dimanche 22 novembre 2015

Fais ta prière, Tom Dooley

Fais ta prière, Tom Dooley


Chanson française, tirée de la chanson étazunienne : Tom Dooley – 


Fais ta prière, Tom Dooley – Philippe Clay – 1958.


Interprétations diverses :

Les Compagnons de la chanson : https://www.youtube.com/watch?v=oRxUZbudNSg
Philippe Clay : https://www.youtube.com/watch?v=7o4Io47KIbs voir : 00:53:31 « Fais ta prière Tom Dooley » - Philippe Clay



Tom Dula, alias Tom Dooley
Ainsi cette condamnation reposait sur des cancans… 
Sans doute, fallait-il un coupable masculin… 


Fais ta prière, Tom Dooley… Singulier parcours d’une chanson qui raconte une histoire qui s’est passée il y a un siècle et demi en Caroline du Nord. Une chanson qui vit le jour là-bas, sans doute née des ruminations d’un poète local, peu de temps après que Tom Dula, qu’il nomma phonétiquement Tom Dooley (prononciation tout aussi locale), fut pendu. Une chanson qui relate une énorme erreur judiciaire…


Mais dis-moi Marco Valdo M.I. mon ami, en quoi ce parcours serait si singulier ?


Mais, Lucien l’âne mon ami, il l’est à plus d’un titre. En premier lieu, parce que j’ai voulu insérer la version française avant même de retrouver la version originale : Tom Dooley de Alan Lomax et Frank Warner, popularisée par le Kingston Trio vers 1958… Mais je trouvais singulier de commenter en français la version anglo-américaine. Dès lors, j’ai commencé à travailler cette version française et cela m’a amené à insérer la version des Kingston, comme tu l’as vu.


Soit, mais dis-moi… Que raconte-t-elle cette chanson ?


En fait, elle raconte une double mort : celle d’une jeune fille, Laura Foster, assassinée et celle de Tom Dula, alias Tom Dooley, son fiancé, qu’on a pendu. Leur histoire est simple. Tom Dula, un jeune homme très prisé des jeunes femmes du village et qui avait eu des « affaires » avec certaines, était amoureux de Laura et juste avant de partir à la guerre dans les rangs des Sudistes (Confédérés), lui avait promis le mariage. Au retour dans l’Happy Valley (Vallée heureuse), comté de Wilkes, Caroline du Nord, il retrouve la jeune Laura (18 ans) et ils décident de quitter en douce le pays pour aller se marier ailleurs. Un grand matin, ils s’échappent chacun de son côté pour se retrouver à l’écart du village, emportant juste un petit bagage. Tom l’attend en vain et n’ose revenir au village. Soit elle n’a pas voulu le suivre, soit elle a un empêchement… On retrouvera, des semaines plus tard, Laura dans un ravin… Nettement assassinée ; elle a un trou dans le dos, fait par un grand couteau.


Assassinée ? Par qui ?


Là commence l’aventure de Tom Dula. Au début, il n’est pas là pour se défendre. On finit par l’arrêter et il nie avec obstination, jusqu’au bout, d’être l’assassin. Face à la potence, il dira encore : « Vous voyez cette main. Elle n’a pas touché un cheveu de cette femme ».


D’accord, il nie. Mais la plupart des assassins nient aussi, au début. Qu’est-ce qui prouve qu’il était innocent ?


D’accord, mais je te renvoie la question : qu’est-ce qui prouve qu’il est coupable ? Car vois-tu, normalement, les choses vont dans ce sens-là. Il faut prouver la culpabilité. Et cela n’a pas été fait. Les seuls éléments contre lui sont les déclarations des deux cousines de la morte, dont – tiens-toi bien, l’une – Anne – était amoureuse de Tom, mariée à un fermier plus âgé et folle de jalousie en ce qui concerne Tom et sa sœur Pauline, qui avait aussi « connu » Tom, et qui avait des comptes à régler avec sa sœur. Curieusement, lors de l’enquête, les deux sœurs connaissaient (elles étaient les seules) l’endroit où se trouvait le cadavre de leur cousine Laura.


Ainsi cette condamnation reposait sur des cancans…


Sans doute, fallait-il un coupable masculin… Cela dit, Tom a refusé d’avouer un crime qu’il n’a pas commis et on ne disposait d’aucune preuve contre lui. En plus, une sorte de référendum populaire, opéré dans la région à cette époque, avait acquitté Tom Dula de toute charge. Alors, sous la pression de certains journaux de New-York, on alla jusqu’à recommencer le procès dans un autre comté… Il fut alors condamné à la pendaison.


Dès lors, si on avait respecté le jury populaire… Dès lors, si – comme il est de règle civilisée – le doute doit profiter à l’accusé… Ce serait bien une erreur judiciaire impardonnable.


En effet, c'est une erreur judiciaire impardonnable. C'est une nouvelle affaire Calas, mais il n’y avait pas de Voltaire à l’horizon. Ainsi, la chanson a joué son rôle dans les combats pour l’abolition de la peine de mort, comme d’autres chansons. Par exemple, celle concernant Caryl Chessman ou Sacco et Vanzetti ou comme le roman de Vernon Sullivan (I Shall spit on your graves) , que Boris Vian écrivit directement en français sous le titre « J’irai cracher sur vos tombes » https://fr.wikipedia.org/wiki/J'irai_cracher_sur_vos_tombes. Roman où le pendu était un nègre blanc. On avait la pendaison facile dans le Sud des Zétazunis. Je ne sais si c'est encore le cas aujourd’hui.


Bon, eh bien, il nous reste à poster la version originale, à découvrir la version française et à reprendre ensuite notre tâche qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde injuste, empli de jalouses et de jaloux, d’assassins et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Fais ta prière Tom Dooley,
Ça peut toujours servir.
Fais ta prière Tom Dooley,
Demain tu vas mourir.

Devant ton verre de rhum,
Dans le matin blafard,
Tâche au moins d’être un homme
Avant le grand départ.
Fais ta prière Tom Dooley,
C’est tout ce qu’on peut t’offrir.
Fais ta prière Tom Dooley,
Demain tu vas mourir.

Quand au lever du jour,
On viendra te chercher,
Pardonne à ton amour,
C’est lui ton seul péché.
Fais ta prière Tom Dooley,
Avant de t’endormir.
Fais ta prière Tom Dooley,
Demain tu vas mourir.

Fais ta prière Tom Dooley,
Y a plus rien d’autre à faire.
Fais ta prière Tom Dooley
Pour éviter l’enfer.
Tu vas enfin revoir
Celle que tu aimais trop,
Emporte au moins l’espoir
De mieux l’aimer là-haut.
Fais ta prière Tom Dooley,
Demain tu vas mourir.
Fais ta prière Tom Dooley,
Pour toi tout va finir.

Fais ta prière Tom Dooley,
C’est la dernière mon vieux.
Fais ta prière Tom Dooley,
Après bye, bye, adieu.



Si tous Les Gars Du Monde

Si tous Les Gars Du Monde

Chanson française – Si Tous Les Gars Du Monde – Marcel Achard – 1956

Musique – Georges Van Parys

Interprètes : Yves Montand, Les Compagnons de la Chanson... et mille troupes de boy-scouts


Le bonheur, c'est une habitude ;
Avec deux cent millions d'amis, (sept milliards ?)
On ne craint pas la solitude !





Bon, la voilà ta chanson, mon cher Lucien l'âne mon ami. Tu jugeras par toi-même. Je ne veux pas donner mon avis tout de suite... Qu'en penses-tu ?


D'abord, Marco Valdo M.I. mon ami, permets-moi de te rappeler que je suis un âne et qu'il m'est dès lors difficile de donner la main à qui que ce soit... Cela dit, elle me paraît bien aimable cette chanson et bourrée de bonne volonté autant qu'un obus de poudre ou qu'une barrique de vin. Évidemment, quand je songe aux scénettes pour patronage de Boris Vian, je me dis qu'en effet, elle paraît convenir pour de jeunes cœurs et de jeunes aspirations... Bref, je lui trouve mille belles intentions et une sorte de joyeuse naïveté. Elle diffuse de bonnes résolutions et de bons sentiments à peu près autant que l'Unesco ou le curé de la paroisse de ma grand-mère. On ne fait pas plus correct...

Je vois... Je vois... Je comprends ce que tu veux dire. Je résume : c'est bien pour les gamins, mais elle occulte bien des choses. Et je pense d'ailleurs la même chose. Cependant, je reste persuadé qu'une chanson de cette sorte est à sa place ici, dans les chansons contre la guerre, car somme toute, c'en est une... Mais elle a aussi sa place dans les chansons de jeunesse... Car quand même, tu en conviendras, il vaut la peine – en ces temps malades de la peste individualiste et consommatrice, de chanter sur tous les tons les joies de la solidarité, du refus du racisme... Ça me paraît un bon début, comme certaines leçons de morale qu'on a reçues à l'école. L'air de rien, elles pénètrent en profondeur... Et si c'est bien pour le bien, imagine aussi que ce sera efficace pour induire des pensées, des convictions et des comportements inverses. Voilà pourquoi j'ai une certaine tendresse pour de telles chansons... D'autant qu'elle est dérivée d'un poème de Paul Fort, qui inspira quelques belles chansons à Tonton Georges, dont Le petit Cheval, La Marine, Comme hier... Je te le cite entièrement, car il est fort court ; il s'intitule : La Ronde autour du Monde :

« Si toutes les filles du monde voulaient se donner la main,
Tout autour de la mer, elles pourraient faire une ronde.
Si tous les gars du monde voulaient bien être marins,
Ils feraient avec leurs barques un joli pont sur l'onde.
Alors on pourrait faire une ronde autour du monde, autour du monde,
Si tous les gars du monde voulaient se donner la main. »
(voir la version italienne de Sergio Endrigo : Girotondo intorno al mondo)

Oh, mais moi aussi, Marco Valdo M.I., je les aime ces chansons-là, même si je préfère des chansons plus fortes, aux propos plus poétiques, aux accents plus nets, plus virulents... Mais aussi plus complexes, plus profonds... Mais je dirais de celle-ci, ce n'est qu'un début... Un premier pas et rappelle-toi, les voyages les plus longs et les plus prodigieux commencent toujours pas un premier pas... Alors, voilà, finalement, je l'aime assez cette chanson-là... Elle aussi tisse le linceul de ce vieux monde mercantile, avide, atomisé, antagoniste et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Si tous les gars du monde
Décidaient d'être copains,
Et partageaient un beau matin
Leurs espoirs et leurs chagrins ;
Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans main,
Le bonheur serait pour demain !

Ne parlez pas de différences,
Ne dites pas qu'il est trop blond,
Ou qu'il est noir comme du charbon,
Ni même qu'il n'est pas né en France,
Aimez-les n'importe comment,
Même si leur gueule doit vous surprendre ;
L'amour, c'est comme au régiment,
Il faut pas chercher à comprendre !

Si tous les gars du monde
Décidaient d'être copains,
Et partageaient un beau matin
Leurs espoirs et leurs chagrins ;
Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans main,
Le bonheur serait pour demain !

J'ai mes ennuis et vous les vôtres,
Mais moi, je compte sur les gars ;
Les copains qu'on ne connaît pas
Peuvent nous consoler des autres ;
Tous les espoirs nous sont permis,
Le bonheur, c'est une habitude ;
Avec deux cent millions d'amis,
On ne craint pas la solitude !

Si tous les gars du monde
Décidaient d'être copains,
Et partageaient un beau matin
Leurs espoirs et leurs chagrins ;
Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans main,
Le bonheur serait pour demain !

Si tous les gars du monde
Décidaient d'être copains,
Et partageaient un beau matin
Leurs espoirs et leurs chagrins ;
Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans main,
Le bonheur serait pour demain !

Si tous les gars du monde devenaient des copains...