Chanson
française, tirée de la chanson étazunienne : Tom Dooley –
Fais
ta prière, Tom Dooley – Philippe Clay – 1958.
Interprétations diverses :
Les
Compagnons de la chanson :
https://www.youtube.com/watch?v=oRxUZbudNSg
Philippe
Clay : https://www.youtube.com/watch?v=7o4Io47KIbs
voir : 00:53:31 «
Fais ta prière Tom Dooley » - Philippe Clay
Johny
Halliday : https://www.youtube.com/watch?v=kZA3jUeYEnM
Tom Dula, alias Tom Dooley
Ainsi cette condamnation reposait sur des cancans…
Sans doute, fallait-il un coupable masculin…
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Fais
ta prière, Tom Dooley… Singulier parcours d’une chanson qui
raconte une histoire qui s’est passée il y a un siècle et demi en
Caroline du Nord. Une chanson qui vit le jour là-bas, sans doute née
des ruminations d’un poète local, peu de temps après que Tom
Dula, qu’il nomma phonétiquement Tom Dooley (prononciation tout
aussi locale), fut pendu. Une chanson qui relate une énorme erreur
judiciaire…
Mais
dis-moi Marco Valdo M.I. mon ami, en quoi ce parcours serait si
singulier ?
Mais,
Lucien l’âne mon ami, il l’est à plus d’un titre. En premier
lieu, parce que j’ai voulu insérer la version française avant
même de retrouver la version originale : Tom Dooley de Alan
Lomax et Frank Warner, popularisée par le Kingston Trio vers 1958…
Mais je trouvais singulier de commenter en français la version
anglo-américaine. Dès lors, j’ai commencé à travailler cette
version française et cela m’a amené à insérer la version des
Kingston, comme tu l’as vu.
Soit,
mais dis-moi… Que raconte-t-elle cette chanson ?
En
fait, elle raconte une double mort : celle d’une jeune fille,
Laura Foster, assassinée et celle de Tom Dula, alias Tom Dooley, son
fiancé, qu’on a pendu. Leur histoire est simple. Tom Dula, un
jeune homme très prisé des jeunes femmes du village et qui avait eu
des « affaires » avec certaines, était amoureux de Laura
et juste avant de partir à la guerre dans les rangs des Sudistes
(Confédérés), lui avait promis le mariage. Au retour dans l’Happy
Valley (Vallée heureuse), comté de Wilkes, Caroline du Nord, il
retrouve la jeune Laura (18 ans) et ils décident de quitter en douce
le pays pour aller se marier ailleurs. Un grand matin, ils
s’échappent chacun de son côté pour se retrouver à l’écart
du village, emportant juste un petit bagage. Tom l’attend en vain
et n’ose revenir au village. Soit elle n’a pas voulu le suivre,
soit elle a un empêchement… On retrouvera, des semaines plus tard,
Laura dans un ravin… Nettement assassinée ; elle a un trou
dans le dos, fait par un grand couteau.
Assassinée ?
Par qui ?
Là
commence l’aventure de Tom Dula. Au début, il n’est pas là pour
se défendre. On finit par l’arrêter et il nie avec obstination,
jusqu’au bout, d’être l’assassin. Face à la potence, il dira
encore : « Vous voyez cette main. Elle n’a pas touché
un cheveu de cette femme ».
D’accord,
il nie. Mais la plupart des assassins nient aussi, au début.
Qu’est-ce qui prouve qu’il était innocent ?
D’accord,
mais je te renvoie la question : qu’est-ce qui prouve qu’il
est coupable ? Car vois-tu, normalement, les choses vont dans
ce sens-là. Il faut prouver la culpabilité. Et cela n’a pas été
fait. Les seuls éléments contre lui sont les déclarations des deux
cousines de la morte, dont – tiens-toi bien, l’une – Anne –
était amoureuse de Tom, mariée à un fermier plus âgé et folle de
jalousie en ce qui concerne Tom et sa sœur Pauline, qui avait aussi
« connu » Tom, et qui avait des comptes à régler avec
sa sœur. Curieusement, lors de l’enquête, les deux sœurs
connaissaient (elles étaient les seules) l’endroit où se trouvait
le cadavre de leur cousine Laura.
Ainsi
cette condamnation reposait sur des cancans…
Sans
doute, fallait-il un coupable masculin… Cela dit, Tom a refusé
d’avouer un crime qu’il n’a pas commis et on ne disposait
d’aucune preuve contre lui. En plus, une sorte de référendum
populaire, opéré dans la région à cette époque, avait acquitté
Tom Dula de toute charge. Alors, sous la pression de certains
journaux de New-York, on alla jusqu’à recommencer le procès dans
un autre comté… Il fut alors condamné à la pendaison.
Dès
lors, si on avait respecté le jury populaire… Dès lors, si –
comme il est de règle civilisée – le doute doit profiter à
l’accusé… Ce serait bien une erreur judiciaire impardonnable.
En
effet, c'est une erreur judiciaire impardonnable. C'est une nouvelle
affaire Calas, mais il n’y avait pas de Voltaire à l’horizon.
Ainsi, la chanson a joué son rôle dans les combats pour l’abolition
de la peine de mort, comme d’autres chansons. Par exemple, celle
concernant Caryl
Chessman ou Sacco
et Vanzetti ou comme le roman de Vernon Sullivan (I Shall
spit on your graves) , que Boris Vian écrivit directement en
français sous le titre « J’irai
cracher sur vos tombes »
https://fr.wikipedia.org/wiki/J'irai_cracher_sur_vos_tombes. Roman où
le pendu était un nègre blanc. On avait la pendaison facile dans le
Sud des Zétazunis. Je ne sais si c'est encore le cas aujourd’hui.
Bon,
eh bien, il nous reste à poster la version originale, à découvrir
la version française et à reprendre ensuite notre tâche qui
consiste à tisser le linceul de ce vieux monde injuste, empli de
jalouses et de jaloux, d’assassins et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Fais ta prière Tom Dooley,
Ça peut toujours servir.
Fais ta prière Tom Dooley,
Demain tu vas mourir.
Devant ton verre de rhum,
Dans le matin blafard,
Tâche au moins d’être un homme
Avant le grand départ.
Fais ta prière Tom Dooley,
C’est tout ce qu’on peut t’offrir.
Fais ta prière Tom Dooley,
Demain tu vas mourir.
Quand au lever du jour,
On viendra te chercher,
Pardonne à ton amour,
C’est lui ton seul péché.
Fais ta prière Tom Dooley,
Avant de t’endormir.
Fais ta prière Tom Dooley,
Demain tu vas mourir.
Fais ta prière Tom Dooley,
Y a plus rien d’autre à faire.
Fais ta prière Tom Dooley
Pour éviter l’enfer.
Tu vas enfin revoir
Celle que tu aimais trop,
Emporte au moins l’espoir
De mieux l’aimer là-haut.
Fais ta prière Tom Dooley,
Demain tu vas mourir.
Fais ta prière Tom Dooley,
Pour toi tout va finir.
Fais ta prière Tom Dooley,
C’est la dernière mon vieux.
Fais ta prière Tom Dooley,
Après bye, bye, adieu.