BERCEUSE
POUR MOI
Version
française – BERCEUSE POUR MOI – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson
en langue allemande – Schlaflied für mich – Selma
Meerbaum-Eisinger – janvier 1941
Poème
de Selma Meerbaum-Eisinger (Cernovizza, 1924 – campo di lavoro
nazista di Michajlovka, 1942).
Musique
de Leibu
Levin (1914-1983), poète et compositeur lui aussi, comme Selma
Meerbaum-Eisinger, juif et originaire de la Bucovine, région des
Carpates aujourd'hui divisée entre la Roumanie et l’Ukraine,
partie de l’empire autrichien jusqu'à la Grande Guerre.
Leibu Levin survécut à l’Holocauste, il émigra ensuite en Israël. C'est aussi l'auteur de la traduction en Yiddish des poésies de Selma Meerbaum-Eisinger (qui écrivait en allemand).
Leibu Levin survécut à l’Holocauste, il émigra ensuite en Israël. C'est aussi l'auteur de la traduction en Yiddish des poésies de Selma Meerbaum-Eisinger (qui écrivait en allemand).
La mort de Selma Dessin d'Arnold Daghani - Bershad Camp - 1943 |
The
Death of Selma Meerbaum-Eisinger, Bershad Camp, 1943 Arnold Daghani
(1909-1985)
Selma
Meerbaum-Eisinger était née en 1924 à Cernovizza (Bucovine du
nord, aujourd'hui dans ukrainienne) dans une famille de commerçants
juifs. Alors les 150 ans de domination des Habsbourgs se faisaient
encore beaucoup sentir, mais dès la fin de la Grande Guerre, la
région fut soumise à un fort processus de romanisation. Avec la
défaite de l'Allemagne, en effet, le territoire fit partie de la
Grande Roumanie. Ensuite en 1940, sur base d'une interprétation
« extensive » des accords de partage paraphés avec
l'Allemagne nazie, l'Union soviétique s'empara de la Bucovina
septentrionale et sans beaucoup de ménagement (pour employer un
euphémisme) pour les gens du lieu, qui étaient bourgeois de langue
allemande, peut-être juifs, ou des paysans de langue roumaine.
Ensuite, il y eut l'occupation nazie et le régime collaborateur
d'Ion Antonescu… Les gens restèrent broyés au milieu, et les
Juifs plus que tous.
Selma Meerbaum-Eisinger - active dans les organisations de jeunesse juives comme Hashomer Hatzair, aimant le Beau et la poésie de Rilke et de Heine et Verlaine, elle-même poète, comme son plus célèbre cousin Paul Celan – fut enfermée avec autres ses coreligionnaires dans le ghetto de Cernovizza et ensuite déportée dans le camp de travail de Michajlovka (Volgograd) où elle mourut de typhus en décembre 1942. La brève et douloureuse présence de Selma dans le camp fut notée dans le journal et dans les dessins d'un autre interné, le peintre Arnold Daghani, qui en représenta la mort comme une véritable déposition.
Je
me chante, chante et chante,
Une chanson d'espoir et de chance,
Je la chante comme celui qui s'en va et ne voit pas
Que jamais plus il ne reviendra.
Une chanson d'espoir et de chance,
Je la chante comme celui qui s'en va et ne voit pas
Que jamais plus il ne reviendra.
Je
me raconte, raconte et raconte
Un monde d'amour, qui m'apaise
Je n'y crois plus et je me le raconte
Je le sais pourtant : la fin est mauvaise.
Un monde d'amour, qui m'apaise
Je n'y crois plus et je me le raconte
Je le sais pourtant : la fin est mauvaise.