif des chansons
précédentes ; même si, à mon idée, chacune de ces chansons
peut vivre sa propre vie.
Je
vais le faire pour toi. Lors donc, récapitulons : il y a eu
jusqu’à présent 8 canzones qui racontent cet Arlecchino amoureux
de son Arlecchina et du grand mystère de leur liaison :
Marengo
[[49258]] : la bataille où on découvre Matthias dans son
uniforme de soldat : boutons jaunes et caleçon blanc.
Les
Coquets Lieutenants [[49279]] : où Matthias devenu
Arlequin se débarrasse de son uniforme et se mue en déserteur.
L'Amoureuse
d'Arlequin
[[49312]] : où il se révèle qu'Arlecchina existe vraiment
sous diverses formes.
L'Aveu
Théâtral [[49393]] : où pour survivre, Arlequin (alias,
alias...)à l'instigation de la Comtesse se fait conseiller in teatro
auprès du Comte de Wallenstein.
Le
Bouffon de Franziska [[49527]] : où Arlequin, conseiller in
teatro est captif de la Comtesse qui le traite sous le nom germanisé
d'Harlekin.
Une
statue ne porte pas de caleçon [[49726]] : où Arlequin,
revenu sur scène, se retrouve le cul nu sur la scène du théâtrale
du Comte Wallenstein.
La
Pécheresse aux jolis doigts [[49921]] où on découvre le
portrait d'Arlecchina.
La
Confession d'Arlequin [[49967]]
Comme Arlequin, chassé par le Comte, se réfugie pour l'hiver chez
les pères et obtient cette grâce par un artifice de confession.
De
fait, Lucien l’âne mon ami, tu as excellemment récapitulé les 8
premières chansons. Je voudrais cependant ajouter que toutes ces
chansons, je peux même dire toutes les chansons de cet Arlequin
Amoureux, ont la même structure et le même refrain, lequel est
celui d'une comptine enfantine de chez nous, comme je l'avais indiqué
dès le départ. Sauf qu'à ce moment, je n'avais pas perçu que ce
serait là l'ossature des canzones, l'indication sans cesse répétée
de leur étroite parenté. Car, imagine un peu Lucien l'âne mon ami,
dit Marco Valdo M.I., imagine un peu qu'étant enfin mises en musique
(reste à trouver des musiciens, mais néanmoins, il est clair que
pour musiquer quelque chose, il convient que cette chose existe), on
les sépare et on les entend ici, là ou à des jours d'intervalle.
Il se passera alors deux choses : primo, on entendra
immédiatement qu'elles sont sœurs ; secundo, les enfants
(petits, grands, jeunes ou vieux) reprendront aisément ce refrain :
« Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle. »
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle. »
Marco
Valdo M.I. mon ami, tout cela est bien beau, mais tu ne m'as encore
rien dit de cette neuvième canzone, dont j'ignore même le titre.
Lucien
l'âne mon ami, ne te désole pas, je m'en vais tout te dire tout de
suite. D'abord, il est normal que tu ignores le titre de cette
chanson pour l'excellente raison qu'elle n'en a pas encore, car je ne
l'ai pas encore trouvé. À y réfléchir, et tu a raison de me
questionner – pour un titre bucolique ; quelque chose comme le
retour au printemps, qui correspond au sens de la chanson. Disons
donc : Le Retour du Printemps, un titre ambigu à souhait car il
porte à la fois sur l'arrivée du printemps, saison du renouveau,
sur le moment où revient notre Arlecchino et le fait qu'il rentre
dans son village, lui, le déserteur. Ce retour n'est pas sans
danger, il le sait, mais il ne peut faire autrement que de se laisser
mener là.
Marco
Valdo M.I. mon ami, je suis très content d'avoir pu t'aider à le
formuler et maintenant, montre-moi ta canzone afin que nous puissions
poursuivre notre tâche, à bien des égards insignifiante, sauf pour
nous, qui est de tisser le linceul de ce vieux monde terrible,
chaotique, consternant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Un
vulgaire pourceau
A
tout ce qu'il lui faut
Un
enclos, une chaumine
Un
toit quand la pluie dégouline.
Déserteur,
quel chagrin !
Fuites
à toutes heures
Par
monts et chemins
Pour
trimarder faut du cœur.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Viens
Pollo, qu'elle dit, on s'en va.
Déjà ?
Pas tout de suite, Santa.
Tu
vieillis, mon Arlequin !
Vieillir
est dans ma nature, c'est mon destin.
L'horloge
de l'hôtel de ville, en contrebas
Tinte
cinq fois, c'est l'heure où l'on s'en va.
Qui va là ? C'est le printemps
Qui
vient, qui va. Il a tout son temps.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Le
printemps ? Comment y échapper ?
Matthias,
le temps d'avaler une merise
Au
matin de mars s'en est allé
Suant,
soufflant, son pas l'épuise.
Il
avançait suivant l'eau
Il
marchait remontant le ruisseau
On
entendit sonner le midi familier
Arlecchino
rentrait chez lui sans se retourner.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.