mardi 9 février 2016

IL ÉTAIT UNE FOIS

IL ÉTAIT UNE FOIS

Version française – IL ÉTAIT UNE FOIS – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne – C'era una voltaGiorgio Laneve – 1976





À MONSIEUR CHARLES ROBERT DARWIN EN MÉMOIRE DE SON EXCELLENT OUVRAGE « DE L'ORIGINE DES ESPÈCES » PARU EN 1859.




 Aux débuts des années '70, dans la vague « cantautorale » (chansonnière) italienne qui aura duré, plus ou moins, jusqu'à la fin de la décennie pour ensuite succomber (même musicalement) lors des années de strontium de la décennie suivante, Giorgio Laneve représenta une voix certes menue et polie, mais avec des traits d'originalité (et d'authentique poésie). Ingénieur électronique de formation, Giorgio Laneve commença fort jeune et, pendant une certaine période, il jouit même d'une certaine popularité, sans jouer des coudes (moi-même je me rappelle d'avoir vu une allusion à lui dans le journal de Mickey Mouse, je ne plaisante pas). En 1970, à 24 ans à peine, arriva à l'improviste en second au alors très célèbre « Disque pour l'été » avec Amore dove sei?Amour où es -tu ? , qui reste probablement sa chanson la plus célèbre. Il fut même dénommé l'« auteur-compositeur de l'ère spatiale » dans une interview de la revue « Ciao 2001 ». Ses points de référence ? Pour sa référence à Georges Brassens (dont il traduisit et interpréta Marquise, en italien Bella Marchesa, quoique le texte soit composé de trois strophes de Corneille et pour la dernière, fort irrévérencieuse, de Tristan Bernard), Jacques Brel, Barbara (dont il traduisit quelques chansons), de Luigi Tenco, de Fabrizio De André ; mais je préfère de toute façon dire que la référence de Giorgio Laneve a été Giorgio Laneve lui-même, dont je suis – j'admets – particulièrement heureux de pouvoir accueillir quelque chose dans ce site. Depuis toujours attentif au monde des enfants, presque au terme de sa parabole musicale (reprise ensuite, presque à l'improviste, en 2015) enregistré pour Divergo de Mario de Luigi son LP « Accenti », passa presque inaperçu ; son dernier morceau enregistré, avant son retrait de l'activité en 1980, fut le motif musical d'un dessin animé, l'inspecteur Nasy. [RV]

Mon ami Lucien l'âne, voici ue chanson qui à l'air parfaitement anodine. On dit (Venturi dixit) que Giorgio Laneve était (principalement) un auteur pour enfants et que même le journal de Mickey Mouse l'avait à la bonne. C'était il y a quarante ans. Et elle a bien l'air de ça cette chanson dans la façon dont elle est écrite. Cependant…


Cependant quoi ?, Marco Valdo M.I. mon ami. Quoi précisément, car il doit bien y avoir une raison à ce cependant ?


Cependant, à bien y regarder, elle n'est pas si anodine que ça, j'y décèle une touche, un soupçon d'acide comique. Un peu comme dans la chanson française « L'Homme de Cro-Magnon » [[7817]], elle raconte de façon décalée, certes, mais assez exacte les origines de l'humaine nation. Et, le moins qu'on puisse en dire, c'est que cette histoire n'a rien de biblique. En fait, elle nous redonne conscience de nos racines (les fameuses racines de l'Europe, lesquelles sont assurément préadamites ainsi que le démontre le Duc d'Auge à son chapelain dans les très jolies « Fleurs Bleues » de Raymond Queneau). L'homme, Lucien l'âne mon ami, est une espèce animale parmi d'autres (des millions, des milliards d'autres, que sais-je?), une de ces espèces qui a réussi à survivre à bien des catastrophes.


Et même aux religions, dirait-on à entendre la chanson.


L'humaine nation a survécu même aux religions. En effet, contrairement aux racontars fols du Livre judéo-christiano-musulman – marchandise d'importation qui nous fut imposée par un matraquage publicitaire millénaire, on trouve dans cette chanson un homme, une espèce humaine qui sont les vrais créateurs d'eux-mêmes et puis ensuite, les créateurs de leurs propres civilisations, sans intervention quelconque d'un être imaginaire tout puissant. En un mot comme en cent, c'est une chanson athée.

À ce propos, dit Lucien l'âne d'un ton joyeux, justement, en Italie, ces jours-ci, on fête le Darwin Day (http://www.uaar.it/news/2016/02/08/darwin-day-uaar-2016/) en de multiples rencontres savantissimes. Je rappelle pour que nul n'en ignore que Charles Robert Darwin est ce savant britannique qui écrivit « De l'origine des espèces », ce livre tranquille qui bouleversa les sciences et institua la biologie, comme science de la vie. On devrait lui dédier cette version française.


Ainsi soit-il !, approuve Marco Valdo M.I. Nous la dédierons donc à ce bon vieux Charles Robert.

À présent, nous pouvons reprendre notre tâche et continuer à tisser le linceul de ce vieux monde croyant, crédule, propagandiste, intoxiqué, fidéiste et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.


Il y avait autrefois… garçons, quelle voûte !
Et l'homme sous la splendide voûte
Vit la lumière pour la première fois,
Vit la lumière pour la première fois.

Les heures passaient sereines et légères :
Même les fauves étaient dociles.
L'homme frère de la création entière
Sans problèmes vivait heureux.
L'arbre lui offrait ses fruits juteux
Et dans ses branches, des siestes légères.

La douce vie sans pensées
Changea avec les sombres années.
Vînt la période glaciaire :
Les brontosaures quittèrent la Terre,
Le mammouth puissant fut vaincu …
L'homme résiste par quelque chose de plus.
Il n'est pas seulement plus rusé et plus faraud,
Il sait faire travailler son cerveau.

Pour survivre, il se terre
Sous la voûte d'une caverne.
Il doit se défendre, il doit se nourrir
Et contre le gel, il lui faut se couvrir.

Mère nature se fait marâtre,
Mais comme arme, elle lui offre la pierre.
Pour la vie, commence une lutte opiniâtre :
Les ours fournissent nourriture et fourrure,
Cependant pour vivre, c'est encore peu
L'homme alors trouve le moyen du feu.

Il se sent enfin créateur :
Il peut créer la lumière, la chaleur.
Certes, il conquiert toute la terre,
Mais il s'habitue à faire la guerre.
Ensuite avec le mirage de la fortune,
Il délaisse sa planète, il vise la lune.
Et poursuit toujours avec davantage d'audace,
Il ignore la paix, il conquiert les espaces.
Une autre victoire l'attend maintenant
Il doit savoir se dominer lui-même,
Car la civilisation véritablement
Toute l'humanité embrasse,
Et rassemble tous les êtres,
Comme autrefois, sous la voûte.


CHARLES MARTEL RETOUR DE LA BATAILLE DE POITIERS

CHARLES MARTEL RETOUR DE LA BATAILLE DE POITIERS

Version française – Charles Martel de retour de la bataille de Poitiers – Marco Valdo M.I. – 2009
Chanson italienne – Carlo Martello torna dalla battaglia di Poitiers – Fabrizio De André - 1962









Riccardo Venturi avait fait une version de cette chanson dans un « françois d’époque », enfin disons, une manière de grommelot amélioré ; c’est une version très amusante. Celle, ici proposée, est plus contemporaine ; j’ose l’espérer assez distrayante.

On a tous dans l’oreille la chanson du Roi Renaud et de son lugubre destin : « Le Roi Renaud de guerre s’en revînt portant ses tripes dans ses mains… ». J’aime à penser que Fabrizio connaissait ce destin du pauvre Renaud ; un destin de roi. Ceci donne tout le sel à sa chanson « Charles Martel de retour de la bataille de Poitiers », car – ainsi qu’on le verra – Charles revînt vainqueur en portant tout autre chose que ses tripes dans ses mains. La donzelle l’apprit à ses dépens. De première part, en étant contrainte de laisser Charles et son fameux marteau honorer sa (disons) pudeur, à moins que ce ne fut son (disons) postérieur ; de seconde part, en voyant l’ignoble séducteur s’enfuir sans honorer sa dette.
Mais il y a quand même une justice dans ce monde, il y a quand même une morale dans la chanson : le roi penaud s’en alla finir sa guerre dans les taillis – cul par-dessus tête – c’était bien son tour.
Voilà une vision moins glorieuse de Charles et de son marteau, duquel on nous a tant rebattu les oreilles et cassé nos enfantines roubignoles en de grands élans européoxénophobes.
Rappelez-vous, en ces temps-là, on enfonçait la chrétienté dans nos têtes à coups de marteau… Le fait-on encore aujourd’hui ? C’est à craindre.

Cela dit, ne vous mettez pas martel en tête avec tout ça, voilà une chanson revigorante et rabelaisienne, dont tout un chacun se réjouira hautement.


Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.









Le Roi Charles de guerre s’en revînt.
Fut accueilli sur ses terres d’une couronne de laurier.
Au chaud soleil du printemps angevin,
Scintille l’armure du vainqueur de Poitiers.



Le sang du Prince, le sang du Maure
Arrosent le cimier de mêmes atours,
Mais plus que des blessures corporelles,
Charles ressent les affres de l’amour.



« Si la guerre étanche chez le vainqueur
La passion de la gloire et la soif d’honneur,
Elle ne te concède pas un moment pour faire l’amour.
Celui qui impose la ceinture de chasteté
À sa suave épouse, commet un geste bien lourd
Et court le risque à la bataille d’en perdre la clé. »



Ainsi se lamentait ce roi chrétien.
Le blé s’incline, les fleurs le décorent.
Le miroir de la fontaine d’étain
Reflète le fier vainqueur des Mores.



Quand voici que dans l’eau débonde,
Admirable vision, le symbole de l’amour.
Au cœur de longues tresses blondes
Paraît en plein soleil son sein nu.



« Je n’ai jamais vu chose plus belle
Jamais je ne vis si jolie pucelle »,
dit le roi en descendant rapidement de selle.
« Hé, chevalier, ne vous approchez pas,
D’autres déjà ont joui de celle-là,
À d’autres fontaines plus faciles, apaisez votre émoi. »



Surpris de mots si décidés,
Charles s’arrêta en s’entendant ainsi moqué.
Mais le jeûne pèse plus que l’honneur,
Tout tremblant le roi offrit son cœur.



C’était là le répertoire caché
Dont usait Charles dans les grandes difficultés.
À la dame, il montra un grand nez
Un visage de bouc, mais c’était Sa Majesté.



« Si vous n’étiez mon souverain ».
Charles dégagea sa grande rapière.
« Je ne cèlerais pas mon désir de fuir au loin,
Mais puisque vous êtes mon seigneur »
Charles relève sa bannière.
« Je dois vous concéder toute ma pudeur ».



C’était un cavalier des plus vaillants,
Dans cette passe d’honneur, il se redressa
Et arrivé à l’acmé tout fringant,
Il tenta de remonter encore une fois.



Rapide, la pucelle le harponna
Et présenta ses honoraires à son seigneur :
« C’est bon que vous êtes le roi,
Cinquante mille, c’est un prix de faveur. »



« C’est pas Dieu possible, nom d’un chien,
Qu’en ce royaume, toutes les aventures
Se déroulent avec de grandes putains !
Même sur le prix, il y a à redire. Pour sûr,
Je me souviens très bien qu’avant mon départ,
Les tarifs étaient inférieurs à trente mille patards ».



Cela dit, comme un grand saligaud,
D’un bond de lion, en selle, il sauta.
Fouettant son cheval comme un bourricot,
Dans les glycines et le sureau, le roi s’étala.



Le Roi Charles de guerre s’en revenant
Fut accueilli sur ses terres d’une couronne de laurier.
Au soleil d’un chaud printemps

Scintille l’armure du vainqueur de Poitiers.