Les
nouveaux Hommes
Chanson
française – Les
nouveaux Hommes –
Marco Valdo M.I. –
2021
LA
ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par
Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von
Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en
parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par
Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce
territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le
monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre,
dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son
abondante littérature.
LA
ZINOVIE
Épisode 1 : Actualisation
nationale ; Épisode 2 : Cause
toujours ! ; Épisode
3 :
L’Erreur fondamentale ;
Épisode
4 : Le
Paradis sur Terre ; Épisode
5 :
Les
Héros de l’Histoire ;
Épisode
6 :
L’Endémie ;
Épisode
7 : La
Réalité ;
Épisode 8 : La
Carrière du Directeur ;
Épisode
9 : Vivre
en Zinovie ;
Épisode
10 : Le
But final
Épisode
11
LES
NOVHOMS
Vadim
Rokhline – 1969
Dialogue
Maïeutique
Comme
on va pouvoir s’en rendre compte par la chanson, dit Marco Valdo
M.I.., en Zinovie, il y a une certaine logique à l’œuvre et elle
est assez épouvantable.
Une
logique épouvantable ?, s’étonne Lucien l’âne. Je me
demande de quoi il peut s’agir ?
C’est
fort simple, répond Marco Valdo M.I. ; voici de quoi il s’agit.
Quand on veut changer le monde, il faut changer la société, c’est
logique et jusque-là, tout va bien. Et
tout aussi logiquement, on en vient à vouloir changer
l’homme (ou l’enfant, ou la femme…) qui en est l’élément de
base. Cependant, les choses ne se passent pas si aisément.
Changer
l’homme (etc.), dit Lucien l’âne, soit, mais comment ? Il
faut que l’intéressé change de lui-même et dans le sens qu’on
souhaite. Et pur ce que j’en sais, l’homme a naturellement une
tête de mule et à mon avis, il est quasiment impossible de le
changer. Sauf évidemment, si on laisse la nature et le passage des
générations s’en charger ; ce qui prend du temps, demande de
la patience, beaucoup d’intelligence et pas mal de chance. C’est
une chose progressive et à vouloir aller plus vite que la musique,
il y a des couacs, mais je suppose qu’il ne s’agit pas de s’en
tenir à cette évolution qu’on appelle aussi la civilisation.
Ah,
si c’était ça, Lucien l’âne, il n’y aurait rien à y redire.
On pourrait juste s’inquiéter de sa relative lenteur. Très
relative d’ailleurs. Cependant, en Zinovie, on a imaginé de
changer l’homme lui-même à marches forcées ; c’est une
idée révolutionnaire.
Fort
bien, mais il se trouve que comme la mule, dit Lucien l’âne, et
pour tout dire, l’ensemble des organismes vivants complexes,
l’homme (etc.) est contraint par sa propre nature à suivre le
rythme de l’évolution, elle-même hasardeuse, capricieuse,
hésitante, lente et contraignante. Pourtant, chaque homme (etc.,
comme tout être vivant) est à chaque instant un homme nouveau. Il
ne reste jamais pareil à lui-même, même si ces changements sont
infinitésimaux et leur action immédiate, en quelque sorte,
invisible ou insensible. L’homme (etc.) change et en changeant,
change les autres, la nature autour de lui ; et la nature et les
autres le changent à leur tour. Bien
entendu,
il faut en plus tenir compte de la multitude et de certaine tendance
de la nature à résister au changement.
C’est
une mutation perpétuelle tempérée ;
c’est la musique de la vie.
D’accord,
coupe Lucien l’âne, mais où veux-tu en venir ?
À
la chanson, tout bonnement, Lucien
l’âne mon
ami.
Elle raconte, vu par un Zinovien,
sujet et témoin de la chose, comment et même pourquoi en Zinovie,
on change l’homme. L’affaire se déroule dans un établissement
spécialisé, une sorte d’usine à fabriquer le « novhom »,
comme on appelle là-bas l’homme nouveau. En gros, il s’agit de
formater l’homme nouveau au standard de la société nouvelle, en
partant
du principe que puisque l’homme n’est pas conforme, il faut le
conformer. Pour cela, on recourt à un chloroforme perfectionné.
Et
ça marche ?, demande Lucien l’âne.
Oui
et non, répond Marco Valdo M.I. ; presque, mais totalement ;
il
y a au dedans de l’être vivant comme un résidu de résistance.
« On
obéit,
sans discuter.
Ils
le croient, mais c’est une erreur.
En
dedans, il reste un résidu de résistance,
Maintenant
et toujours, indépendance ! »
Et
de
toute façon, comme on peut l’anticiper, le résultat est effrayant
et de ce fait, ne peut être généralisé.
Comment
pourrait-il en être
autrement, demande Lucien l’âne. On ne peut rien obtenir de bon en
forçant la nature ; on finit toujours par créer des monstres.
Alors, tissons tranquillement le linceul de ce vieux monde agonisant,
étouffant, gâteux, bêtifiant, zinoviant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Ici,
on forme les nouveaux hommes,
Les
échantillons presque réussis
De la
vie sociale du nouveau pays.
On
les nomme les novhoms.
Les
infirmiers et les gardiens sont venus.
On
ne les
a pas trop battus.
L’homme
nouveau ne peut pas mourir,
Mais
pour apprendre, le « novhom »
doit souffrir.
Dresser
les êtres vivants est difficile :
Tous,
animaux, plantes, à un moment
Se
rebiffent et sont résistants.
Puis,
meurent, seuls les morts sont dociles.
Absurde
tout ce passé,
Du
blabla
pour la gloire,
Cent
ans se sont effacés
Et ils
parlent encore d’histoire.
Pourquoi
tout ce cinéma ?
Pour
maintenir le guide
au pouvoir,
Les
amis et la
camarilla,
Imposer
leur
image à la mémoire.
Rien
pour nous, tout pour eux.
Mais
à leur place, ferait-on
mieux ?
Il
a dit que lui, il ne voulait
pas.
La
question est de savoir pourquoi ?
On
l’a ramené
inconscient.
À la
première piqûre, il a gémi,
Sangloté
comme un enfant,
Il a
soupiré et s’est endormi.
À la
deuxième piqûre, il a souri
Et s’est
pris pour le président.
Ils
l’ont écouté juste un instant.
À la
troisième piqûre, il a dit
Qu’il
avouait tout ce qu’on voulait,
Qu’il
dénonçait tous ses amis,
Qu’il
ferait
tout ce qu’on lui dit,
Qu’il
ferait tout ce qu’on voudrait.
Le jour,
le soir, la nuit, le matin,
Ici,
on n’est presque plus
rien.
Des
bouts de connaissance,
Des
bribes de réminiscences,
Des
souvenirs, des soupirs, des sourires.
Réalité
vraie ou simple délire ?
Où est
passée notre volonté ?
On ne
sent plus la faim, ni la douleur.
On
obéit,
sans discuter.
Ils
le croient, mais c’est une
erreur.
En
dedans, il
reste un
résidu de résistance,
Maintenant
et toujours, indépendance !