mercredi 6 mars 2019

L'ALLEMAGNE, L'ALLEMAGNE AU-DESSUS (NOUVEL HYMNE NATIONAL ALLEMAND)

 
L'ALLEMAGNE, L'ALLEMAGNE  

AU-DESSUS

 
(NOUVEL HYMNE NATIONAL ALLEMAND)


Version française – L’ALLEMAGNE, L’ALLEMAGNE AU-DESSUS – (NOUVEL HYMNE NATIONAL ALLEMAND) – Marco Valdo M.I. – 2019

Parodie d’un auteur anonyme du "Das Lied der Deutschen" composé en 1841 par August Heinrich Hoffmann von Fallersleben sur une mélodie antérieure de Joseph Haydn.
Texte publié dans "Der wahre Jacob", une revue satirique socialiste fondée en 1879 et publiée jusqu’à l’avènement du nazisme.



Emmanuel Kant




Dans les pages du « Der wahre Jacob », on se moquait du Kaiser et on critiquait la politique impériale, le militarisme et le colonialisme allemands qui précisément dans ces années-là mettaient à feu et à sang les territoires africains correspondant à l’actuelle Namibie, un véritable terrain d’entraînement pour l’immense guerre mondiale qui de là à peu allait éclater et un laboratoire pour les techniques d’extermination qui seront utilisées plus tard. Ce fut vraiment dans la « Deutsch-Südwestafrika », l’Afrique allemande du sud-ouest, que quelques eugénistes allemands menèrent les premières expériences sur des cobayes humains tendant à établir l’infériorité raciale des indigènes… Un de ces « scientifiques » s’appelait Eugen Fischer (nomen omen), qui fut plus tard un des pères de l’« Aktion T4 », le programme nazi pour l’élimination des handicapés, et qu’il eut parmi ses élèves les plus prometteurs certain Josef Mengele, que les prisonniers juifs internés à Auschwitz appelèrent l'« Ange de la Mort ».



Dialogue Maïeutique


Pour des raisons compréhensibles et que cette chanson allemande nus expose en toute clarté, l’Allemagne, la nation allemande, l’identité allemande, le peuple allemand, l’idéologie allemande, la patrie allemande, le pangermanisme et toutes ces sortes de choses sont assez mal perçues dans les pays voisins et même au-delà. Il faut dire que cette chanson-ci, pensée, imaginée et écrite – à n’en pas douter – par un Allemand est un peu particulière et mérite la plus grande attention et même – plus d’un siècle après sa conception – la plus grande sympathie, car cette chanson est la parodie du très patriotique chant des Allemands, un chant tellement patriotique que l’actuelle république allemande a dû en supprimer et en interdire certains passages. Le « Deutschland über alles » passait mal les frontières, il en inquiétait plus d’un et rappelait aux autres Européens certains très mauvais souvenirs. On voit ici que certains Allemands étaient hostiles à cette « Allemagne par-dessus tout ou au-dessus de tous » qui trois fois en un siècle déclencha des guerres de conquête sur les territoires des voisins et précisément au nom de ce « pangermanisme » de mauvais aloi, lequel à chaque fois, a fini par l’ « Allemagne contre tous » (ou presque).

Cependant, dit Lucien l’âne, on aurait pu croire – il fut un temps, il y a longtemps – au temps de l’Aufklärung que les gens qui parlaient la langue allemande ou une de ses variantes, allaient être une des forces de paix et de progrès.

En effet, dit Marco Valdo M.I., tu as bonne mémoire. Au temps de l’Aufklärung, ça avait l’air bien parti et je me demande toujours ce qui a foiré. Enfin, un philosophe allemand de son état (c’était en 1784 me dit mon petit doigt – si, si, Lucien l’âne mon ami, mon petit doigt qui se nomme de son petit nom Wiki et de son grand Nom : Pedia, est un savant.), le dénommé Emmanuel Kant disait :
« L’Aufklärung, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de minorité dont il est lui-même responsable. L’état de minorité est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de minorité quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s’en servir sans la conduite d’un autre. Sapere aude ! [Ose savoir !] Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise de l’Aufklärung. »

On ne peut que l’approuver, dit Lucien l’âne. Mais, Marco Valdo M.I. mon ami, c’est marrant que ton petit doigt s’appelle Wiki Pédia. On dirait un petit gnome savant, échappé d’un univers paradoxal, fait d’elfes, de fées, de philosophes, de feu et d’il était une fois.

Pour quoi pas, Lucien l’âne mon ami, imaginer un monde plat, tournant autour d’un moyeu central...

Un comité central, tu m’effrayes, Marco Valdo M.I. mon ami, s’écrie Lucien l’âne.

Mais non, Lucien l’âne mon ami, pas d’un comité central, d’un moyeu central ; le moyeu, c’est l’axe sur lequel se place la roue pour tourner ; donc, un monde plat, une grande assiette portée par des mammouths radioactifs faisant la course en rond sur le dos d’une tortue de Mururoa, forcément radioactive. Mais revenons à la chanson et aux Allemands ; il m’a plu de la mettre en langue française pour montrer qu’il est depuis longtemps des Allemands conscients du risque que représente l’Allemagne débridée, comme cet anonyme socialiste d’il y a plus d’un siècle qui écrivit cette patriotique parodie. Pour dire aussi, le cas échéant, et il échet tout le temps, qu’il convient de soutenir et d’encourager les Allemands de cette sorte, ceux qui – comme dans n’importe quelle nation, n’importe quel pays, peuple, etc. s’opposent leur vie durant à la bêtise nationale. On peut en trouver une belle kyrielle ici rassemblés.

Pour l’Allemagne ou la langue allemande, sans trop chercher, dit Lucien l’âne, je me souviens d’Erich Mühsam, de Bertolt Brecht, de Kurt Tucholsky, Erich Kästner, Wolf Biermann, Franz-Josef Degenhardt et d’autres encore. Et je conclus ici : tissons le linceul de ce vieux monde national, trop national, patriotique, expansionniste, impérialiste, belliciste et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Allemagne, Allemagne au-dessus de toi
Aucun pays ne peut aller dans le monde ;
Et malheur à qui à l'avenir encore sera
Se placer impudemment sur notre route.
Le flambeau de notre vengeance
Éclairera alors le monde,
Jusqu’à ce que nous prenions de force
Tout, tout dans le monde.


L’Allemagne seule a de bonnes manières
Allemande seule est la vraie culture ;
Toutes les autres nations
Sont seulement des barbares.
Anglais, Français et Russes,
Faux patriotes et lunatiques,
Avides et cruels – C’est avec l'Allemand


Que l’Homme commence véritablement.
Quand l’Allemagne sera si étroite,
Que plus personne ne s’y plaira,
À quoi serviront aussi des soldats,
Et à quoi tant d’argent servira ?
Ne parlez pas des vieilles frontières :
Adige et Belt, Memel et Meuse
Nous appartiennent de droit,
Et plus tard aussi le reste du monde.

Pour ça, envoyons des flottes
Partout dans le monde,
Frappons, écrasons,
Ce qui tombe sous nos griffes.
Quand bientôt de Chine le dragon
Saignant à terre s’écroulera,
Alors, l'Angleterre, la Russie, la France seront
Avec le Nouveau Monde, notre nouveau combat.

Quand enfin du gâteau chinois
Le meilleur morceau raflé sera,
Le guerrier allemand s’en ira
En Amérique, continuer le combat.
Et en moins de quinze jours
Nous écraserons la Colombie, le Panama,
Ouicar l’Allemagne doit toujours,
Toujours, toujours, grandir encore.

Droit allemand et allemande liberté ,
ah, que nous importent ces futilités,
Rire de tout ça, nous les nouveaux
Allemands à la poigne de fer.
Non, dans l’éclat des canons
Le monde fleurira à lavenir nouveau
Jusqu’à ce que la grande Allemagne s’effondre
En mille craquements dans ses débris et ses décombres.