jeudi 16 février 2023

DES SINGES

 


DES SINGES


Version française — DES SINGES — Marco Valdo M.I. — 2023

Chanson italienne — ScimmieManagement del Dolore Post-operatorio — 2015











LE SINGE ET LE MODÈLE


Jean-Baptiste Deshays — 1750 ça.




Selon Romagnoli, Scimmie (DES SINGES) est « un hymne à la technologie, à la science et à la culture, contre la superstition, la haine et la douleur ». La chanson a été décrite par les membres de Management eux-mêmes comme une version technologique de Imagine de John Lennon.

Expliquant cette analogie, le groupe a déclaré : « il est toujours impossible d’imaginer un monde sans guerre, sans haine, sans argent, sans Dieu, sans inégalité, sans faim, sans frontières. L’acte de civilisation est un acte contre la nature, et avec l’aide de la technologie nous avons rêvé d’un monde sans maladie et sans mort, où il ne faut pas tuer ou travailler pour manger, un simple clic suffit. Le rêve amusant de ceux qui ne veulent plus être les descendants directs des singes et qui veulent enfin entrer dans l’ère moderne ».





Dialogue maïeutique



Ohlala, les pauvres singes !, dit Lucien l’âne. Ce sont les martyrs de l’évolution.


Comment ça, dit Marco Valdo M.I., les martyrs de l’évolution ? Je ne comprends pas.


C’est simple, pourtant, reprend Lucien l’âne. Il ne faut pas prendre tous les simiens pour des humanoïdes et tous les pans pour des homos sapiens. Du fait qu’ils sont aussi des primates et même pas nos ancêtres directs, on impute aux singes ici toute la honte de l’humain. Jacques Brel lui-même l’avait fait ; à vrai dire pas vraiment, car sa chanson « Les Singes » inversait la donne ; chez lui — les singes, les culs pelés, fauteurs de tous les troubles étaient des hommes.


« Avant eux avant les culs pelés

La fleur l’oiseau et nous étions en liberté

Mais ils sont arrivés et la fleur est en pot

Et l’oiseau est en cage et nous en numéro

Car ils ont inventé prisons et condamnés »


C’est quand même le comble ! L’humain n’a qu’à assumer son humanité et ses ascendances. C’est facile de se défausser sur le singe qui n’a rien à voir dans nos galères présentes, passées et futures. Je demande ce que les singes ont comme responsabilité dans nos déboires, nos guerres, nos erreurs, nos errements ?


Sans doute, rien, dit Marco Valdo M.I. Ils sont bien trop malins pour quitter leur condition de primate quadrumane ; ils ont raison, c’est plus facile pour manger les bananes. Pour en venir à la chanson et à l’interview du groupe qui dit trouver « impossible d’imaginer un monde sans guerre, sans haine, sans argent, sans Dieu, sans inégalité, sans faim, sans frontières », je ne vois pas où est le problème à moins de manquer d’imagination, plein de gens l’ont fait ; on les appelle les « utopistes ». Pour ma part, je n’ai aucune difficulté à penser un monde sans Dieu, du simple fait que c’est l’état normal du monde réel et tout au contraire, ce qui me paraît aberrant et littéralement, impensable, c’est un monde avec Dieu ; je ne sais de quel chapeau quel magicien a sorti cet étrange lapin-là. Pour le reste, sans guerre, sans haine, sans argent, sans inégalité, sans faim, sans frontières, on pourrait y arriver, c’est une question d’organisation et de volonté. Certes, il y a encore du chemin à faire, mais à cœur vaillant, rien d’impossible par l’imagination ; autant dire que tout cela sera certainement possible dans un monde imaginaire. Mais rien n’empêche de vouloir agir dans ce sens ; ainsi, on pourra s’en approcher et même fort rapidement, du moins si on se place dans une perspective évolutionniste, où dix mille ans est une paille. Je rappelle qu’il s’agit d’y amener toute une espèce — disons des milliards de gens et qu’ils y soient tous en même temps, sinon retour à l’étape précédente.


Oui, dit Lucien l’âne, ça laisse de la marge. Cependant, tout ça est bien intéressant et moi qui cours les routes depuis des mille ans, je n’ai rien vu de tel sur mon chemin. Évidemment, on peut toujours courir encore ; mais au fond, courir son chemin, c’est la vie. Enfin, trêve de spéculations, tissons le linceul de ce vieux monde cousu d’or, d’armes et d’argent, mal foutu, perclus et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane








Mon ami, un parleur expérimenté

À Cicéron n’a rien à envier.

Il m’a dit qu’on ne mourra plus,

Juré que l’argent aura disparu,

On ne devra plus travailler,

Les machines feront notre métier,

Les maladies seront un mauvais souvenir,

On aura de nouveaux cœurs en acier

Battant exactement sans jamais faillir,

Les gens nous prennent pour des dérangés.

Mais c’est normal ! Ils sont dépassés ;

C’est normal ! Ils sont arriérés.


Comme si un singe sort de la jungle

Et commande un gin citron.

Comme si un singe sort de la jungle

Et va écouter John Lennon.


Tous très heureux, même les végétariens.

Les animaux ne seront plus mangés

Avec les imprimantes, on multipliera les pains

Sans fatiguer les boulangers.

Sans saints et sans sous, la guerre disparaîtra.

Et je crois que vous n’y croyez pas !


Comme si un singe sort de la jungle

Et commande un gin citron.

Comme si un singe sort de la jungle

Et va écouter John Lennon.


Comme si un singe sort de la jungle

Et s’en vient commander un rhum-coca.

Comme si un singe sort de la jungle

Et s’en va chanter à l’Olympia.


Et nous vivrons sans peur et sans faute

Et nous serons enfin modernes

Il n’y aura plus de prêtres,

Chacun fera l’amour comme il le souhaite.

Même les hommes accoucheront

Et toutes ces belles personnes

Nous les clonerons !


Et qui vivra verra,

Et qui vivra verra.


J’ai honte d’avoir été un singe.

J’ai honte d’avoir été un singe.


PASSEPORT POUR LES ÉTOILES

 



PASSEPORT POUR LES ÉTOILES


Version française — PASSEPORT POUR LES ÉTOILES — Marco Valdo M.I. — 2023

Chanson italienne — Passaporto per le stellePooh — 1983

Album : Tropico Del Nord








NOUVEAU MONDE


Georgia O'Keeffe — 1937




Une de ces perles rares de la musique italienne, c’est l’histoire d’un garçon et d’une fille, tous deux habitués à vivre simplement, à la campagne, qui sont choisis par le président de leur pays pour aller peupler un monde lointain, car le leur est sur le point d’être détruit par une énième et dernière guerre. D’autre part, le texte est de Valerio Negrini.







C’est l’histoire d’un gars de la campagne.

Un agent vient et dit : tu ferais mieux de

Me suivre.



Au palais du gouverneur, il vit

Le président en personne qui

Voulait trinquer avec lui.



Puis vinrent des gens sévères

Dans des tenues extraordinaires ;

C’étaient des médecins et des militaires.

L’un d’entre eux lui dit :

« Que Dieu te vienne en aide, l’ami ».



Elle était une fille de la campagne.

Aux hommes en uniforme, elle demande :

« Je peux rentrer chez moi ou je reste ? »



Dans la lumière du soir d’été,

Le vent du désert s’est levé,

Le président a parlé :



« Par traîtrise et par faute,

Nous sommes en guerre.

Voici vos passeports pour les étoiles.

Je les ai signés tous les deux.

Dieu vous aide, adieu. »



Retenant ses muscles, la machine trembla,

Le couvercle sauta ; elle se lança.

Une minute intense ; elle est partie

En l’air comme une symphonie.



Lui le premier ou elle, peut-être,

Ils se demandent qui ça peut être.

La Terre s’est éloignée

Plus vite que la pensée.





C’était un univers magnifique,

Une nouvelle Amérique.

Une chose magique, fantastique.





Il y avait des pierres, des végétaux,

Des rivières, des animaux

Et un ciel si bleu, si beau.



Dans le souffle et l’abondance,

Dans l’aube du monde, une présence

Inconnue se fait entendre

Qui semblait les attendre.



Soyez les bienvenus,

Sur la plage du nouvel âge, enfants venus

D’un monde à présent disparu.

Ne vous retournez jamais,

N’oubliez jamais.



Faites de nouveaux amours, de nouvelles géographies

Sans religions, sans généraux, sans nostalgies,

Sans drapeaux, sans bannières

Et que ceci soit votre nouvelle Terre.