Sous le Manteau de la Guerre
Chanson
française –
Sous
le Manteau de la Guerre
–
Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 81
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXXVI – XXXVII)
Ulenspiegel le Gueux – 81
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXXVI – XXXVII)
Dialogue
Maïeutique
Je
me demande bien, Marco Valdo M.I. mon ami, commente Lucien l’âne,
mon ami, ce qui peut se passer « sous le manteau de la
guerre » ; enfin, plus exactement, je voudrais savoir ce
que peut bien cacher cette expression sibylline.
Tu
fais bien de poser la question, réponde Marco Valdo M.I., car ça me
permet d’y répondre et de développer un peu le sens de la chanson
qui porte un tel titre. Cette canzone, si on y regarde de tout près,
ne parle à proprement parler pas du tout de la guerre au sens
classique ; elle n’en dit pas un mot ; du moins de la
guerre au sens classique d’affrontement de groupes militaires. Les
événements qu’elle évoque relèvent plutôt du fait-divers, de
la chronique locale et pourraient se dérouler tant en temps de paix
qu’en temps de guerre. Pourtant, c’est ce qu’indique
précisément ce « sous le manteau de la guerre »,
ceux-ci se passent dans une période troublée, dans un pays en
guerre – une guerre civile, une guerre religieuse, une guerre
d’occupation, une guerre de libération ; au fond de la toile,
on trouve tout simplement « la guerre ». Néanmoins,
comme tout épisode d’effervescence militaire, elle ouvre des
espaces d’insécurité et libère des vocations meurtrières et à
tout le moins, criminelles. Sous le manteau de la guerre, les pires
délits se commettent plus aisément et face aux terribles
bouleversements et aux grands massacres en cours, ils passeraient
presque inaperçus ou seraient considérés comme insignifiants.
D’une certaine façon, ils font partie des mœurs du temps d’une
société où on torture, in vole, on incendie, on viole, on tue à
qui mieux mieux. Le meurtre, l’assassinat, le vol, etc., pratiqués
à l’échelle individuelle ou locale, ont l’air de travaux
d’artisan à côté d’une production industrielle à vocation
nationale ou mondiale.
Oh,
dit Lucien l’âne, je vois de quoi il s’agit. Au milieu du
déferlement de violences diverses et collectives, le petit meurtre
fait pâle figure.
Exactement,
reprend Marco Valdo M.I., et pourtant, il ne t’échappera pas que
ces petits crimes n’en sont pas moins eux aussi des actes de
guerre. D’ailleurs, ils ont les mêmes mobiles et les mêmes buts –
disons, les mêmes intentions – que la « grande guerre ».
On le comprend mieux si on se reporte à ce que veut signifier la
Guerre de Cent Mille Ans, cette guerre que les riches
font aux pauvres afin de s’enrichir, de les dominer, de les
contraindre de les exploiter, de les obliger à les servir, de les
forcer au travail, etc. Et puis, avec la chanson, il faut toujours
penser à son foutu penchant à la métaphore. Il est toujours utile
de voir l’autre sens de la chanson, les autres sens ; elle
chante une chose et résonnent d’autres.
N’allons
pas plus loin, Marco Valdo M.I., dans le dévoilement de la chanson ;
laissons-lui ses mystères ; de toute façon, nous n’avons pas
vocation à théoriser le monde, nous qui ne pensons que par bribes
et morceaux. Néanmoins, reprenons notre tâche et tissons le linceul
de ce vieux monde querelleur, assassin, violeur, tueur, escroc et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Sous
le manteau de la guerre,
Grouille
une myriade de vers.
Minuscules
animalcules rongeurs
Tapis
là-dessous, ils vivent de malheurs.
Sur
la route en dehors du village,
On
trouve des cadavres tout blancs,
Des
filles, des gars au bel âge
Gisent
saignés de tout leur sang.
Femmes,
hommes, vieux aux cheveux blancs,
Fermiers,
marchands déchargés d’argent,
Tous
nus et mordus au cou
De
dents longues, de dents de loup.
Sans
ambage, sur l’heure,
On
accuse Ysengrin, l’éternel tueur,
Et
du vol, des larrons charognards,
Prélevant
soigneusement leur part.
On
cherche la bête et les voleurs,
On
ne trouve pas de loup,
On
ne trouve pas les détrousseurs
Et
l’enquête en reste là.
Nelle
s’éveille au cœur de la nuit
Tirée
du lit par un cri :
« Sauve-moi !
Le loup m’emmène. »
C’est
Katheline, que la garde ramène.
Katheline
s’écrie face à la chandelle.
« C’est
le soleil, il chasse les mauvais rêves. »
« Que
se passe-t-il ? », demande Nelle.
« Le
loup-garou m’a couru après sur la grève. »
« Hanske
a poussé le cri de l’orfraie,
Hanske
est plus beau qu’Orphée,
Il
m’a promis mille carolus et l’amour,
Hanske
mon mignon m’aimera toujours.
Hanske
veut connaître les femmes,
Les
femmes riches de Damme.
Je
ne lui dirai pas,
Mon
mignon ne peut aimer que moi. »
« Ôtez
le feu, la tête brûle !
Reviens
Hanske mon amant ! »
La
veille passe, grince la crécelle
« Il
est une heure, bonnes gens ! »