mercredi 16 juillet 2014

CONVOI POLONAIS

CONVOI POLONAIS



Version française – CONVOI POLONAIS – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson tchèque de langue allemande - Polentransport – Ilse Weber – 1944.

Paroles d'Ilse Weber (1903 – 1944), écrivaine tchécoslovaque de religion juive
Musique de Bente Kahan, interprète norvégien de musique juive.
Dans le disque de Bente Kahan « Stemmer fra Theresienstadt » de 1995, sorti dans les années suivantes aussi en allemand et en anglais.



Et nous errons toujours plus loin, désorientés
Pauvre peuple tel Ahasverus tourmenté.






Ilse Herlinger Weber était une poétesse et écrivaine d'origine tchèque et de religion juive.
À Prague, où elle vivait, elle écrivit de nombreux récits pour l'enfance et réalisa de nombreux programmes radiophoniques pour les enfants. Après l'occupation nazie, en 1939, elle réussit à sauver son aîné Hanuš en l'envoyant en Suède par un « 
kindertransport » . Ensuite, elle, son mari et le plus jeune des enfants furent enfermés dans le ghetto de Prague et ensuite, internés au camp de Theresienstadt. Là, où furent déportés de très nombreux enfants, Ilse Weber fut infirmière dans le département enfants de l'infirmerie locale. Durant cette période, pour atténuer les peines des petits, elle composa de nombreuses poésies qu'elle improvisait en chansons en les accompagnant à la guitare. En octobre 1944, son mari Willi fut choisi pour le transfert à Auschwitz et Ilse demanda à le suivre. Elle et son fils Tommy furent tués dès leur arrivée. Willi survécut et put ensuite embrasser son fils Hanuš.




Un convoi polonais est arrivé -
Un cauchemar plane au-dessus de nos têtes
Les Anciens frémissent et se concertent
Et simulent une sorte de sérénité.

On se croise avec des regards craintifs et angoissés
On pense en grinçant : T'est-il aussi destiné ?
On voudrait fuir le plus loin possible
La liste fatale.

C'est, comme si rodait dans la caserne
Sur des semelles de silence, un désarroi
Nous avons une peur si terrible de la Pologne
Et on ne sait même pas pourquoi.

Si là-bas, la peine ou la ruine nous attendent,
Nous n'en avons pas connaissance.
Mais c'est pire que mourir d'aller en Pologne
Car quand on est mort, on est tranquille.

Demain ce sera ton tour, celui d'autres aujourd'hui.
Nous sommes tous sans droit, sans appui
Et nous errons toujours plus loin, désorientés
Pauvre peuple tel Ahasverus tourmenté.

C'est, comme si rodait dans la caserne
Sur des semelles de silence, un désarroi
Nous avons une peur si terrible de la Pologne
Et on ne sait même pas pourquoi.









TANT QUE LES MEURTRIERS

TANT QUE LES MEURTRIERS


Version française – TANT QUE LES MEURTRIERS – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande – Solang die Mörder Ernst Busch – 1967


Poème russe Пока убийцы ходят по земле (1965) - : Jewgeni Jewtuschenko - Evgueni Aleksandrovitch
Evtouchenko
Version allemande: Wladimir Wischnjak
Musique: Eduard Kolmanowski





Ceux-là et tous les autres....





M'est avis, dit Lucien l'âne, que j'ai déjà entendu une chanson qui ressemble à celle-ci par le thème central de l'enfant brûlé dans un camp qui s'envole en fumée...


En effet, Lucien l'âne mon ami, il y a bien une chanson qui raconte une histoire d'enfant brûlé dans le four d'un camp d'extermination et qui s'envole en fumée... Il s'agit d'une chanson de Francesco Guccini, intitulée Auschwitz et j'en avais fait une version française, moi aussi. Principalement, car cette chanson m'avait ému. Mais celle-ci parle de Dachau... et puis, elle est nettement plus dure ; c'est une chanson de haine et qui appelle à la poursuite et au châtiment des tueurs. Rien d'étonnant venant d'Evtouchenko, ce poète russe auteur également du poème Babi Yar, autour duquel Chostakowitch a créé sa treizième symphonie. Dommage que dans les deux cas, ici dans les Chansons conter la Guerre, l'auteur Evtouchenko soit en quelque sorte laissé au second plan. Car – et pour une fois, je crois bien que l'expression est exacte : c'est un grand poète. Sans lui, pas de treizième symphonie... Sans lui, pas de So lang die Mörder...


À propos de Babi Yar, n'avais-tu pas écrit toi aussi une canzone où tu relatais ce massacre, digne de l'enfer... Et, je crois bien que tu racontais aussi un match de football...


Oui, Lucien l'âne mon ami, j'avais écrit une canzone sur Babi Yar et sur le courage démentiel d'une équipe de football de Kiev ; cette canzone s'intitulait Le Pied d'Ivan, mais c'était bien des années après Evtouchenko, qui en Russie et en 1961 avait fait resurgir le souvenir de cet épouvantable tuerie. Ce n'était pas sans risques d'ailleurs car outre de rappeler la boucherie nazie, Evtouchenko révélait certain antisémitisme des non-Juifs de Kiev et sans doute, également, de toutes les Russies. Quant à moi, on sait tous ici que je ne risque absolument rien...


Enfin, jusqu'à présent. Mais que sait-on de ce qu'il adviendra ? D'ailleurs, comme tu peux te l'imaginer, en d'autres temps et en d'autres lieux, je n'aurais pas été si sûr de ta tranquillité... C'est arrivé à bien des autres, à bien des poètes ou des chanteurs, qui furent soudain pris dans la tourmente et furent massacrés de diverses façons. Il faudrait un jour les regrouper...


Mais, Lucien l'âne mon ami, il y en eut tellement et dans toutes les langues. Et depuis la plus haute Antiquité, ainsi que disait Vialatte. Cependant, je crois la chose utile et je ne sais trop comment on pourrait y faire. Peut-être, mais il faudrait la manière aussi...


En attendant, reprenons notre tâche et tissons, comme tous ceux-là dont nous parlons, tissons le linceul de ce vieux monde assassin, tueur, brutal, dissimulateur et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Dans cette nuit où les flammes me dévorèrent,
Et le train de four emmena mes cendres,
Je suis sorti de Dachau en fumée, par la cheminée
Et je suis retombé vivant sur la terre.
Une fois dehors, je voulus venger ma mort
Sur ceux qui me croient cendres encore
Comment pourrais-je vivre tranquille sous la terre

Tant que les meurtriers vivront de par le monde
Tant que les meurtriers vivront de par le monde

L'enfer est déjà plein de pécheurs
Mais il y manque certains sieurs.
Ma chanson appelle les victimes de ces barbares
Et les conduit sur la trace des tueurs .
Cherchez-les parmi les foules des trottoirs,
Portés par la haine, châtiez-les sur le champ .
Comment le ciel bleu pourrait-il briller paisiblement

Tant que les meurtriers vivront de par le monde
Tant que les meurtriers vivront de par le monde

Levez-vous, vous les enfants martyrs
Torturés à mort par ces bouchers.
Saisissez ces assassins et faites-les juger,
Au nom de tous les enfants des temps à venir.
Et vous qui avez survécu à ces tueries
Sur le Rhin, sur le Belt, à Paris, à Minsk, à Varsovie,
Le souvenir ne devrait jamais vous laisser dormir

Tant que les meurtriers vivront de par le monde
Tant que les meurtriers vivront de par le monde