BIENVENUE EN ALLEMAGNE
Version
française – BIENVENUE EN ALLEMAGNE – Marco Valdo M.I. – 2020
d’après
la version italienne BENVENUTI IN GERMANIA de
Riccardo Venturi
d’une
Chanson
allemande – Willkommen
in Deutschland – Die
Toten Hosen – 1993
Texte :
Andreas Frege (Campino)
Musique : Michael Breitkopf (Breiti)
Album « Kauf mich ! »
Musique : Michael Breitkopf (Breiti)
Album « Kauf mich ! »
WIR
SIND EIN VOLK
Nous
sommes un Peuple
|
Dialogue
Maïeutique
Figure-toi,
Lucien l’âne mon ami, que j’avais eu l’idée saugrenue de
publier cette version française de « Willkommen in
Deutschland » – « Bienvenue en Allemagne » sans
notre petite conversation préliminaire. Je devais sans doute être
un peu las ou distrait ou préoccupé par autre chose. J’y avais
cependant joint la photo d’une manifestation d’apparence
pacifique de nationalistes allemands d’aujourd’hui, que j’avais
pris soin d’illustrer d’une courte légende – en fait, la
traduction du texte de la banderole en tête de cet émouvant cortège
familial et national : « Wir sind ein Volk » –
« Nous sommes un peuple ». J’en avais presque fini
quand je me suis ravisé.
Et
tu as bien fait, Marco Valdo M.I. mon ami, car autrement, à quoi
aurais-je servi ici et surtout, car à voir ce slogan, j’en ai tous
les poils qui se dressent. Des souvenirs anciens se rappellent à ma
mémoire. Enfin, on sait ce qui arrive lorsque les Allemands veulent
devenir un peuple. Inévitablement, on complète la sentence, comme
je pense que le font ces « aimables marcheurs » et avec
les mêmes mots qui sont de triste tradition : en allemand :
« Ein Volk, ein Reich, ein Führer », ce qui donnerait en
français : « Un Peuple, un Empire, un Guide » et en
italien : « Un Popolo, un Impero, un Duce » ou
quelque chose d’approchant et pour tous, en avant, marche ! Et
bien sûr, ils marchent.
Je
vois que tu as compris mon intention, répond Marco Valdo M.I., qui
était double : celle de démythifier le peuple et celle de
faire voir en dehors de l’Allemagne qu’il existe des Allemands
qui ne veulent pas, ne veulent plus de ce fameux peuple.
Dans
le fond, dit Lucien l’âne, c’est une seule et même chose :
démythifier le peuple et ne plus vouloir de ce peuple.
Tu
vois, Lucien l’âne mon ami, la démythification du peuple est la
base de la mise en cause des attitudes racistes, xénophobes,
méchantes et stupides du nationalisme, dont il importe peu – pour
m’en tenir à cette petite partie du monde – qu’il soit russe,
allemand, français, belge, autrichien, hongrois, italien, espagnol,
etc. Ce qui caractérise le peuple, c’est son grégarisme, son goût
de l’attroupement et son inévitable transformation en troupeau et
ensuite, d’exaltation en exaltation, en meute.
Oh,
dit Lucien l’âne, je connais cette façon d’être et j’ai vu
les effets de cette gradation, laquelle est inévitable dès
l’instant où on pense « peuple ». Des siècles de
barbaries et de guerres ont montré combien cette mécanique est
redoutable, menaçante et finalement, massacrante. Et à mon tour,
j’insiste sur le fait qu’elle s’applique à n’importe quel
peuple à n’importe quel moment de l’histoire humaine qui,
jusqu’ici, se confond avec la
Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants mènent
contre les pauvres et les pacifiques afin d’imposer leur
domination, d’étendre leurs possessions, etc. Dans les périodes
de calme, où les affrontements sont feutrés, où on ne s’étripe
pas militairement, où n’écrase pas les civils sous les coups des
gens d’armes, où l’on vit dans une sorte de trêve sociétale,
le peuple vit sous la forme du troupeau ; dans les périodes
d’affrontements, le peuple prend alors la forme de la meute, il se
transforme en un être vindicatif, en un agglomérat haineux, tel que
le décrit la
Tyrolienne haineuse, se mue en assassin collectif, en une hydre
aux innombrables crânes tondus. Mais arrêtons-nous ici, sinon on
n’en finira pas aujourd’hui ; ainsi tissons le linceul de ce
vieux monde haineux, glauque, malodorant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Ce
pays est le pays où on ne comprend pas,
Que
penser l’étranger comme ennemi, ça ne va pas.
Où
les visiteurs sont seulement tolérés,
S’ils
promettent de bientôt s’en retourner.
C’est
aussi ma maison, même si c’est un aléa,
Un
jour ou l’autre, ça finira par retomber sur moi,
Si
un homme d’un autre pays,
Ne
peut plus vivre ici sans souci.
Chaque
jour, toujours plus, il en arrive
Et
la haine des étrangers augmente
Et
personne ne sait de quelle manière
Ni
quand s’arrêtera cette manie démente.
C’est
aussi mon pays,
Et
je ne peux pas faire comme si
Ça
ne me concernait pas.
C’est
aussi votre pays,
Et
vous êtes coupable si
Vous
acceptez ça.
Ce
pays est le pays où se taisent tant de gens,
Où
des fous dans les rues s’en vont défiler
Pour
prouver à eux-mêmes et au monde entier
Que
les Allemands sont à nouveau des Allemands.
Cette
provocation nous concerne vous et moi,
Car
aussi nous sommes d’ici, moi comme vous ;
Ce
problème ne concerne que nous :
Aucun
étranger ne peut nous aider à régler ça.
Je
n’ai aucune envie de rester ici,
Ni
de supporter plus longtemps ça,
Je
suis fatigué de parler et de rester là,
Je
ne tournerai pas le dos à cet ennemi.
C’est
aussi mon pays,
Et
d’un quatrième Reich, je ne veux pas.
C’est
aussi votre pays,
Faites
que la haine aveugle ne le détruise pas.
C’est
aussi mon pays,
Et
sa réputation est déjà ruinée quoi qu’il en soit
C’est
aussi votre pays,
Montrons
que d’autres hommes
vivent ici aussi.