mardi 25 février 2020

BIENVENUE EN ALLEMAGNE


BIENVENUE EN ALLEMAGNE

Version française – BIENVENUE EN ALLEMAGNE – Marco Valdo M.I. – 2020
d’après la version italienne BENVENUTI IN GERMANIA de Riccardo Venturi
d’une
Chanson allemande – Willkommen in Deutschland Die Toten Hosen – 1993
Texte : Andreas Frege (Campino)
Musique : Michael Breitkopf (Breiti)
Album « Kauf mich ! »




WIR SIND EIN VOLK
Nous sommes un Peuple




Dialogue Maïeutique


Figure-toi, Lucien l’âne mon ami, que j’avais eu l’idée saugrenue de publier cette version française de « Willkommen in Deutschland » – « Bienvenue en Allemagne » sans notre petite conversation préliminaire. Je devais sans doute être un peu las ou distrait ou préoccupé par autre chose. J’y avais cependant joint la photo d’une manifestation d’apparence pacifique de nationalistes allemands d’aujourd’hui, que j’avais pris soin d’illustrer d’une courte légende – en fait, la traduction du texte de la banderole en tête de cet émouvant cortège familial et national : « Wir sind ein Volk » – « Nous sommes un peuple ». J’en avais presque fini quand je me suis ravisé.


Et tu as bien fait, Marco Valdo M.I. mon ami, car autrement, à quoi aurais-je servi ici et surtout, car à voir ce slogan, j’en ai tous les poils qui se dressent. Des souvenirs anciens se rappellent à ma mémoire. Enfin, on sait ce qui arrive lorsque les Allemands veulent devenir un peuple. Inévitablement, on complète la sentence, comme je pense que le font ces « aimables marcheurs » et avec les mêmes mots qui sont de triste tradition : en allemand : « Ein Volk, ein Reich, ein Führer », ce qui donnerait en français : « Un Peuple, un Empire, un Guide » et en italien : « Un Popolo, un Impero, un Duce » ou quelque chose d’approchant et pour tous, en avant, marche ! Et bien sûr, ils marchent.


Je vois que tu as compris mon intention, répond Marco Valdo M.I., qui était double : celle de démythifier le peuple et celle de faire voir en dehors de l’Allemagne qu’il existe des Allemands qui ne veulent pas, ne veulent plus de ce fameux peuple.


Dans le fond, dit Lucien l’âne, c’est une seule et même chose : démythifier le peuple et ne plus vouloir de ce peuple.


Tu vois, Lucien l’âne mon ami, la démythification du peuple est la base de la mise en cause des attitudes racistes, xénophobes, méchantes et stupides du nationalisme, dont il importe peu – pour m’en tenir à cette petite partie du monde – qu’il soit russe, allemand, français, belge, autrichien, hongrois, italien, espagnol, etc. Ce qui caractérise le peuple, c’est son grégarisme, son goût de l’attroupement et son inévitable transformation en troupeau et ensuite, d’exaltation en exaltation, en meute.


Oh, dit Lucien l’âne, je connais cette façon d’être et j’ai vu les effets de cette gradation, laquelle est inévitable dès l’instant où on pense « peuple ». Des siècles de barbaries et de guerres ont montré combien cette mécanique est redoutable, menaçante et finalement, massacrante. Et à mon tour, j’insiste sur le fait qu’elle s’applique à n’importe quel peuple à n’importe quel moment de l’histoire humaine qui, jusqu’ici, se confond avec la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants mènent contre les pauvres et les pacifiques afin d’imposer leur domination, d’étendre leurs possessions, etc. Dans les périodes de calme, où les affrontements sont feutrés, où on ne s’étripe pas militairement, où n’écrase pas les civils sous les coups des gens d’armes, où l’on vit dans une sorte de trêve sociétale, le peuple vit sous la forme du troupeau ; dans les périodes d’affrontements, le peuple prend alors la forme de la meute, il se transforme en un être vindicatif, en un agglomérat haineux, tel que le décrit la Tyrolienne haineuse, se mue en assassin collectif, en une hydre aux innombrables crânes tondus. Mais arrêtons-nous ici, sinon on n’en finira pas aujourd’hui ; ainsi tissons le linceul de ce vieux monde haineux, glauque, malodorant et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Ce pays est le pays où on ne comprend pas,
Que penser l’étranger comme ennemi, ça ne va pas.
Où les visiteurs sont seulement tolérés,
S’ils promettent de bientôt s’en retourner.
C’est aussi ma maison, même si c’est un aléa,
Un jour ou l’autre, ça finira par retomber sur moi,
Si un homme d’un autre pays,
Ne peut plus vivre ici sans souci.
Chaque jour, toujours plus, il en arrive
Et la haine des étrangers augmente
Et personne ne sait de quelle manière
Ni quand s’arrêtera cette manie démente.


C’est aussi mon pays,
Et je ne peux pas faire comme si
Ça ne me concernait pas.
C’est aussi votre pays,
Et vous êtes coupable si
Vous acceptez ça.


Ce pays est le pays où se taisent tant de gens,
Où des fous dans les rues s’en vont défiler
Pour prouver à eux-mêmes et au monde entier
Que les Allemands sont à nouveau des Allemands.
Cette provocation nous concerne vous et moi,
Car aussi nous sommes d’ici, moi comme vous ;
Ce problème ne concerne que nous :
Aucun étranger ne peut nous aider à régler ça.
Je n’ai aucune envie de rester ici,
Ni de supporter plus longtemps ça,
Je suis fatigué de parler et de rester là,
Je ne tournerai pas le dos à cet ennemi.


C’est aussi mon pays,
Et d’un quatrième Reich, je ne veux pas.
C’est aussi votre pays,
Faites que la haine aveugle ne le détruise pas.
C’est aussi mon pays,
Et sa réputation est déjà ruinée quoi qu’il en soit
C’est aussi votre pays,
Montrons que d’autres hommes vivent ici aussi.