CHANT
ALLEMAND
Version
française – CHANT ALLEMAND – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson
allemande – Deutsches Lied – Kurt Tucholsky (alias Theobald
Tiger) – 1923
Peine, chagrin allemands. Travail sans fin. Usure, un État souverain, Couverture du livre de Kurt Tucholsky "Deutschland über alles" (Illustration John Heartfield - Helmut Herzfeld) |
Voici,
Lucien l'âne mon ami, une chanson intitulée : « Deutsches
Lied » ; titre qu'on peut presque indifféremment
traduire par Chant allemand ou Chanson allemande. Elle
date de 1923, comme tu le vois. Des
années plus tard, Bertolt
Brecht écrira à son tour une « Chanson allemande », et
il prendra bien soin de l'intituler : « Deutsches
Lied 1937 ».
[[4725]] Et plus récemment encore, j'ai trouvé trace d'une chanson
portant ce même titre de « Deutsches Lied » ; mais
de celle-là, je t'en reparlerai prochainement plus en détails quand
je l'insérerai dans les Chansons contre la Guerre, car elle aussi y
a sa place.
On
dirait qu'il a du succès ce titre…
Peut-être
bien… Quoique on
l'utilise en des sens plutôt ironiques ou qu'on le décline sur un
ton plutôt acide. Cette fois, sur un fond de bruit de bottes, l'ami
de Mademoiselle
Ilse
[[37875]]
fait
un état des lieux de l'État républicain et sent venir ce qui va
venir ; nous sommes en 1923 et il, alias Theobald Tiger, alias
Kurt Tucholsky, décrit (comme le feront d'autres) la montée de la
perversion ; ce qu'il n'arrêtera pas de faire jusqu'à sa mort
12 ans plus tard. Déjà
à ce moment, le militarisme -
« Caserne
! Caserne !
Soleil, lune, étoiles !
Respect ! Direction ! Chacun son tour !
C'est – ton – tour ! »
Soleil, lune, étoiles !
Respect ! Direction ! Chacun son tour !
C'est – ton – tour ! »
gangrène
l'Allemagne. Il finira par l'emporter dans le délire et bien
au-delà. C'est cela que Kurt Tucholsky pressent, annonce et dénonce.
On
devrait toujours écouter les poètes quand ils racontent la réalité
et qu'ils en tracent les futurs…
Laisse-moi
dire, Lucien l'âne mon ami, que cette Guerre de Cent Mille Ans n'est
pas finie et nul ne sait ce qu'il en sera demain. Les ingrédients de
la soupe infâme sont toujours là et les apprentis cuisiniers
continuent à vouloir nous en préparer et nous en servir de ce
triste breuvage. Leur but est toujours le même : accroître la
richesse des riches, étendre le pouvoir des puissants, renforcer
leurs domination, augmenter leurs privilèges, protéger leurs
propriétés, asservir le plus grand nombre et tirer le maximum de
l'exploitation des hommes, des animaux, des plantes et de la planète
tout entière et demain, de l'espace – ce qui a déjà commencé.
Ces infantiles sont incapables de refréner leurs pulsions sordides
et de penser plus loin que le bout de leur bout.
Ainsi,
Theobald Tiger, alias Kurt Tucholsky, l'ami de Mademoiselle Ilse,
sentait
venir la bête immonde, il lançait le cri d'alarme, mais peut-être
était-il déjà trop tard… L'inertie de l'histoire entraînait
déjà ces millions de gens qui vont nourrir les ambitions d'une
bande de déments nationalistes, eux-mêmes englués dans le rêve
d'Otto. Le plus troublant, c'est ce distique :
Pour
éviter une telle destinée, Marco Valdo M.I. mon ami, tissons le
linceul de ce vieux monde à l'image de la République de Weimar,
exploiteur, concurrentiel, mêlant le national au libéral et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Dans
cour, des enfants pâles
(Ouest – une rue perdue)
Font une ribote
À côté des poubelles.
Teint de fromage et tignasse blafarde.
Maigre vert en pot de fleurs
Sur deux appuis de fenêtre.
(Ouest – une rue perdue)
Font une ribote
À côté des poubelles.
Teint de fromage et tignasse blafarde.
Maigre vert en pot de fleurs
Sur deux appuis de fenêtre.
« Caserne ! Caserne !
Soleil, lune, étoiles !
Respect ! Direction ! Chacun son tour !
C'est – ton – tour ! »
Recroquevillés
au fond du bâtiment,
derrière le volet imposant,
Assis courbés, dans leurs blouses bleues,
Nos camarades.
derrière le volet imposant,
Assis courbés, dans leurs blouses bleues,
Nos camarades.
«
Caserne ! Caserne !
Soleil, lune, étoiles !
Respect ! Direction ! Chacun son tour !
C'est – ton – tour ! »
Soleil, lune, étoiles !
Respect ! Direction ! Chacun son tour !
C'est – ton – tour ! »
Peine,
chagrin allemands.
Travail sans fin.
Usure, un État souverain,
Et un mur toujours gris.
Nous sommes coupables. Un cri retentit.
Le monde au dehors est indifférent.
Nous sommes seuls dans ce pays.
Où on entend seulement :
Travail sans fin.
Usure, un État souverain,
Et un mur toujours gris.
Nous sommes coupables. Un cri retentit.
Le monde au dehors est indifférent.
Nous sommes seuls dans ce pays.
Où on entend seulement :
«
Caserne ! Caserne !
Soleil, lune, étoiles !
Respect ! Direction ! Chacun son tour !
C'est – ton – tour ! »
Soleil, lune, étoiles !
Respect ! Direction ! Chacun son tour !
C'est – ton – tour ! »